Une situation de plus en plus critique en Afghanistan
L'étau des talibans se resserre autour des grands centres urbains

Les habitants de Lashkar Gah, dans le sud de l'Afghanistan, tentaient mercredi de fuir. Ils veulent échapper à une contre-attaque de l'armée destinée à déloger de la ville les talibans qui s'en prennent désormais aux centres urbains du pays.
Publié: 04.08.2021 à 11:09 heures
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Dernière mise à jour: 04.08.2021 à 11:11 heures
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Deux grosses explosions ont secoué Kaboul mardi soir.
Photo: JAWED KARGAR
ATS

L'Afghanistan n'en finit pas de subir les offensives répétées des talibans. Dans la capitale Kaboul mercredi, trois personnes ont été blessées dans la matinée dans l'explosion d'une mine, au lendemain d'un attentat suicide meurtrier près du domicile du ministre de la Défense.

A Lashkar Gah, capitale de la province du Helmand, un fief des insurgés où ont eu lieu quelques-uns des combats les plus violents en 20 ans d'intervention internationale, les habitants cherchaient à s'enfuir mercredi, conformément aux consignes de l'armée.

Dans un message audio qu'il a demandé aux médias de diffuser, le général Sami Sadat, plus haut gradé de l'armée dans le Sud afghan, avait appelé mardi les habitants à évacuer la ville en prévision d'une grande contre-attaque.

«Aucune garantie qu'on ne sera pas tué»

«Les familles qui ont les moyens financiers ou une voiture ont quitté leur maison. Mais les familles qui ne peuvent pas se le permettre, comme nous, doivent rester chez elles. On ne sait pas où aller, ni comment», a déclaré Halim Karimi, un habitant de Lashkar Gah.

«Il n'y a aucun moyen de s'échapper de la zone, car les combats sont incessants. Il n'y a aucune garantie qu'on ne sera pas tué sur le chemin. Le gouvernement et les talibans nous détruisent», a affirmé Saleh Mohammad, un autre résident.

Les civils, pris au piège des combats, ont déjà payé un lourd tribut au conflit à Lashkar Gah, ville de 200'000 habitants. Au moins 40 civils ont été tués et 118 blessés au cours des dernières 24 heures, avait annoncé mardi la Mission des Nations unies en Afghanistan (Unama).

Le gouvernement vacille

Les talibans ont d'ailleurs revendiqué mercredi l'attentat suicide visant le ministre afghan de la Défense. Ils ont menacé de mener de nouvelles attaques contre de hauts responsables gouvernementaux.

Les forces de sécurité ont mis environ cinq heures pour briser la résistance des assaillants, qui ont tous été tués, l'un dans l'explosion du véhicule et les trois autres dans les échanges de coups de feu, selon le ministère de l'Intérieur.

Survenue tout près de la zone verte, enceinte ultra-fortifiée abritant notamment le palais présidentiel et des ambassades, l'attaque illustre une nouvelle fois les difficultés auxquelles est confronté le gouvernement, qui vacille face aux assauts coordonnés des talibans dans tout le pays.

Les grands centres urbains encerclés

Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux d'Afghanistan et de postes-frontières clés lors d'une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales, qui doit être complètement achevé d'ici le 31 août.

Après avoir rencontré une faible résistance dans les campagnes, ils ont tourné depuis quelques jours leur attention vers les grands centres urbains, encerclant plusieurs capitales provinciales. Ces villes restent contrôlées par l'armée, mais la chute d'une d'entre elles aurait un effet psychologique dévastateur pour le pouvoir.

Combats autour de Kandahar et Hérat

Des combats opposent aussi depuis plusieurs jours les talibans aux forces gouvernementales aux abords de Kandahar (sud) et Hérat (ouest), les deuxième et troisième ville d'Afghanistan.

Les autorités de la province d'Hérat ont toutefois affirmé mardi que les forces afghanes avaient repris plusieurs zones des faubourgs de la capitale provinciale aux talibans, qui étaient parvenus ces derniers jours aux portes de la ville.

Le spectre d'un retour au pouvoir des talibans, qui ont gouverné l'Afghanistan entre 1996 et fin 2001 en imposant un régime islamique ultra-rigoriste, avant d'être chassés par une coalition internationale menée par les États-Unis en raison de leur refus de livrer Oussama ben Laden, dans la foulée des attentats du 11-Septembre, inquiète nombre d'Afghans, qui ont pris goût à la liberté acquise depuis lors.

(ATS)

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