L'entretien téléphonique prévu mardi avec Donald Trump tombe plutôt mal pour Vladimir Poutine. Les choses ne pourraient pas mieux se dérouler sur le front pour la Russie: ces dernières semaines, les troupes russes ont gagné du terrain et enregistré plusieurs victoires en Ukraine. Dernier succès en date: la reprise de la ville stratégique de Soudja, où est désormais hissé le drapeau russe. Les troupes ukrainiennes se retirent peu à peu – et non sans difficulté – de la région âprement disputée de Koursk.
Mais le président américain insiste. Il veut la paix le plus rapidement possible: «(...) cette guerre doit se terminer MAINTENANT», a-t-il déclaré sur sa plateforme Truth Social. De nombreux éléments d'un accord ont été convenus, «mais beaucoup de choses restent en suspens».
La question de la répartition des terres
Une chose est sûre: les discussions entre Washington et Moscou porteront sur la répartition des terres. Des terres occupées, des terres conquises, «beaucoup de terres», comme l'a déclaré Trump dans une interview à bord de son Air Force One. Volodymyr Zelensky misait sur la région russe de Koursk comme une possible monnaie d'échange dans les négociations de paix. «Nous échangerons une région contre une autre», déclarait-il le mois dernier au «Guardian».
Mais au vu de la situation critique, sa stratégie est tombée à l'eau. Les Etats européens craignent que Trump ne négocie un accord défavorable pour l'Ukraine. C'est pourquoi Paris et Londres se préparent déjà au pire des scénarios, prévoyant jusqu'à l'envoi de forces armées de maintien de la paix.
La question des forces de maintien de la paix
L'ancien président russe, Dmitri Medvedev, a vivement critiqué les projets franco-britanniques concernant l'éventuel envoi de forces de maintien de la paix en Ukraine. Tout comme Poutine.
Dmitri Medvedev, autrefois d'orientation libérale, a même menacé l'OTAN de guerre. Il a reproché au président français Emmanuel Macron et au Premier ministre britannique, Keir Starmer, de se montrer «stupides». La tension est à son comble.
Poutine ne fait-il que gagner du temps?
Derrière cet appel, le président russe aurait en réalité une stratégie en tête, selon un article du «Moscow Times»: gagner du temps. «L'objectif de Poutine est de prendre le contrôle politique effectif de l'Ukraine», déclarait John Herbst, ancien ambassadeur américain en Ukraine, au journal.
Maria Snegovaya, du think tank Center for Strategic and International Studies, doute d'une fin prochaine de la guerre. «Beaucoup pensent qu'elle ne prendra pas fin tant que Poutine sera au pouvoir.» Malgré tout, Poutine a intérêt à ne pas contrarier Trump. Car le président américain peut démarrer au quart de tour, comme l'a montré sa récente altercation avec Zelensky.