Fin de son procès
Les victimes présumées de Depardieu le haïssent encore plus

L'acteur français Gérard Depardieu a validé durant son premier procès la stratégie de rupture de son avocat. Lequel a harcelé les victimes présumées et leurs avocates. Au risque de se faire encore plus détester?
Publié: 28.03.2025 à 18:03 heures
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Dernière mise à jour: 28.03.2025 à 20:17 heures
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Gérard Depardieu en a fini avec son promier procès pour «agressions sexuelles».
Photo: IMAGO/Bestimage
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Richard WerlyJournaliste Blick

Elles se sentent outragées. Salies. Mises plus bas que terre durant cette semaine d’audience que toutes qualifient comme «bien plus éprouvante» qu’elles ne l’avaient anticipé. Les deux accusatrices de Gérard Depardieu et leurs avocates respectives l’avouent: elles sortent laminées de ce procès dont le jugement, mis en délibéré, sera connu le 13 mai. 18 mois de prison avec sursis ont été requis contre l’acteur, pour «agressions sexuelles».

Gérard Depardieu, lui, a aussi manifesté son agacement durant la dernière journée d’audience devant le tribunal correctionnel, au palais de justice de Paris. De nouveau assis sur un cube de tournage qui lui sert de tabouret – comme une sorte de rappel aux parties civiles, qui l’accusent de les avoir agressées sexuellement sur le plateau des «Volets Verts» en 2021 – l’acteur a sans doute compris que ces deux derniers jours ont plutôt desservi son image. Lui, seul face au président du tribunal et aux deux assesseurs, n’a pas haussé le ton.

Avocat et invectives

Son défenseur, Me Jérémie Assous, a en revanche continué dans les invectives lors de sa plaidoirie. Objectif: démonter la procédure, l’accusation, et les témoignages apportés par celle-ci. Les deux femmes qui accusent son client se sont retrouvées qualifiées de «fausses victimes» ou encore de «menteuses décérébrées». Pas question, pour cet avocat virulent, de faire preuve d’empathie.

Au final? Un bilan bien inquiétant pour celui qui, à l’écran, a incarné des héros vaillants comme Cyrano de Bergerac. Arrivé chaque jour au bras de son garde du corps, installé au premier rang sur son cube avec plusieurs bouteilles d’eau à proximité, Gérard Depardieu a joué son personnage, sans parvenir à en sortir. Il affirme que tous ses gestes ont été mal interprétés. Et que la grossièreté de ses propos relevés dans la procédure est, chez lui, une habitude héritée d’une autre époque.

Au tribunal de juger

Soit. Ce sera au tribunal de juger, après l’avoir longuement laissé parler, et avoir accordé à son avocat une très grande latitude, contestée par la défense des parties civiles. L’une des avocates des présumées victimes l’affirme: une «victimisation secondaire» a eu lieu durant ce procès. Les plaignantes ont été humiliées. Au point d’évoquer «un traumatisme équivalent à l’agression elle-même».

Le jugement et la peine choisie diront si la stratégie de l’acteur, qui sera de nouveau convoqué par la justice pour répondre aux accusations de l’actrice Charlotte Arnould, va s’avérer payante. Cette dernière était dans la salle lors de ce premier procès. Et l’avocat de Depardieu l’a verbalement agressé. Se retrouve-t-elle ainsi fragilisée, avant de venir à la barre lors d’un second procès, pour témoigner des deux viols qu’elle dit avoir subi de la part de l’acteur?

Victimisation secondaire

Me Jérémie Assous, le défenseur de Depardieu, nie en bloc cette «victimisation secondaire». Pour lui, ce premier procès devait d’abord montrer que son client n’est pas «socialement mort», et qu’il compte bien se défendre. Son raisonnement? L’objectif des femmes qui l’accusent est de «tuer» Depardieu. La seule façon de leur résister est donc de mener la contre-attaque, même violente. 

Elles se sentent utilisées, broyées, et maintenant un peu livrées en pâture au public. Gérard Depardieu s’est comporté comme un accusé sûr de ses gestes, de son droit, et de son jugement. Son angle d’attaque a été de mettre en cause le professionnalisme de ses deux femmes, familières des tournages. Mérite-t-il, pour ce qu’il estime être des contacts physiques sans caractère sexuel, d’être condamné à 18 mois de prison avec sursis? Cela justifie-t-il d’être inscrit sur le fichier des délinquants sexuels?

Le personnage Depardieu

Depardieu a joué son personnage. Il a pris les risques qui vont avec. Crânement. Et il s’en est finalement justifié. «J’ai été très impressionné. Je voulais vraiment assister à mon procès. Ça fait trois ans que l’on me traîne dans la boue par des calomnies, des mensonges, qui me rongent mon sang, mon désir et ma communication avec des êtres de tous âges, a-t-il expliqué en fin de procès. Là, j’ai pris une leçon, je le vois. Tout ce que vous écoutez et tout ce que vous supportez de bagarre, des choses que j’ai vues, insensées, et qui peut être, un jour, me serviront pour un personnage. C’est très riche comme enseignement pour un acteur, très riche d’observer Monsieur le procureur, la police, tout ce tribunal, le public, la presse.»

Avant de conclure: «C’est comme si on était dans un film de science-fiction, sauf que ce n’est pas de la science-fiction, c’est la réalité, c’est la vie. Je ne suis pas vieux ni même patriarche. J’ai des enfants jeunes, des femmes jeunes, je suis jeune. Je vous remercie de tout mon cœur, Monsieur le président et mesdames les assesseures. J’ai pris une très belle leçon. Et je remercie Me Assous véritablement et les autres avocates qui, elles aussi, m’ont donné des leçons si un jour, s’il me vient l’idée d’interpréter un avocat Merci beaucoup.»

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