En 2022, 83 personnes sont mortes
«En Suisse, la situation des dons d'organes est critique»

En 2022, 83 personnes sont décédées faute d'avoir reçu un nouvel organe en Suisse. Ce nombre n'a jamais été aussi élevé. Les patients en attente d'un foie sont particulièrement touchés. Mais la nouvelle loi sur la transplantation n'entrera en vigueur qu'en 2025.
Publié: 23.04.2023 à 06:28 heures
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Dernière mise à jour: 23.04.2023 à 08:22 heures
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Chaque minute compte: un cœur de donneur relié à une machine cardiaque est transporté en ambulance à l'Hôpital de l'Île.
Photo: Alexandra Jaeggi
Peter Aeschlimann

Le chirurgien cardiaque Franz Immer est inquiet. «Nous sommes effectivement dans une situation critique», déclare le directeur de Swisstransplant, la fondation nationale pour le don et la transplantation d’organes et de tissus, dans un entretien avec Blick. La raison: il y a trop peu d'organes en Suisse pour couvrir les besoins en transplantations.

Fin 2022, 1442 personnes étaient en attente d'un nouvel organe, alors que 570 interventions ont permis d'en implanter un à des patients.

L'année passée, 83 personnes sont décédées sur la liste d'attente – un nombre jamais atteint auparavant. Et ce sombre tableau n'est pas en passe de s'éclaircir cette année: entre janvier et mars, 29 personnes en attente d'un nouvel organe se sont déjà éteintes. Extrapolé sur douze mois, cela ferait 116 morts. «Un nombre alarmant», déclare Franz Immer.

Pas de technologies de substitution pour le foie

Actuellement, 53 personnes attendent un nouveau cœur en Suisse. Selon Swisstransplant, elles doivent compter avec un délai d'attente moyen de 325 jours. Pendant cette période, leur état se détériore généralement rapidement.

Le plus gros problème concerne les personnes en attente d'un foie, explique la porte-parole de Swisstransplant Stephanie Balliana. L'année dernière, 472 personnes se trouvaient sur la liste d'attente correspondante – 35 de plus que l'année précédente. Quelque 142 foies ont été transplantés, soit neuf de moins qu'en 2021. Comme il n'existe pas de technologie de substitution pour le foie endommagé – comme un cœur artificiel –, la mortalité est élevée. En 2022, 42 personnes inscrites sur la liste d'attente pour un nouveau foie sont décédées.

Pour les candidates et candidats à une transplantation cardiaque, il existe désormais une lueur d'espoir. Selon Swisstransplant, un nouvel appareil de perfusion, qui est à la disposition des cliniques cardiaques de Berne, Zurich et Lausanne depuis fin 2022, améliorera les chances de trouver un organe approprié.

Un nouveau système au plus tôt en 2025

Les spécialistes en chirurgie cardiaques prévoient pouvoir effectuer jusqu'à 15 transplantations cardiaques supplémentaires grâce à cette nouvelle méthode. À la clinique cardiaque Papworth en Angleterre, où la technique est utilisée depuis sept ans, le nombre de transplantations réalisées a augmenté de 50%.

En mai 2022, 60,2% des votantes et votants ont dit oui à la nouvelle loi sur la transplantation. À l'avenir, les personnes qui ne souhaitent pas faire don de leurs organes devront le déclarer explicitement. Si la volonté d'une personne décédée n'est pas connue, la décision reviendra à ses proches.

Les partisans de la modification de la loi s'attendaient initialement à l'introduction du nouveau système l'année prochaine. Mais il n'en sera rien. Selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), la nouvelle solution entrera en vigueur au plus tôt en 2025 seulement.

«Nous avons besoin du principe de consentement présumé»

Deux facteurs rendent la mise en œuvre compliquée: la mise en place du registre d'un côté et la protection des données de l'autre. La porte-parole de l'OFSP Katrin Holenstein explique: «L'accès au nouveau registre doit être simple pour tout un chacun et ne pas nécessiter de gros efforts. En même temps, la sécurité du registre et de son accès doit être garantie. Les directives fédérales exigeantes en matière de sécurité informatique et de protection des données s'appliquent.»

Pour Swisstransplant, une chose est claire, et pas seulement au vu des nouveaux chiffres: «Nous avons besoin du principe de consentement présumé. Le plus tôt sera le mieux pour sauver des vies.»

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