Celles et ceux qui voulaient se détendre sur une plage italienne ce vendredi matin n'ont pas eu de chance. Les exploitants se sont mis en grève. De 7h30 à 9h30, ils n'ont pas loué de parasols ou de chaises longues. Les touristes déjà présents sur le sable ont été expulsés et les autres se sont retrouvés devant des portes fermées barrant l'accès de certaines plages.
Cette grève pourrait n'être qu'un début. À la mi-août, les plages devraient fermer pendant une demi-journée, pile-poil lors du jour férié de Ferragosto. Cette semaine-là, les habitants sont particulièrement nombreux à se rendre à la mer. Et fin août, les plages devraient même rester fermées une journée entière...
La «mafia des parasols» se défend
En Italie, il n'est pas possible de simplement s'allonger au bord de la mer. Dans la plupart des stations balnéaires, l'accès au sable est payant. Les exploitants des lieux prisés possèdent une licence pour une section de plage – une particularité italienne avec, en toile de fond, un plan historique. Après la Seconde Guerre mondiale, les stations balnéaires ont été louées par l'État à des mutilés de guerre. L'Italie voulait ainsi leur permettre de gagner leur vie.
Depuis, ce sont leurs descendants qui font la loi dans les quelque 30'000 stations balnéaires du pays. Ces plagistes gagnent désormais beaucoup d'argent avec les bagni, dont les licences se renouvelaient automatiquement d'année en année.
La location d'accessoires de baignade est devenue un business lucratif que l'on n'abandonne pas facilement – on parle régulièrement de la «mafia des parasols». En moyenne, une semaine de baignade et de sable à Alassio sur la Riviera coûte 340 euros par personne. En première ligne, avec vue directe sur la mer de Ligurie, même 392 euros.
Il n'est donc pas étonnant que les plagistes s'opposent à une demande de l'Union européenne (UE). Celle-ci veut en effet mettre les licences de plage au concours à l'échelle européenne. L'attribution doit être réorganisée et se dérouler de manière transparente, ce qui n'est pas le cas actuellement. Les exploitants de plages des provinces d'Udine, de Ligurie et de Livourne participent aux protestations. Leur revendication? Que le gouvernement de Rome tienne enfin tête à l'UE et s'engage en leur faveur.
15 milliards d'euros de chiffre d'affaires
Tous les plagistes n'ont pas participé à la grève – la profession est divisée. Mais si le gouvernement italien de Giorgia Meloni n'accède pas à leurs revendications, certains réfractaires durciront la grève. Le shutdown de mi-août et de fin août menace!
Plus de 50% des milliers de kilomètres de côtes italiennes sont occupés par des établissements privés. Pas moins de 300'000 personnes y travaillent pendant les mois d'été. Les exploitants réalisent ainsi un chiffre d'affaires de 15 milliards d'euros par an. Ils ne veulent pas le partager avec des concurrents allemands ou français... et ils l'ont clairement fait savoir ce vendredi matin.