Marquée par la guerre contre la Russie, l’Ukraine serait minée sur près de 40% de son territoire. Il n’existe toutefois pas de chiffres fiables à ce sujet. Dans le pays dirigé par Volodymyr Zelensky, on place de grands espoirs envers la Suisse sur ce sujet. Plusieurs entreprises développent ou fabriquent chez nous des appareils de déminage.
Problème: selon le lieu de production, les fabricants suisses de ces appareils sont soumis à d’autres dispositions pour l’exportation vers l’Ukraine. Et ne peuvent pas forcément aider le pays en guerre.
Zones de guerre difficiles d’accès
L’organisation Digger, basée dans le Jura bernois, a critiqué les dispositions strictes de la Suisse en matière d’exportation, comme l’écrit la «NZZ am Sonntag». L’interprétation stricte de la neutralité suisse rend difficile l’accès à des zones de guerre actives comme l’Ukraine.
Frédéric Guerne, fondateur de l’organisation Digger, précise dans les colonnes de l’hebdomadaire alémanique: «Chaque machine doit être approuvée par le Secrétariat d’État à l’économie Seco avant de pouvoir être envoyée. Le projet est examiné dans les moindres détails.»
L’Allemagne a des règles plus souples
Le Conseil fédéral a classé les appareils de déminage comme des biens pouvant être utilisés à des fins civiles ou militaires. Bien qu’ils se distinguent nettement des appareils militaires comme les chars de déminage. Le Seco a néanmoins donné son feu vert: Digger peut tout de même livrer deux machines en Ukraine d’ici à la fin de l’année, financées entre autres par la Chaîne du Bonheur. L’entreprise veut en outre mettre en place une production en série sur place.
L’entreprise schwytzoise GCS a la tâche plus facile. Elle est la leader du marché des machines de déminage en Ukraine. D’ici à la fin de l’année, elle livrera jusqu’à 30 machines dans le pays en guerre. GCS les produit en Allemagne, où les règles d’exportation sont moins strictes qu’en Suisse.
La gauche veut plus de soutien
Le Parti socialiste (PS) critique depuis longtemps le fait que la Suisse doive fournir plus d’aide à l’Ukraine, par exemple pour le déminage. Le chef du groupe parlementaire PS Roger Nordmann a ainsi demandé au Conseil fédéral de prêter à l’Ukraine six de ses douze chars de déminage à des fins civiles. «Si le Conseil fédéral ne veut pas contribuer à la réexportation d’armes, il doit au moins fournir une aide forte pour le déminage de l’Ukraine.»
Aujourd’hui, la Suisse est déjà engagée dans cinq programmes de déminage de l’ONU. Elle soutient le Centre de déminage humanitaire de Genève. À cela s’ajoutent des fondations et des entreprises privées. Selon les données, la Confédération dépense 18 millions de francs par an pour l’élimination des mines dans le monde entier.