La semaine dernière, des centaines d'habitants de Tenerife ont formé une chaîne humaine, des manifestants ont planté des tentes et campé devant une église avec des pancartes. Sur la promenade de la plage, des touristes auraient même été insultés ou menacés de coups. La colère contre le tourisme de masse aux Canaries ne cesse de croître.
A lire sur le tourisme
Depuis six jours, plusieurs militants ont même entamé une grève de la faim. Leur santé est sérieusement menacée, déclare une infirmière qui a examiné les affamés dans une vidéo publiée mardi sur Facebook par le groupe «Canarias se Agota» (en français: «Les Canaries en ont assez»). Une gréviste n'hésite pas à critiquer vivement le président des Canaries: «Alors que le mécontentement social grandissait, vous avez appelé à la raison. Assez de se moquer des citoyens, assez de discours hypocrites!»
Des manifestations sont annoncées pour ce samedi dans les îles Canaries. Il est prévu «l'une des plus grandes protestations de l'histoire de la région», dit-on. L'objectif? L'arrêt de la construction d'hôtels et de terrains de golf dans des zones naturelles initialement protégées, l'introduction d'une taxe touristique et une meilleure réglementation des appartements de vacances. Les activistes demandent que le gouvernement soutienne davantage l'industrie et l'agriculture locales afin que la population soit moins dépendante économiquement.
«Je gagne 900 euros, et le loyer coûte 800»
Les citoyens ordinaires ne profitent pas du tout du tourisme, a déclaré le défenseur de la nature Ivan Cerdena Moline au journal espagnol «The Olive Press». Leurs salaires n'ont pas augmenté depuis des années et la qualité de vie s'effondre. Les tour-opérateurs «prennent le contrôle» des îles. «Nous devons changer quelque chose de toute urgence. Les gens d'ici vivent dans leurs voitures et même dans des grottes.»
L'activiste Rubén Zerpa ne démord pas. «Je gagne environ 900 euros et je partage l'appartement avec mon partenaire, le loyer est de 800 euros par mois.» Outre les loyers exorbitants des logements, les rues encombrées sont un problème pour les autochtones. Même les transports publics sont pris d'assaut, a déploré une peintre de 63 ans auprès de «The Olive Press». «L'autre jour, une guide touristique s'est mise devant le bus avec 20 touristes. Les locaux ont dû attendre un autre bus.»
Les premiers touristes sont inquiets
Apparemment, le mécontentement des autochtones suscite aussi l'inquiétude des étrangers. «Les premiers touristes s'informent sur la sécurité sur place, c'est un signal inquiétant», déclare Jorge Marichal, président de l'association canarienne de l'hôtellerie et de la restauration, à «Tenerife News».
En mars, les graffitis contre les touristes ont fait la une des journaux. Le mois dernier, de faux panneaux «Défense d'entrer» ont également fait leur apparition à Lanzarote, comme l'a rapporté le «Daily Mail». Les manifestants soulignent: «Nous n'avons rien contre les touristes, mais le tourisme doit être mieux réglementé.»
Une loi stricte doit limiter l'affluence
Pendant ce temps, le président régional des Canaries, Fernando Clavijo, s'efforce de limiter les dégâts. La richesse générée par le tourisme doit être mieux répartie, a récemment exigé le conservateur.
Selon «Teneriffa News», le gouvernement prévoit une loi stricte sur la limitation des logements de vacances, qui pourrait entrer en vigueur cette année encore. Selon ce projet, 90% des surfaces constructibles seront à l'avenir réservées à l'habitat. Il restera 10% pour le tourisme. Actuellement, 37% des logements aux Canaries sont destinés aux touristes.
La loi prévoit également des sanctions. Ainsi, les propriétaires de maisons de vacances doivent être contrôlés. Ceux qui ne respectent pas les paramètres fixés s'exposent à des sanctions pouvant aller jusqu'à dix ans d'interdiction.