Tarifs douaniers
Pourquoi Trump n'attaque pas encore l'Europe et son marché

Le Président américain a déclenché ce week-end la foudre douanière sur le Canada, le Mexique et la Chine. Pourquoi pas l'Union européenne dont les dirigeants se retrouvent ce lundi 3 février à Bruxelles ?
Publié: 10:44 heures
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Dernière mise à jour: 10:47 heures
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Donald Trump a entamé, ce week-end, la guerre commerciale avec le Mexique, le Canada et les Etats-Unis.
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Donald Trump est en embuscade. Il l’a dit lors de son intervention au Forum économique mondial de Davos le 24 janvier: l’objectif de son administration est d’obtenir la dérégulation du marché européen afin d’ouvrir davantage les portes aux multinationales américaines. Pas de guerre douanière tout de suite en revanche. Le Mexique (+25%), le Canada (+25%) et la Chine (+10%) sont ses premières cibles. Pourquoi ménager les Européens?

La première réponse à cette question est simple: Donald Trump sait que l’Union européenne (UE) et son marché de 450 millions de consommateurs pourrait riposter d’une façon conséquente, soit par des tarifs douaniers, soit par le biais de sa législation en matière de concurrence qui a déjà vu la Commission infliger de très lourds amendes aux géants de la Tech comme Apple (huit milliards d’euros, confirmés par la Cour de justice de l’UE), Microsoft (561 millions d’euros) ou Google (2,4 milliards d’euros, confirmés aussi par la justice).

La prudence est de mise

Trump et son administration ont donc intérêt à jouer la prudence, à la veille de la première réunion cette année, lundi 3 février à Bruxelles, des Chefs d’Etat ou de gouvernement des 27 pays membres de l’Union. Ceux-ci se retrouvent pour une «retraite informelle», à huis clos, toute la journée, ponctuée par un déjeuner avec le secrétaire général néerlandais de l’OTAN Mark Rutte, et par un dîner avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. Or au moins deux sujets sont sur la table, qui intéressent au premier point le «super vendeur» qu’est Donald Trump.

Le premier est l’achat de gaz liquéfié américain, dont l’Union européenne a grandement besoin. Les Etats-Unis représentent déjà 46% des importations de l’UE et cela pourrait encore augmenter grâce à l’ouverture de nouveaux terminaux portuaires de transformation.

Le second sujet est évidemment la défense européenne, sur fond d’une guerre en Ukraine qui, le 24 février, entrera dans sa quatrième année. Trump demande désormais aux trente et un autres pays membres de l’Alliance Atlantique (OTAN) de consacrer 5% de leur budget à la défense. Ceci, alors que la moyenne de 2% exigée auparavant commence à peine à être atteinte. Mais les lignes bougent et les pressions sont fortes pour passer au plus vite des commandes aux géants du complexe militaro-industriel américain.

Calmer Washington

Avantage: des promesses d’achat d’armes calmeraient l’administration à Washington. Problème: plusieurs pays de l’UE, à commencer par la France, exigent que les fonds européens débloqués pour la défense aillent en priorité à des commandes «Made in Europe». Ce sera l’un des sujets sur la table lundi.

Un autre obstacle se dresse sur la route commerciale de Donald Trump, qui évoque sans arrêt un soi-disant déficit commercial américain de 350 milliards de dollars avec l’Union européenne, alors qu’il approche les 160 milliards en 2024: l’Ukraine.

Trump veut que l’Union européenne paie pour la reconstruction du pays, une fois qu’il y aura fait cesser les combats par son initiative diplomatique. Soit. Mais il faut pour cela que les Etats-unis fassent un deal préalable avec les Européens. Deal diplomatique. Deal économique. Plus Washington se mettra Bruxelles à dos, plus la question de la paix en Ukraine, si symbolique pour Trump le «peacemaker», se compliquera. La patience est donc de mise.

Offensive programmée

Trump n’a pas du tout abandonné l’idée de faire plier les Européens et de les forcer à déréguler leur marché. Il va passer à l’offensive. Mais il préfère avancer ses pions progressivement, en misant sur une désunion du continent. Les résultats de la réunion du 3 février, à Bruxelles, lui donneront quelques indications tangibles.

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