Devenue célèbre grâce à Instagram
L'auberge Aescher, symbole d'«overtourism», restera accessible sans restrictions

L'Alpstein, dans l'Appenzell, est une destination de randonnée très appréciée. Si populaire que la région, et en particulier l'auberge Aescher, est devenue le symbole du tourisme de masse en Suisse. Mais la réalité est bien différente, selon le responsable du tourisme.
Publié: 23.04.2024 à 07:43 heures
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Dernière mise à jour: 23.04.2024 à 08:38 heures
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L'auberge de montagne Aescher est célèbre dans le monde entier, mais elle est en réalité rarement bondée.
Photo: Corinne Kunz
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Jean-Claude Raemy

L'hiver a (presque) fait son retour. Mais dans quelques semaines, le temps printanier aura pris ses quartiers et la saison des randonnées démarrera de plus belle – et avec elle, les foules qui inonderont les montagnes suisses. Le secteur du tourisme affirme lui-même que la pandémie est désormais surmontée mais ces bons chiffres pourraient vite tourner au cauchemar.

L'Alpstein, victime de l'overtourism à cause d'Instagram?

Rappelez-vous: en 2019, la Fédération suisse du tourisme avait conseillé à ses membres de prendre des mesures d'orientation pour lutter contre les masses de touristes. A Iseltwald (BE), exemple célèbre, l'accès à un ponton avait été limité au moyen d'un tourniquet. La région bernoise a été victime de son succès, considérée comme un hotspot Instagram en Suisse par les touristes asiatiques. D'autres destinations touristiques suisses populaires ont également pris des mesures. Pourtant, un autre symbole de l'overtourism, l'auberge Aescher dans les montagnes appenzelloises de l'Alpstein, a décidé de ne prendre aucune mesure – bien qu'ils ont beaucoup souffert des amas de touristes.

Pour rappel, en 2018, le couple de tenanciers de l'époque de la célèbre auberge située sur la paroi rocheuse en contrebas de l'Ebenalp a été poussé à bout. Le restaurant de montagne, devenu célèbre dans le monde entier notamment grâce aux contributions Instagram de Roger Federer et Ashton Kutcher ne pouvait tout simplement plus faire face à l'afflux de visiteurs. Peu après, la pandémie est arrivée. Et bien qu'il ait été dit que tout le monde devait rester chez soi, les Suisses en quête d'air frais ont envahi l'Alpstein et l'auberge Aescher. Parking chaotique, manque de toilettes, sentiers de randonnée pleins à craquer: l'image de ce paradis naturel en a souffert.

Les autorités touristiques locales ont examiné de nombreuses mesures afin de rester maître de la situation. Mais peu de choses ont été mises en œuvre. Pourquoi donc un tel laxisme en vue de la situation des années précédentes?

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Le flux de visiteurs s'est atténué depuis

«Nous souffrons encore aujourd'hui de cette image, même si la constellation malheureuse de l'époque ne s'applique plus», déclare Guido Buob, directeur de l'office du tourisme du pays d'Appenzell. Selon lui, on peut déjà constater depuis l'année dernière que les flux de visiteurs se répartissent mieux. De nombreuses personnes travaillent à temps partiel et ont des jours de congé pendant la semaine, ce qui allège les pics de fréquentation du week-end. 

De plus, la météo joue un rôle essentiel: «S'il pleut une semaine et que le week-end est annoncé beau, beaucoup de visiteurs viennent, mais si le beau temps est annoncé sur plusieurs jours, cela se répartit», explique Guido Buob.

Une situation un peu trop enjolivée? Le directeur rétorque: «Nous avons besoin de 10 à 25 jours forts dans l'Alpstein pour être ouverts même pendant les périodes de mauvais temps et pouvoir payer les salaires.» Mais les journées hautes avec un très grand nombre de visiteurs ne sont pas synonymes d'overtourism, selon lui: «On ne parle de cela qu'en cas de situation conflictuelle permanente et durable entre les habitants et les visiteurs.»

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«On ne parle d'overtourism qu'en cas de situation conflictuelle permanente et durable entre les habitants et les visiteurs»
Guido Buob
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Le problème des places de parking persiste

La région n'est toutefois pas restée totalement inactive face à l'augmentation de l'affluence. «Depuis deux ans, nous proposons des places de parking gratuites à Gossau pour que les gens puissent prendre les chemins de fer appenzellois de Gossau à Wasserauen», explique Guido Buob. Sans francs succès: «Tout le monde veut prendre sa voiture jusqu'à la destination finale.»

Pourtant, même après des années de discussions, il n'y a toujours pas de parking à Wasserauen (AI), où se trouve la station inférieure du téléphérique d'Ebenalp. Le directeur à une explication à ce sujet: «Un parking doit être rentable.» Pendant le semestre d'hiver, il resterait vide. Mais cela reste un sujet de discussion: «En ce moment, nous réfléchissons à divers emplacements possibles.» En outre, un système de guidage des parkings est envisagé. Le canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures élabore actuellement une stratégie globale des transports.

Toujours est-il qu'une nouvelle liaison rapide avec le chemin de fer appenzellois et le car postal depuis la région de Saint-Gall vers Wasserauen est déjà bien utilisée, rappelle l'expert en tourisme.

La grande majorité des visiteurs se comporte bien

Mais pour l'heure, aucune autre mesure n'est actuellement prévue, malgré la croissance de la population et les défis posés par le trafic. «Une limitation de l'accès à l'auberge Aescher n'est pas nécessaire», estime Guido Buob. Le calme est, selon lui, revenu dans la région: «Après un changement de tenancier, une adaptation de l'offre alimentaire et des mesures de construction, l'activité est revenue à la normale, comme avant.»

L'idée d'engager des rangers qui veilleraient aux bonnes manières des randonneurs a également été abandonnée, parce que la plupart des visiteurs savent comment se comporter: «Le fait qu'une poignée d'hôtes fauteurs de troubles soient cloués au pilori sur les réseaux sociaux et que l'on en déduise un comportement qui concerne toute la société fait partie de l'esprit du temps actuel», analyse Guido Buob. Mais ces reproches sont faux et injustes pour la grande majorité qui se comporte correctement, rappelle-t-il.

Autre projet abandonné: l'Alpstein ne deviendra pas un parc naturel, voire un parc national. «Dans l'Alpstein, il n'y a pas que des randonneurs, il y a aussi une économie alpestre qui fonctionne et qui n'a aucun intérêt à créer un parc naturel», rétorque le directeur. L'Alpstein mise sans restriction sur les randonneurs, dont beaucoup de jeunes. En revanche, les vététistes doivent s'en tenir à quelques itinéraires de VTT. Avec cette décision, l'Alpstein renonce à un grand nombre d'hôtes potentiels.

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