«Make Europe great again»
Ces cinq urgences européennes sont sur le bureau de Donald Trump

Le 47e président des Etats-Unis entend bien se mêler des affaires de l'Europe. Pour y imposer son ordre diplomatique, commercial, technologique et militaire. Voici les 5 dossiers qu'il trouvera sur son bureau dès ce 20 janvier.
Publié: 04:41 heures
1/6
L'OTAN (ici, en 2019) est de nouveau dans le viseur de Donald Trump.
Photo: keystone-sda.ch
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Les déclarations rageuses d’Elon Musk postées sur X sont un baromètre. Juste avant l’investiture de Donald Trump ce lundi 21 janvier, le milliardaire a lancé l’offensive de l’autre côté de l’Atlantique en quatre lettres: MEGA, ou «Make Europe great again»

La référence au slogan MAGA (Make America great again) de Donald Trump est claire. La nouvelle administration aux commandes des Etats-Unis a un projet global, dans lequel la plupart des pays européens seront considérés comme des vassaux. Voici les cinq urgences bien en évidence sur le «Resolute desk», le bureau présidentiel.

Urgence N° 1: Tuer le Made in Europe

Donald Trump a toujours eu une obsession: les voitures allemandes. Pour le milliardaire new-yorkais, dont le grand-père émigra d'Allemagne, et plus précisément du Palatinat, les Mercedes, Audi et autres Volkswagen symbolisent les relations commerciales qu’il juge inéquitables. A-t-il raison? 

Oui, si l’on regarde le déficit commercial américain avec l’Union européenne, proche des 160 milliards de dollars annuels. Non, si l’on prend en compte l’importance du marché européen pour les géants américains du numérique. 

Mais faisons simple: Donald Trump veut en finir avec le Made in Europe qu’il est persuadé de pouvoir remplacer par des produits Made in USA. Son arme est connue: les tarifs douaniers, qu’il pourrait relever de 10 à 20% par décret dans les prochaines heures, avant de s’exprimer en visioconférence au Forum économique mondial de Davos, ce jeudi 23 janvier. Fait révélateur: les exportateurs de Cognac français ont rempli les stocks de leurs clients américains avant l’investiture.

Urgence N° 2: Imposer la paix en Ukraine

Ce dossier-là est l’un des plus compliqués sur le «Resolute Desk», le bureau présidentiel. La preuve? L’émissaire spécial de Trump pour le conflit ukrainien, l’ancien Général Keith Kellogg, a renoncé à se rendre en Ukraine début janvier. 

La réalité est que Donald Trump, qui a promis de ramener la paix en quelques jours, n’a pas intérêt à précipiter les choses, tant la situation de l’armée ukrainienne sur le front est fragile. Une rencontre avec Vladimir Poutine aura lieu, c’est sûr, peut-être en Suisse. On pense bien sûr à Genève, où Joe Biden avait rencontré le président russe le 16 juin 2021. Moins d’un an plus tard, la Russie lançait son assaut sur Kiev…

Dossier N° 3: Soutenir la droite dure

La guerre politique est déclarée. Et celui qui mène l’offensive, pour le moment, se nomme Elon Musk. Depuis l’élection de Donald Trump le 5 novembre, le milliardaire propriétaire du réseau social X a bombardé de messages incendiaires le premier ministre travailliste britannique Keir Starmer, le Chancelier allemand Olaf Scholz, et le gouvernement danois, prié de lâcher le Groenland.

La liste des invités européens à la cérémonie d’investiture – la première ministre italienne Giorgia Meloni, l’ex-candidat français à la présidentielle Eric Zemmour, le co-leader du parti conservateur allemand Alternative für Deutschland (AFD) – montre la volonté de consolider ce qu’Emmanuel Macron nomme «une internationale réactionnaire». Premier test: les élections législatives allemandes du 23 février.

Dossier N° 4: Vendre du gaz américain

Donald Trump, ce président passionné de forages et d’hydrocarbures, veut vendre plus de gaz à l’Europe. Cela semble faisable: l’Union européenne en a besoin. Avant la guerre en Ukraine qui a débuté en 2022, la Russie fournissait 47% du gaz de l’UE, principalement par le biais de gazoducs, mais aussi de gaz naturel liquéfié (GNL). 

Ce chiffre est tombé à 13% en 2024 et Bruxelles souhaite que ce chiffre soit réduit à zéro d’ici 2027. Attention toutefois: même si Trump annule une interdiction d’exportation de l’ère Biden sur les nouveaux projets de GNL, seulement 3% de gaz américain supplémentaire pourra traverser l’Atlantique en 2025 en raison de goulets d’étranglement et de retards dans les infrastructures, estime un rapport d’Aurora Energy Research.

Dossier N° 5: Ligoter la défense européenne

L’industrie européenne de la défense doit se consolider pour soutenir la production alors que la région est confrontée à l’agression russe et aux appels de Donald Trump à renforcer son armée, estime le président-directeur général de Rheinmetall AG, Armin Papperger. Bien vu. Sauf que Donald Trump ne l’entend pas de cette oreille. 

Sa pression sur l’Europe va très vite s’accroître, avec pour objectif de forcer les pays membres de l’OTAN à acheter en priorité des armes Made in USA. Au cours de son premier mandat, il s’est à plusieurs reprises moqué du retard de l’Europe en matière de dépenses militaires. Il a menacé de perturber l’alliance, et de ne pas respecter les garanties de sécurité de son article 5, si ses pays membres ne consacrent pas au moins 5% d leur PIB à leur défense, soit environ 544 milliards d’euros par an.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la