Le mois dernier, Noémie Lang, chercheuse au service d'oncologie des Hôpitaux Universitaires de Genève, a levé un million de francs de fonds de recherche afin de pouvoir réaliser dans les prochaines années une étude qu'elle a développée.
Ses recherches portent sur la détection précoce de certains cancers cérébraux au moyen d'un nouveau procédé.
Souvent détectés trop tard
En théorie, les cancers cérébraux sont difficilement détectables dans le sang ou le liquide dans lequel baigne notre cerveau.
Les personnes chez qui un lymphôme agressif a été diagnostiqué risquent ainsi de voir les cellules cancéreuses se propager rapidement dans le cerveau, sans jamais être pris en charge.
Pour y remédier, Noémie Lang met actuellement au point un système de détection précoce de certaines cellules cancéreuses, au moyen d'un procédé permettant de prélever leur ADN dans la moelle épinière et le cerveau.
Grâce à ce prélèvement, les cellules cancéreuses seraient détectables beaucoup plus tôt qu'elles ne le sont aujourd'hui. Un traitement pourrait ainsi être mis en place plus rapidement, avec beaucoup plus de chances de réussite.
Une chercheuse pétrie d'empathie
Dans la cadre de ses recherches, Noémie Lang a rencontré plusieurs patients, accordant à chacun d'eux 45 minutes environ.
À tous, elle a longuement demandé comment ils allaient, a pris quelques secondes pour éplucher leurs dossiers médicaux, avant d'entamer un examen plus approfondi.
Un lien à la fois professionnel et intime, même émouvant parfois, s'est créé avec tous ces patients au fil du temps.
Quelle que soit la maladie, quelle que soit la détresse psychologique, quelle que soit la solitude, l'état physique ou psychique, Noémie Lang a toujours pris le temps d'entourer ses patients – y compris dans les moments les plus difficiles – et elle est restée à leur chevet parfois jusqu'à leur mort.
Un environnement stressant
Pourtant, Noémie Lang ne semble pas épuisée, au contraire. A vrai dire, elle n'en a pas le temps. Dans son service, les décisions se prennent à la vitesse de l'éclair, dans une atmosphère de concentration extrême.
La cohabitation avec les collègues des autres services n'est pas toujours facile. Aux soins intensifs, les conflits sont fréquents, comme lorsque ce collègue non spécialiste a mis en doute un traitement anticancéreux demandé par Noémie Lang.
Plus tard, l'oncologue se contentera de dire diplomatiquement: «Les femmes peuvent encore parfois avoir la vie dure dans les hôpitaux.»
La recherche scientifique est encore très masculine
Encore aujourd'hui, certaines femmes doivent se battre pour être prises au sérieux dans la hiérarchie de la recherche scientifique.
Ce qui n'a pas démotivé Noémie Lang. Celle qui voulait devenir photographe a finalement atterrit en oncologie. Pour y rester: «Les sciences naturelles m'intéressaient beaucoup, se souvient-elle, amusée. Et les études de médecine réunissaient les mathématiques, la physique, la chimie et la biologie, c'est pourquoi j'ai fait médecine.»
Pour ses travaux, Noémie Lang a levé un million de francs. Ce n'est pas si élevé que cela pour une étude à grande échelle, estime-t-elle. Et ce, même s'il s'agit du montant le plus important récolté en Suisse pour la recherche sur le cancer.
Avec cette somme, elle devrait achever ses recherches d'ici trois mois, selon ses estimations.