Raids aériens israéliens
Intenses combats à Gaza après des menaces du Hamas

La bande de Gaza est le théâtre sanglant lundi de raids aériens israéliens et d'intenses combats. Le mouvement islamiste palestinien Hamas a menacé plus tôt de ne pas libérer «vivants» sans négociation les otages qu'il détient.
Publié: 11.12.2023 à 06:17 heures
Les combats se sont intensifiés dans la nuit de dimanche à lundi au sud de la bande de Gaza.
Photo: Leo Correa

Dans la nuit de dimanche à lundi, un reporter de l'AFP a fait état de puissantes frappes aériennes sur la ville de Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre situé dans la pointe sud de la bande de Gaza.

Et le Djihad islamique, second mouvement islamiste armé de Gaza, a lui fait état de violents combats dans un secteur de Gaza-ville où elle soutient qu'un de ses combattants a fait exploser une maison où des soldats israéliens tentaient d'identifier la bouche d'un tunnel souterrain.

L'armée israélienne a fait état lundi de tirs de roquettes depuis Gaza et dimanche de «combats acharnés» dans des quartiers dans le secteur de Gaza-ville et à Khan Younès, où des combattants palestiniens «émergent des tunnels», «disposent des explosifs» et tirent au «lance-roquettes».

«Force significative»

«Je ne veux pas dire que nous utilisons notre pleine puissance, mais nous utilisons une force significative et nous obtenons des résultats significatifs», avait déclaré dimanche le chef d'état-major Herzi Halevi.

Le conflit a été déclenché après une attaque d'une ampleur sans précédent menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés en Israël depuis Gaza, durant laquelle 1200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités.

Une trêve d'une semaine fin novembre avait permis de libérer une centaine des quelques 240 otages entre les mains du Hamas et de groupes affiliés depuis l'attaque du commando. Après la trêve, Israël avait affirmé vouloir imposer un rapport de force à son avantage sur le terrain pour libérer les désormais 137 otages encore à Gaza.

Le Hamas a prévenu dimanche qu'aucun des otages dans la bande de Gaza n'en sortirait «vivant» sans négociation et sans «répondre aux exigences» du mouvement palestinien. «Ni l'ennemi fasciste et sa direction arrogante, ni ses soutiens, ne pourront récupérer leurs prisonniers vivants sans un échange et une négociation, et sans répondre aux exigences de la résistance», a déclaré Abou Obeida, le porte-parole des Brigades al-Qassam, branche armée du mouvement islamiste palestinien.

Dans la bande de Gaza, la population civile est acculée dans un périmètre de plus en plus exigu et le système de santé menace de «s'écrouler» selon l'OMS, tandis que le bilan des victimes ne cesse de s'alourdir. D'après le ministère de la Santé du Hamas, mouvement au pouvoir à Gaza depuis 2007, près de 18'000 personnes sont mortes dans le territoire palestinien depuis le début de l'offensive israélienne, en grande majorité des femmes et des mineurs.

«Il n'y a pas d'endroit sûr»

A Gaza, les bombardements réduisent en ruines des quartiers entiers, et la population tente désespérément d'échapper aux affrontements en fuyant vers le sud. D'après l'ONU, 1,9 million de personnes ont été déplacées par la guerre, soit 85% de la population du territoire. L'armée israélienne a demandé à la population civile de Gaza de se rendre dans des «zones sûres» pour échapper aux combats.

«Une déclaration unilatérale d'une puissance occupante selon laquelle des terres sans infrastructures, nourriture, eau, soins de santé (...) sont des 'zones sûres' ne signifie pas qu'elles le soient», a déclaré la Coordinatrice des opérations humanitaires de l'ONU pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, dont le visa n'a pas été renouvelé par Israël.

Des milliers de Gazaouis fuient comme ils le peuvent: en voiture ou camion, parfois en charrette ou à pied. «Nous nous déplaçons d'une zone à l'autre, et il n'y a pas d'endroit sûr», déplore Abu Mohamed, interrogé par l'AFP, en route à présent pour Rafah. Cette ville à la frontière de l'Egypte s'est transformée en gigantesque camp de déplacés où des centaines de tentes ont été montées à la hâte avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.

Selon le patron de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le système de santé est «à genoux» à Gaza, et l'organisation a adopté une résolution réclamant une aide humanitaire immédiate pour le territoire assiégé. Les arrivées de vivres, médicaments et carburant dans la bande de Gaza restent très insuffisantes d'après l'ONU, et ne parviennent d'ailleurs pas à être acheminés au-delà de Rafah.

Violences en Cisjordanie occupée

Après l'échec vendredi du Conseil de sécurité de l'ONU à voter un «cessez-le-feu humanitaire», Washington bloquant la résolution avec son veto, l'Assemblée générale doit se réunir mardi après-midi pour discuter de la situation à Gaza. «Un cessez-le-feu à ce moment ne ferait que perpétuer le problème car le Hamas est toujours en vie, toujours vivant et avec le projet de perpétrer encore et encore d'autres 7 octobre», a déclaré à CNN le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

La guerre a aussi fait flamber les violences en Cisjordanie occupée, où plus de 260 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre selon l'Autorité palestinienne, et une plus large escalade régionale. L'aviation israélienne a mené au cours de la nuit des frappes dans différents secteurs de la banlieue de Damas, selon l'agence de presse officielle Sana, contre des «sites du Hezbollah», a précisé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Si elle n'a pas commenté les frappes près de Damas, l'armée israélienne a dit avoir riposté à des tirs depuis le Liban par des raids sur «des cibles» du Hezbollah, un allié du Hamas et de l'Iran, ennemi juré de l'Etat hébreu. Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a soutenu dimanche que les services secrets israéliens et les autorités chypriotes avaient déjoué un projet iranien visant à attaquer des «cibles israéliennes et juives» sur l'île.

Interrogée par l'AFP, la police à Chypre a dit avoir arrêté deux personnes et enquêter sur une «affaire liée au terrorisme»

(ATS)

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