Les troupes ukrainiennes sont à l'offensive sur tous les fronts depuis début septembre et ont déjà repris l'essentiel de la région de Kharkiv, dans le Nord-Est, et d'importants nœuds logistiques tels qu'Izioum, Koupiansk et Lyman. Dans ce dernier, dans l'Est, les troupes de Moscou, alors quasi encerclées, ont frôlé la catastrophe.
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«Les forces armées ukrainiennes ont libéré plus de 400 km2 de la région de Kherson depuis le début du mois d'octobre», a indiqué jeudi la porte-parole du commandement militaire dans le Sud, Natalia Goumeniouk, chiffrant pour la première fois les avancées ukrainiennes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait annoncé mercredi soir la reprise de trois nouveaux villages par ses troupes dans cette zone, tout en confirmant que la contre-offensive de Kiev, forte des livraisons d'armes occidentales, se poursuivait.
Kiev affirme prendre de villes et Moscou les reprendre
Les forces ukrainiennes affirment avoir repris 29 localités aux Russes depuis le 1er octobre.
L'armée de Moscou a elle assuré dans son rapport quotidien jeudi que «l'ennemi [avait] été repoussé de la ligne de défense des troupes russes» dans cette même région de Kherson.
Selon elle, les forces ukrainiennes ont déployé quatre bataillons tactiques sur ce front, soit plusieurs centaines d'hommes, et a «tenté à plusieurs reprises de percer les défenses» russes près de Doudtchany, Soukhanové, Sadok et Brouskinskoïé.
Face aux revers de l'armée russe en Ukraine et à une mobilisation chaotique en Russie qui a poussé des centaines de milliers de Russes à l'exil, le président russe Vladimir Poutine a assuré mercredi que la situation militaire se «stabilisera».
Alors même que Moscou ne contrôle que partiellement ces zones et y est en difficulté au plan militaire, Vladimir Poutine avait signé mercredi une loi consacrant l'annexion par la Russie de quatre régions ukrainiennes après la tenue de «référendums» d'autodétermination sans «aucune valeure légale» aux yeux du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, et dénoncés comme des «simulacres» par Kiev et ses alliés.
Le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitri Peskov a assuré que les territoires perdus seraient «repris». Le président russe avait lui évoqué en septembre la menace du recours à l'arme nucléaire.
«Ça va mieux»
Sur le théâtre des opérations, les soldats ukrainiens interrogés par l'AFP ont assuré voir enfin «la lumière au bout du tunnel», grâce à leurs récents succès, après plus de sept mois d'une guerre éreintante.
«Maintenant, ça va mieux», a expliqué Bogdan, 29 ans. «Nous voyons leurs succès et cela nous inspire. Si certains pensaient que nous n'allions pas assez vite, maintenant ce n'est plus le cas !»
Sur le front, les bombardements se poursuivaient avec notamment une frappe qui a fait trois morts et sept blessés à Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, l'une des régions que Moscou affirme avoir annexé.
L'AFP a vu deux sites dans le centre de la ville ravagés par les bombes. Du premier, tout ce qui était au-dessus du rez-de-chaussée s'est écroulé, faisant craindre un bilan plus élevé. A quelques centaines de mètres de là, un cratère de plusieurs mètres de profondeur est visible devant un immeuble d'habitation, au toit soufflé, tout comme la plupart des fenêtres.
Dans l'Est, dans la région de Donetsk, autre territoire annexé par Moscou, au moins 14 personnes ont été tuées et 3 blessées ces dernières 24 heures dans les zones sous contrôle de Kiev, selon la présidence ukrainienne.
Une «Zone de protection» autour de Zaporijjia
Kiev reçoit également jeudi la visite du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, qui doit aussi se rendre à Moscou prochainement.
Il souhaite notamment discuter l'établissement «d'une zone de protection» autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, visée régulièrement par des tirs dont Russes et Ukrainiens se renvoient mutuellement la responsabilité.
A la veille de cette visite, la Russie s'est appropriée via un décret signé par Vladimir Poutine cette centrale, la plus grande d'Europe, qu'elle contrôle depuis mars, provoquant l'indignation de Kiev.
Sur le front diplomatique, 44 dirigeants du continent européen se sont retrouvés jeudi à Prague dans un format inédit, destiné à souligner l'isolement de Moscou.
Mercredi, l'UE a approuvé une huitième série de sanctions contre Moscou. L'Opep+ a lui décidé d'une coupe drastique des quotas de production de pétrole pour soutenir les prix, alors que les hydrocarbures restent le revenu principal de la Russie.
(AFP)