Deux frères palestiniens ont ouvert le feu jeudi à un arrêt de bus à Jérusalem-Est, zone occupée et annexée par Israël. Au moins trois personnes sont mortes dans l'attentat. Selon la police, les deux assaillants «ont été rapidement tués par balles par deux soldats qui n'étaient pas en service».
Quelques heures seulement après les faits, l'organisation du Hamas a revendiqué l'attaque. Elle a indiqué que les deux assaillants étaient membres de sa branche armée. Celle-ci est «une réponse naturelle aux criminels sans précédent que sont les occupants de la bande de Gaza», expliquent-ils. Parallèlement, ils ont appelé à «l'escalade de la résistance». Qu'est-ce que cela signifie pour les affrontements au Proche-Orient, alors même que le Hamas et Israël viennent de prolonger leur trêve?
Pourquoi le Hamas attaque-t-il Jérusalem maintenant?
Le Hamas note que l'attaque est une réaction à un violent affrontement survenu à Jénine en Cisjordanie. L'armée israélienne y aurait tué par balle deux enfants, Adam Samer al-Ghoul, 8 ans, et Basil Suleiman Abu al-Wafa, 15 ans, dans le cadre d'une opération militaire qui a détruit plusieurs maisons dans le camp de réfugiés de la ville. Jan Busse, spécialiste d'Israël et de la Palestine à l'Université de la Bundeswehr à Munich, explique pour Blick: «On ne peut actuellement que spéculer sur les raisons réelles des motivations de l'attentat.»
À Jérusalem, la situation est très tendue, et ce, depuis des semaines. La ville a toujours été l'un des grands points de discorde dans le conflit entre Israël et la Palestine. Jan Busse le confirme, Israël occupe Jérusalem-Est depuis 1967, où vivent principalement des citoyens palestiniens. Le gouvernement de droite dirigé par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a encore aggravé la situation, en attisant le conflit dans la région.
Que signifie cet «appel à l'escalade» du Hamas?
Selon Jan Busse, il pourrait bien y avoir une nouvelle escalade du conflit. «Depuis le raid du 7 octobre, le Hamas mise sur une escalade de la situation au-delà de la bande de Gaza, hypothétise-t-il. Aussi bien en Cisjordanie et à Jérusalem qu'au niveau régional, notamment par le biais du Hezbollah au Liban.» En Cisjordanie notamment, la situation est extrêmement tendue en raison d'une augmentation massive de la violence des colons israéliens dans la région et d'une vague d'arrestations.
A cela s'ajoute, selon Jan Busse, les 238 Palestiniens qui ont été tués en Cisjordanie depuis le 7 octobre. Une raison probablement utilisée pour justifier l'attentat de Jérusalem. Le constat est clair: «La situation en Cisjordanie est explosive.»
Et qu'est-ce que cela signifie pour le cessez-le-feu?
L'attaque a eu lieu peu après la prolongation du cessez-le-feu. Celle-ci est-elle désormais sabotée par cette attaque? «Mon impression est qu'Israël considère l'attaque de Jérusalem séparément de l'accord avec le Hamas sur la libération des otages», répond Jan Busse.
Le gouvernement israélien sait ce qui est en jeu. Sur le plan de la politique intérieure, le gouvernement hébreu subit une forte pression pour progresser dans le rapatriement des otages. Les familles des séquestrés ont lancé une campagne sous le slogan «Ramenez-les à la maison». Mettre fin à l'échange d'otages et de prisonniers serait donc fatal sur le plan politique.
L'échec de l'accord est ailleurs, selon l'expert: «Si la trêve devait échouer, ce ne serait pas tant le résultat de l'attentat que des questions de détail sur les conditions générales de l'accord.»
Combien d'otages sont encore détenus par le Hamas?
Le Hamas a confié deux autres otages israéliennes aux soins de la Croix-Rouge internationale, jeudi vers midi. Dans le cadre de cette trêve, l'organisation palestinienne a jusqu'à présent libéré plus de 80 des quelque 240 otages, selon les informations israéliennes. En contrepartie, Israël a libéré 180 prisonniers palestiniens, majoritairement des femmes, des enfants et des jeunes de moins de 19 ans.