Volodymyr Zelensky a changé de ton. Oubliés, les mots cinglants publiés sur Twitter juste avant son arrivée à Vilnius mardi. Le président ukrainien avait alors qualifié «d’absurde» la décision de l’OTAN de ne pas inviter son pays à adhérer de suite. Ce mercredi, aux côtés du secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg, l’homme fort de Kiev a joué au partenaire frustré, mais parfait et reconnaissant, de la plus puissante coalition militaire au monde. «Nous savons que nous sommes un pays en guerre, et que l’OTAN ne peut pas nous accueillir maintenant» a-t-il reconnu lors d’une conférence de presse, avant d’assister à la première session du nouveau conseil OTAN-Ukraine. Un conseil qui, avec les promesses de nouvelles livraisons d’armes, représente le seul succès qu’il pourra ramener de la capitale. lituanienne.
Logique. Zelensky le combattant, en polo kaki à côté du Norvégien en costume-cravate, n’avait pas le choix. Sa rencontre avec Joe Biden, dans l’après-midi, lui permettra de le confirmer. Les États-Unis ont tranché. L’Ukraine doit patienter, même si son processus futur d’accession à l’OTAN sera grandement facilité. «Je le réaffirme ici, vous serez membre de l’OTAN», a répété plusieurs fois Jens Stoltenberg.
Pour l’heure, chaque mot a été pesé pour ne pas aggraver la frustration du seul dirigeant présent à Vilnius dont le pays est en guerre et a été militairement agressé par son voisin. «Ce conseil OTAN-Ukraine est une instance entre égaux», a poursuivi Stoltenberg, dont le mandat à la tête de l’organisation du Traité de l’Atlantique Nord, prorogé d’un an, s’achèvera en 2024.
Égaux? Zelensky l’acteur professionnel n’a pas repris le terme. Il n’est pas dupe. Mais les modalités de cette future instance ont leur importance. Ce conseil pourra être convoqué par n’importe quel pays membres. Pas de possibilité de s’y opposer. Le dialogue entre l’Ukraine et l’OTAN est désormais institutionnalisé, y compris au niveau des États-Majors.
Volodymyr Zelensky n’aime pas patienter. Il l’a redit à Vilnius, en rappelant que son pays protège aujourd’hui, en s’opposant à la Russie de Vladimir Poutine, le continent européen. Mais il s’est surtout, après ses attaques verbales de la veille, employé à prendre les alliés au mot. «J’ai confiance qu’après la guerre, l’Ukraine sera dans l’OTAN», a-t-il répété. Les larmes de la non-adhésion de son pays ne sont pas séchées. L’explication en tête-à-tête avec Joe Biden, ce mercredi après-midi, s’achèvera sans doute sur de nouvelles promesses. Le G7, le club des pays les plus riches, a formalisé des «garanties de sécurité». Les livraisons d’armement vont se poursuivre. Une coalition de 11 pays commencera à former les pilotes ukrainiens aux avions de combat F-16 américains dans un centre qui sera installé en Roumanie en août.
La loi du plus fort s’est imposée. Mais pour le moment, compte tenu de la dépendance militaire maximale de l’Ukraine, les États-Unis et l’OTAN ont décidé de ne pas laisser le choix des armes politiques à celui qui, sur le terrain, se bat en première ligne.