Evgueni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire Wagner, parcourt actuellement la Russie. Lors de différentes conférences de presse à travers le pays, il diffuse sa propagande de guerre. Mais il n'hésite pas à s'en prendre également au Kremlin et aux hommes du président Poutine.
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Le portail d'information russe indépendant Meduza a résumé les principales déclarations de l'homme de 61 ans.
La suite de la guerre
Selon Evgueni Prigojine, «une guerre difficile s'annonce». «Je pense que nous pourrons libérer le Donbass en deux ans et atteindre Kiev en trois ou quatre ans», affirme le chef du groupe Wagner. Mais pour cela, il faut prendre différentes mesures, estime-t-il, notamment une mobilisation générale et une augmentation de la production d'armes.
Le fait qu'Evgueni Prigojine insiste sur les armes n'est pas un hasard. Ces derniers mois, l'homme n'a cessé de réclamer davantage de matériel au Kremlin, menaçant même par moments de retirer complètement ses troupes si son groupe Wagner ne recevait pas plus d'armes.
Le militaire a en outre exigé que l'on prenne des mesures drastiques contre les déserteurs. «Il faut la peine de mort pour les déserteurs, sinon la guerre ne peut pas être gagnée», affirme-t-il. Il estime en outre que les directeurs des entreprises d'armement devraient également être soumis au droit militaire – peine de mort comprise. En d'autres termes, celui qui ne parviendrait pas à livrer les munitions demandées devrait s'attendre à la pire des sentences.
Evgueni Prigojine ne s'arrête pas là et demande que la Russie soit placée sous la loi martiale. «La société doit être mobilisée – la population doit se rendre compte qu'elle devra vivre encore longtemps dans ces conditions», assure-t-il. Ce point est réclamé depuis longtemps par le chef militaire, mais Vladimir Poutine s'y oppose. Seules les quatre régions annexées de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia appliquent la loi martiale depuis octobre 2022.
Sur ces territoires, les habitants peuvent désormais être contraints de travailler dans l'industrie de l'armement ou être empêchés de voyager. L'introduction d'une censure militaire ou d'écoutes téléphoniques privées est également officiellement possible, tout comme l'instauration d'un couvre-feu, la confiscation de biens privés, une détention pouvant aller jusqu'à 30 jours ou un déplacement forcé vers d'autres régions. Ces mesures se prêtent aussi à un renforcement du contrôle sur la population russe.
Sa propre carrière
Ces dernières semaines, on a régulièrement prêté à Evgueni Prigojine des ambitions politiques. Il aurait même planifié un putsch contre Poutine avant de lui-même démentir ces rumeurs avec véhémence: «Vous ne verrez ni le parti Wagner à la Douma (ndlr: la chambre des députés russes), ni ma personne comme candidat à la présidence. Ma tâche est totalement différente.»
Il est toutefois difficile de vérifier de manière indépendante si l'homme n'a réellement aucune ambition politique.
Sa déclaration de «grand-père»
Le 9 mai dernier, date si importante en Russie qui marque la capitulation de l'Allemagne nazie, Evgueni Prigojine a eu ces mots étranges: «Le grand-père heureux pense que tout va bien. Mais que doit faire le pays s'il s'avère que ce grand-père est un complet connard?»
Bien qu'il n'ait pas précisé qui était ce grand-père auquel il faisait référence, on suppose volontiers qu'il s'agit de Vladimir Poutine. Mais le chef militaire a balayé la rumeur: «J'ai appelé Valeri Gerassimov (ndlr: l'actuel commandant de l'armée russe en Ukraine) ainsi parce qu'il ne nous a pas donné de munitions.»
Les conséquences de la guerre
En lançant une guerre d'agression contre l'Ukraine, la Russie s'est mise hors-jeu sur la scène internationale. De nombreux pays ont imposé des sanctions, et les relations avec l'Occident sont gelées.
Evgueni Prigojine ne se fait guère d'illusions: «Nous serons isolés à long terme et nous devons nous y habituer», prévoit le patron du groupe Wagner. Pour lui, la Russie n'a pas besoin des autres: «Nous pouvons produire nous-mêmes ce dont nous avons besoin.»