Rencontre à Washington
Trump et Macron parlent de «paix durable» pour l'Ukraine, est-ce crédible?

Le président américain a reçu lundi 24 février son homologue français à la Maison Blanche. Le terme de «paix durable» a été prononcé. Une force européenne pourrait se déployer. Crédible?
Publié: 24.02.2025 à 22:04 heures
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Dernière mise à jour: 24.02.2025 à 22:22 heures
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Donald Trump et Emmanuel Macron ont tenu une conférence de presse commune à l'issue de leur rencontre le 24 février.
Photo: Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Donald Trump n’a pas claqué la porte. Il n’a pas non plus joué un mauvais tour, dans son bureau ovale de la Maison Blanche, à Emmanuel Macron. Ce lundi 24 février, le président américain a de nouveau répété ce qu’il dit sans cesse: il veut la paix en Ukraine, et l’arrêt le plus rapide possible des combats dans ce pays pour lequel les Etats-Unis ont beaucoup trop donné. Trump a aussi répété la somme – fausse – de 350 milliards de dollars (en réalité plutôt 150 milliards) prétendument donnée depuis trois ans à l’Ukraine, dont il exige le remboursement grâce au futur accord sur les minerais, en train d’être négocié avec Kiev.

La réalité est, toutefois, que le président français s’est bien sorti de l’exercice. Aux côtés de Donald Trump, face aux journalistes, Emmanuel Macron a répété les mots qui fâchent l’actuelle administration américaine. Pas de capitulation ukrainienne. La nécessité de rencontrer Volodymyr Zelensky avant toute proposition d’accord. Le besoin impératif de «garanties de sécurité» dans lesquelles les Etats-Unis doivent selon lui être impliqués. «Ce qui marque un tournant c’est la précision avec laquelle nous avons parlé de garanties de sécurité. Nous voulons un deal rapide, pas un accord fragile. Il y a maintenant une clarté sur le message américain: il y a accord pour un soutien. C’est un tournant».

Garanties collectives

Sur la question des troupes au sol en Ukraine, Emmanuel Macron a aussi clarifié: «Une fois qu’il y aura une paix solide, durable, signée entre l’Ukraine et la Russie, dont nous serons collectivement les garants. Alors on sera prêt pour marquer notre soutien et nous assurer que cette paix sera préservée. Ce seront des déploiements de force de garantie, par définition limités, qui marquent une solidarité». Place donc à une nouvelle donne. Si l’on en croit les deux présidents à l’issue de leur rencontre, la négociation en cours ne se déroulera pas uniquement entre les Etats-Unis et la Russie. L’objectif d’Emmanuel Macron était d’imposer les Européens à la table. Ce n’est pas formellement établi, mais cela paraît bien parti.

«La vraie rupture est d’avoir quelque chose de solide avec la capacité de dissuasion américaine et la capacité d’engagement européenne. Ce n’est pas dangereux, mais c’est crédible. C’est la sécurité des Européens aussi dont il s’agit. Si on ne garantit pas la sécurité de l’Ukraine, comment assurer notre sécurité à tous. La clarification qu’on a eue aujourd’hui pour moi est un tournant» a poursuivi Emmanuel Macron.

Macron, l’énumération qui fâche

Crédible? Rien ne le dit à ce stade de manière formelle, sinon les mots échangés entre les deux chefs d’Etat et le soin apporté par Emmanuel Macron à détailler tous les points sensibles d’une négociation de paix. Comme si le président français, qui avait consulté ces derniers jours presque tous les dirigeants européens – avant que le Premier ministre britannique Keir Starmer lui succède jeudi à la Maison Blanche – était parvenu à remettre Donald Trump dans le droit chemin d’une alliance transatlantique qui devra être rééquilibrée, mais qui demeure solide.

Avec, pour les Européens, la promesse de prendre davantage leurs responsabilités militaires et financières. Et, pour les Etats-Unis, l’engagement à ne pas aller de l’avant seuls avec Moscou et Vladimir Poutine, en oubliant que la Russie est responsable de cette guerre d’agression contre l’Ukraine. Ce qu’Emmanuel Macron a répété plusieurs fois.


Restent les faits qui s’annoncent compliqués à aligner sur les mots employés. Qui contrôlera le cessez-le-feu, qui précédera immanquablement un accord de paix? Rien n’a été dit. Qui déploiera des troupes sur le terrain, en Ukraine, aux côtés de possibles contingents européens? Aucune information aussi. Que contiendra l’accord sur les minerais rares que Volodymyr Zelensky est pressé de signer, pour offrir à Donald Trump un argument à sa base électorale, destiné à prouver que les Etats-Unis seront remboursés de leur investissement en Ukraine? Rien n’est clair.

Retour de la confiance?

Macron et Trump ont donné le spectacle d’un tandem de dirigeants qui, de part et d’autre de l’Atlantique, se comprennent et peuvent se faire confiance. Un début? Les optimistes peuvent le voir ainsi. Même si l’empressement de Trump à «faire un deal» – ce qu’il a fait toute sa vie a-t-il répété – peut toujours renverser la table diplomatique et militaire. Pour l’Europe comme pour l’Ukraine.




 

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