Obus, bombes, missiles
Voici les usines européennes qui fabriquent des armes pour l'Ukraine

Les alliés européens de l'Ukraine sont ils capables de livrer à l'Ukraine les armements promis par les gouvernements ? La réponse est dans les usines, qui se remettent à tourner à plein régime.
Publié: 18.01.2024 à 18:33 heures
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Dernière mise à jour: 18.01.2024 à 18:48 heures
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Des militaires ukrainiens tirent avec un canon automoteur français de 155 mm/52 calibres Caesar en direction des positions russes sur une ligne de front dans la région de Donbas, dans l'est de l'Ukraine.
Photo: AFP
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Richard WerlyJournaliste Blick

Bourges, au centre la France. C’est ici, dans cette ville connue pour avoir été celle de Jacques Cœur, l’un des plus grands banquiers français de la Renaissance (1400-1456), que les canons Caesar sortent de l’usine Nexter. Près de 78 nouveaux exemplaires de ce canon tracté de 155 mm sortiront de ces chaînes de production en 2024, à destination de l’Ukraine. Ils auront été produits en 18 mois, au lieu de la période initiale de 30 mois, en vigueur avant l’agression russe du 24 février 2022.

Entre-temps, la France aura reconstitué son arsenal: trente nouveaux Caesar rejoindront ses régiments d’artillerie. Environ 49 de ses redoutables canons ont, pour mémoire, été livrés à Kiev depuis le début du conflit. Un seul a été détruit sur le terrain par une frappe russe, et deux endommagés.

Le Plessis-Robinson, à la périphérie ouest de Paris. C’est là que se trouve le quartier général de la société MDBA, le leader européen des systèmes de missiles et antimissiles. Ses usines du Vieux Continent se trouvent en France, en Italie, en Espagne et en Allemagne. MDBA est un acteur majeur de la guerre en Ukraine. Ses missiles Scalp (leur nom français) ou Storm Shadow (leur nom anglais) ont permis à Kiev de frapper à plusieurs reprises avec succès la marine russe en mer noire.

Quarante nouveaux missiles de ce type, d’une portée pouvant aller jusqu’à 560 kilomètres, seront à nouveau livrés en 2024 par la France à Kiev. L’entreprise a aussi reçu consigne de surmonter au plus vite les difficultés pour produire davantage de systèmes antimissiles Mamba, équivalents européens des Patriot américains. Une première batterie a été livrée en juin à Kiev et le gouvernement français a promis de compléter ce dispositif.

Léopard 2 produits en Italie

Parsdorf, en Bavière, à l’est de Munich. Bienvenue au QG et dans l’une des plus grandes usines du co-constructeur du char Léopard 2: l’entreprise KrausMaffei, associée à Rheinmetall. Brescia, en Italie. Bienvenue dans les nouvelles chaînes de production du tout nouveau modèle Léopard 2 A8, que l’entreprise transalpine Leonardo (l’ex Finmeccanica) produira cette année en coopération avec le consortium allemand. À chaque fois, les cadences industrielles ont été augmentées. Si les promesses de ses alliés européens sont tenues, l’Ukraine doit recevoir cette année 150 de ces tanks, fournis par neuf pays et destinés à devenir le fer de lance blindé de son armée.

Tous ces sites industriels de l’Union européenne sont des acteurs clefs de la nouvelle stratégie industrielle dela défense de l’UE que présentera le commissaire Thierry Breton le 27 février prochain, trois jours après le triste deuxième anniversaire du conflit. Car la guerre en Ukraine est bien en train de révolutionner la production d’armes sur le Vieux Continent. Un million d’obus au total ont été promis par les 27 pays membres de l’UE à Kiev. 300'000 seulement ont été livrés jusque-là. Mais à Bruxelles, on n’en démord pas: la promesse sera tenue d’ici au printemps 2024.

Le réarmement polonais

Résultat: en Silésie, dans la région polonaise de Czestochowa connue pour son culte catholique de la «vierge noire», l’usine du géant polonais de l’armement PFA recrute à tour de bras dans la ville de Skarżysko-Kamienna. Idem pour les groupes tchèques Czechoslovak et STV. «Ces deux sociétés produisent de l’équipement lourd: des chars, des obusiers, et s’occupent de la modernisation des munitions et des véhicules lourds» détaillait début 2023 son dirigeant Jiri Hynek dans un entretien au «Monde». L’industrie tchèque de l’armement affiche des carnets de commandes pleins à ras bord. Tandis que le gouvernement roumain a confirmé, en mars 2023, la construction d’une nouvelle usine de poudre dont les bâtiments seront inaugurés dans les prochains mois.

Économie de guerre

L’indispensable «économie de guerre» souvent évoquée, pour tenir face à la Russie de Vladimir Poutine qui engloutit une grande partie de sa richesse dans son secteur militaro-industriel, n’est pas encore au rendez-vous. Mais dans toutes ces usines, le rythme de production, les exigences et les calendriers de livraison n’ont plus rien à voir en ce début 2024 avec ce qu’ils étaient auparavant. Selon le Commissaire Thierry Breton, 143 milliards d’euros au total sont aujourd’hui injectés par les 27 pays membres de l’Union dans ce secteur. À titre de comparaison, le budget annuel de la défense des États-Unis avoisine, lui, les 700 milliards de dollars.

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