À partir de février, 90'000 soldats vont s'entraîner dans le cadre d'un exercice militaire organisé par l'OTAN. L'opération, baptisée «Steadfast Defender 2024», s'étendra de la Norvège à la Roumanie – c'est-à-dire sur toute la ligne de contact entre l'Europe occidentale et la Russie – et durera quatre mois.
But de la manœuvre: «Nous nous préparons à un conflit avec la Russie et certains groupes terroristes», a déclaré le président du comité militaire de l'OTAN, l'amiral néerlandais Rob Bauer, après deux jours de discussions au siège de l'Alliance atlantique: «S'ils nous attaquent, nous devons être prêts.» Selon l'agence de presse dpa, le scénario de l'exercice est une attaque russe sur un territoire de l'OTAN, qui entraînerait une réaction de tous les pays membres, conformément à l'article 5 du traité de l'organisation. L'OTAN est donc en train d'affiner ses tactiques de guerre.
Une nouvelle guerre froide se prépare
Car l'armée allemande – par la voix du ministre allemand de la Défense Boris Pistorius – est formelle: Vladimir Poutine pourrait sonner la charge contre un pays membre de l'OTAN dès novembre 2024: «Nous entendons presque tous les jours des menaces du Kremlin. Nous devons donc nous préparer au fait qu'un jour, Poutine attaquera un pays de l'OTAN.»
La tension est désormais à son comble et rappelle les prémices de la guerre froide. À l'époque, le monde craignait une confrontation avec l'Union soviétique. L'alliance atlantique, fondée en 1949, s'était préparée au pire et plusieurs manœuvres de l'OTAN, plus importantes enocre que l'exercice prévu prochainement, ont eu lieu avant la dissolution de l'Union soviétique en 1991. Notamment l'opération Reforger («Return of Forces to Germany») qui avait impliqué environ 125'000 soldats en 1988.
Depuis, les choses ont changé. Et la manière de mener une guerre, aussi. Les armes légères ont progressivement fait leur apparition sur les champs de bataille, de même que les drones. Place également à la cyberguerre. Mais la guerre conventionnelle, sous le feu des chars d'assaut, de l'artillerie lourde et de l'infanterie, a refait son apparition en Europe depuis la guerre en Ukraine. Ces dernières années, les armées de l'OTAN s'étaient endormies. Réveil brutal depuis l'an passé: l'Alliance a revu sa stratégie de guerre en profondeur et doit maintenant être élargie. Ses troupes ont été transférées dans certains pays d'Europe de l'Est. La voilà désormais mieux préparée en cas d'attaque sa frontière orientale.
Et la Suisse dans tout ça?
L'OTAN prend Vladimir Poutine au sérieux. La réunion de deux jours qui s'est tenue cette semaine à Bruxelles a non seulement réuni des pays de l'OTAN, mais aussi d'autres «partenaires», comme les appelle Rob Bauer. Et parmi eux... des délégués suisses! L'objectif de la réunion: «Nous voulons développer la coopération militaire avec nos partenaires», a déclaré l'amiral sur X. La Suisse participera-t-elle donc à l'exercice «Steadfast Defender 2024»?
Cette participation de l'armée suisse ne serait pas une nouveauté. Depuis 1996, la Suisse intervient régulièrement dans des exercices et manœuvres, dans le cadre du Partenariat pour la paix (PPP) créé par l'OTAN. Une nouveauté serait toutefois que la Suisse participe à un exercice pour l'article 5 (cas d'alliance), explique le porte-parole de l'armée Stefan Hofer à la demande du Blick. «Les possibilités de participation à de tels exercices sont actuellement à l'étude», dit-il. Aucune participation de l'armée suisse n'est toutefois prévue précisément à l'exercice Reforger.
La Suisse et l'OTAN veulent toutefois collaborer plus étroitement à l'avenir, comme l'avaient déjà fait savoir la ministre suisse de la Défense Viola Amherd et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg, lors d'une rencontre au WEF 2023 de l'année dernière à Davos. La Suisse doit pouvoir participer aux exercices de l'OTAN, ce que propose le Département des affaires étrangères dans un rapport sur la neutralité datant de 2022. Ce rapport est actuellement en consultation au sein de l'administration fédérale.