«Un tournant dans la recherche»
Les médicaments révolutionnaires contre la maladie d'Alzheimer arrivent enfin

Cela fait plus de 100 ans que l'on étudie la maladie d'Alzheimer et que l'on observe comment elle se développe. Deux médicaments révolutionnaires sont désormais en vue. Ils sont toutefois efficaces que dans certains cas.
Publié: 27.08.2023 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 27.08.2023 à 08:30 heures
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Le premier médicament contre la maladie d'Alzheimer pourrait bientôt être mis sur le marché suisse.
Photo: keystone-sda.ch
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Joschka Schaffner

Après de longues années d'attente et de nombreux échecs, deux médicaments ont été élaborés. Ils permettraient de modifier les processus de la maladie dans le cerveau – et donc de ralentir considérablement l'évolution d'Alzheimer.

«Ces médicaments sont une étape importante», déclare à Blick Julius Popp, spécialiste en psychiatrie et psychothérapie de la démence. Ce chercheur à l'université de Zurich codirige le Centre des troubles de la mémoire ainsi que de l'Alzheimer de la clinique Hirslanden. Pour lui, «nous sommes désormais à un tournant dans la recherche sur cette maladie».

La nouvelle monnaie d'échange

Ce n'est pas seulement une bonne nouvelle pour les personnes concernées, mais aussi pour les fabricants. A côté des injections diététiques, les substances actives contre la forme de démence la plus fréquente au monde sont le nouveau gagne-pain de l'industrie pharmaceutique. Les médicaments Lecanemab et Donanemab procurent à leurs entreprises des valeurs boursières élevées.

L'entreprise américaine Eli Lilly, qui développe également un médicament contre l'obésité en plus du donanemab, vaut plus que les géants pharmaceutiques suisses Novartis et Roche réunis depuis le début de l'année.

Ralentir le développement

Il y a 117 ans déjà, le médecin allemand Alois Alzheimer (1864-1915) décrivait pour la première fois chez une patiente décédée la maladie qui a ensuite été nommée en son honneur. Bien que l'on sache depuis plus d'un siècle ce qui se passe dans le cerveau lors de l'évolution de la maladie, il n'existe pas de remède à ce jour.

Même le Lecanemab et le Donanemab n'élimineront pas la maladie. Ces deux médicaments sont basés sur des anticorps qui décomposent les agrégats de protéines typiques de la maladie d'Alzheimer dans le cerveau. «Ils peuvent à la fois éliminer cette protéine dans le cerveau et ralentir considérablement le développement des symptômes», explique Julius Popp. La raison de la formation de ces plaques de protéine bêta-amyloïde n'a toutefois pas encore été élucidée.

Des coûts de prise en charge élevés

En raison de l'absence de chances de guérison et de la progression souvent rapide de la démence, la maladie entraîne des coûts de santé élevés. Selon une étude d'Alzheimer Suisse, ces coûts s'élèvent à 11,8 milliards de francs dans notre pays. Près de la moitié, soit 5,5 milliards de francs, est consacrée à l'assistance et aux soins non rémunérés prodigués par des proches.

Les médicaments devraient certes être également coûteux pour le système de santé, mais leur effet pourrait précisément soulager les proches. Alors que le Donanemab est encore en phase finale de développement, l'Autorité américaine de contrôle des médicaments (FDA) a donné son feu vert au début de l'année pour la substance active Lecanemab. Elle a été développée par le groupe japonais Eisai. Elle est fabriquée en Suisse, par l'entreprise pharmaceutique Biogen à Luterbach (SO). Il pourrait être commercialisé dans notre pays dès l'année prochaine.

«Il y a bien sûr une certaine impression de renouveau», déclare Stefanie Becker, directrice de l'organisation Alzheimer Suisse. Mais nous devons relativiser quelque peu les attentes chez les personnes concernées.» Il faut dire que les deux médicaments ne sont utiles que si la maladie est diagnostiquée tôt.

Or, de nos jours, les médecins de famille et les personnes concernées négligent souvent les symptômes précoces de la maladie d'Alzheimer. «Heureusement, en plus des substances actives, il y a aussi de grandes percées dans le dépistage précoce», se réjouit Julius Popp.

Détecter le plus tôt possible

Aujourd'hui, outre la détection sur la base des symptômes, on utilise principalement l'imagerie par résonance magnétique (IRM) et une analyse du liquide céphalo-rachidien dans le cerveau pour diagnostiquer la maladie d'Alzheimer. «Grâce aux biomarqueurs, nous pouvons ainsi détecter très tôt des modifications dans le cerveau, explique Julius Popp. Cela nous permet de diagnostiquer ou d'exclure la maladie d'Alzheimer avec précision.»

Dans un avenir proche, les maladies pourraient même être détectées encore plus tôt dans le cerveau. «Déjà avant l'apparition des symptômes, espère Julius Popp. En outre, nous pourrons bientôt détecter les modifications dans le sang.»

Cette méthode est déjà utilisée avec succès dans des études cliniques. Car plus le diagnostic est précoce, plus les mesures peuvent être prises tôt. Et plus les chances d'une évolution lente de la maladie sont grandes.

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