Ils auraient trop encaissé pour des tests Covid
L'OFSP veut se faire rembourser par les médecins

L'Office fédéral de la santé publique accuse de nombreux médecins d'avoir surfacturé pour des tests Covid pendant la pandémie de Covid-19. Les suspects montent au front. Explications.
Publié: 28.03.2023 à 06:27 heures
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L'office fédéral de la santé publique soupçonne des médecins d'avoir facturé de manière erronée des tests Covid-19.
Photo: AFP
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Lea Hartmann

Le torchon brûle entre les médecins et l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Le département soupçonne plus de 250 médecins d'avoir perçu trop d'argent de la part de la Confédération lors de la crise du Covid-19.

Ces praticiens, en colère, assurent qu'ils ne vont pas se laisser faire. Perplexes, ils soutiennent n'avoir rien fait de mal. Les médecins reprochent à la Confédération d'être accusés de tous les maux. Une façon particulière de les remercier pour tous les efforts qu'ils ont fournis pendant la crise, ironisent-ils.

La menace d'une procédure pénale plane

Que se passe-t-il autour de ces tests Covid? Les relations entre les deux parties sont tendues depuis un moment déjà, mais ces tests sont la pierre d'achoppement.

Les médecins ont perçu des rémunérations différentes en fonction de leur travail durant la crise. Les praticiens qui procédaient à un bref examen, ou menaient un entretien avec le patient, pouvaient facturer 22,50 francs de plus pour des consultations en lien avec le coronavirus, par rapport à ceux qui se contentaient d'effectuer un frottis rapide.

Or, l'OFSP pense qu'une partie des médecins auraient facturé de tels entretiens de conseil sans les avoir réellement menés. Début mars de cette année, tous les médecins et centres de dépistage qui ont facturé plus que le simple frottis pour plus de 60% des tests ont reçu un courrier de la Confédération.

Que contenait-il exactement? La missive demandait une «confirmation contraignante» aux médecins, assurant une facturation correcte. Leurs déclarations seraient contrôlées par échantillonnage, précisait-elle encore. Les personnes qui feraient de fausses déclarations risqueraient une procédure pénale.

La FMH réagit avec une taskforce

Comment la Fédération des médecins suisses (FMH) a-t-elle pris cette preuve de défiance? On salue bien sûr le fait que l'OFSP assume sa fonction de surveillance, tient à souligner Yvonne Gilli, sa présidente. «Nous n'avons pas pour but de protéger quelqu'un qui a sciemment facturé de manière erronée», ajoute-t-elle. Mais les médecins n'apprécient pas du tout la démarche de la Confédération. Ce reproche de l'OFSP est tout à fait «déplacé», fait savoir la Fédération des médecins lucernois.

Près de 4% des praticiens suisses auraient reçu cette missive de l'OFSP. Or, il est absolument irréaliste qu'un tel nombre de professionnels — qui ont effectué des tests Covid — surfacturent intentionnellement, tonne Yvonne Gilli.

Des personnes à risque ou des malades

Qu'en disent les principaux concernés? Il est tout à fait possible que dans certains cabinets, près de deux tiers des tests Covid aient fait l'objet d'un entretien de conseil, avancent les médecins. Ce sont souvent des personnes à risque, des malades ou des patients ayant des questions qui, en cas de suspicion de coronavirus, se sont rendus chez leur médecin de famille plutôt que dans un centre de dépistage, se justifient-ils.

La FMH a mis en place une taskforce. Elle est en contact avec l'OFSP afin de clarifier les questions en suspens et de soutenir autant que possible les médecins intègres et injustement inquiets, assure Yvonne Gilli.

L'OFSP se défend

De son côté, la Confédération ne comprend pas l'agitation du corps médical, glisse-t-elle. «L'OFSP doit veiller à ce qu'aucune consultation faussement facturée en lien avec les tests Covid-19 n'ait été encaissée, se justifie le porte-parole Daniel Dauwalder. C'est aussi ce que la population attend des autorités.» C'est pourquoi les cas suspects sont systématiquement examinés, se défend-il.

Les sociétés médicales appellent leurs membres à ne pas réagir à la lettre de la Confédération pour le moment. Elles espèrent pouvoir trouver un accord d'ici à un mois. Mais pour l'OFSP, l'enjeu est de taille. «Si c'est ainsi que l'on nous remercie, je recommanderai sans doute à nos membres, dans une prochaine situation d'urgence, de ne pas faire d'effort supplémentaire», déclare, déçu, le président d'une société cantonale de médecine.

La Confédération demanderait aussi le remboursement de certains montants. Mais impossible d'obtenir un chiffre précis. Ni l'OFSP, ni les associations de médecins ne veulent donner d'informations concrètes à ce sujet, même après plusieurs relances de la part de Blick.

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