Ses voeux pour 2025
Macron l'avoue enfin: il a raté sa dissolution (avant un référendum?)

Enfin un mea culpa: Emmanuel Macron a, lors de ses traditionnels vœux aux Français, reconnu l'échec de sa dissolution de l'Assemblée nationale. Avant d'annoncer qu'il consultera à nouveau les électeurs, sans indiquer comment...
Publié: 31.12.2024 à 20:58 heures
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Dernière mise à jour: 01.01.2025 à 07:52 heures
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L'avenir politique d'Emmanuel Macron dépend à court terme de son nouveau Premier ministre François Bayrou. Et vice versa...
Photo: keystone-sda.ch
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Richard WerlyJournaliste Blick

Emmanuel Macron l’a enfin avoué, après un clip vidéo – inédit pour des voeux présidentiels – rappelant les succès français de 2024: Il a raté sa dissolution de l’Assemblée nationale, décidée le 9 juin après la défaite de son parti aux élections européennes.

Enfin! Jusque-là, le président français s’était étonné de n’avoir pas été compris par ses compatriotes. Changement de registre en cette soirée du 31 décembre, après une courte vidéo montrant les succès de son pays en 2024, des Jeux olympiques à la réouverture de Notre-Dame de Paris. «Je dois bien reconnaître que la dissolution a apporté davantage de divisions que de solutions» a-t-il reconnu. Et d’ajouter: «La lucidité et l’humilité commandent de reconnaitre qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité qui en a résulté et j’en prends toute ma part».


L’annonce la plus importante contenue dans ses courts vœux présidentiels de moins de dix minutes est toutefois intervenue à la fin de son intervention. «En 2025, je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets. Chacun d’entre vous aura un rôle à jouer. Chacun d’entre vous est nécessaire» a asséné Emmanuel Macron, ouvrant la voie à un retour aux urnes.

Référendum en vue

Une nouvelle dissolution de l’Assemblée sera possible à partir de juillet 2025, un an après la précédente. A-t-il envie de renvoyer à nouveau les députés devant leurs électeurs? Ou se dirige-t-il vers un ou plusieurs référendums? Ce n’est pas la première fois que le chef de l’Etat, le dos au mur depuis sa dissolution, envisage une votation populaire, qu’il peut décider dans les termes et les domaines définis par l’article 11 de la Constitution.

Pas d’indication cette fois sur le ou les sujets éventuels. Le flou est de mise, mais s’il tient parole, l’année 2025 ne sera donc pas sans échéance électorale. Un sujet de société comme la fin de vie, sur laquelle un projet de loi est actuellement débattu? Une modification constitutionnelle permettant d’instaurer le scrutin proportionnel pour remplacer l’actuel mode de scrutin majoritaire, soutenu par une majorité de partis politiques? Un projet de loi sur l’immigration?

Le risque d’une telle consultation est en tout cas énorme pour le locataire de l’Elysée qui pourrait se retrouver encore une fois désavoué. Point d’histoire: un référendum en 2025 interviendrait d’ailleurs symboliquement vingt ans après celui de 2005 sur le projet de Constitution européenne, rejeté par 54,6% des électeurs. Avant que le président Nicolas Sarkozy, élu deux ans plus tard, ne signe le Traité de Lisbonne qui reprend plusieurs points du projet constitutionnel…

Sursaut européen

Macron repenti sur sa dissolution et converti à la démocratie directe? Peut-être. Sur un point en revanche, sa conviction reste intacte. C’est à un sursaut européen que le président français a appelé. «L’Europe ne peut plus déléguer sa défense. Il nous faut le réveil européen et aller plus vite» a-t-il affirmé, citant la guerre en Ukraine et au Proche Orient, et insistant sur la nécessité pour les pays de l’Union européenne d’apporter les solutions exigées par un «monde qui avance très vite et bouscule nos certitudes».

Souveraineté militaire. Indépendance. Les thèmes évoqués résonnaient avec le clip diffusé au début et riche en images des réussites sportives de 2024, et des commémorations du 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie.

Juste avant, le président français avait remercié les quatre Premiers ministres qui se sont succédé en 2024, dont Michel Barnier, renversé par une motion de censure début décembre pour la première fois depuis soixante ans. Son credo? L’année qui s’ouvre doit être, pour Emmanuel Macron, celle du «ressaisissement collectif». La formule gagnante selon lui? « Les bons compromis pour prendre les bonnes décisions au service des Français».

«Compromis». Le mot est lâché. Bousculé, arc-bouté sur son refus de démissionner avant la fin de son mandat en mai 2027 malgré la pression des partis comme le Rassemblement national ou La France Insoumise (gauche radicale), Emmanuel Macron mise en somme sur le goût supposé des Français comme un ultime recours.

Dans un pays fracturé et écartelé par les extrêmes, ce vœu-là apparait pour l’heure, ni plus ni moins, comme une mission impossible.

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