Élections de mi-mandat en Géorgie
Herschel Walker, l'ex-star de NFL, peut faire basculer la politique américaine

Trump est son plus grand fan, Biden son ennemi: l'ex-star de NFL Herschel Walker pourrait assurer une majorité républicaine au Sénat en cas de victoire électorale dans l'Etat de Géorgie. Blick a rencontré l'homme qui pourrait mettre Washington sens dessus dessous.
Publié: 04.11.2022 à 20:35 heures
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L'ex-star de NFL et nouveau venu en politique pourrait récupérer un siège de sénateur mardi en Géorgie et renverser la majorité au Sénat en faveur des républicains.
Photo: IMAGO/USA TODAY Network
Samuel Schumacher, Richmond Hill (USA)

Le parcours d'Herschel Walker se lit comme la biographie d’un superhéros incarné. Etudiant, il était le meilleur joueur de football américain des États-Unis. Puis, il a joué pendant quinze ans en National Football League (NFL). Après sa carrière en NFL, il a décroché la 7e place en bobsleigh aux Jeux olympiques d’hiver de 1992, s’est lancé à 47 ans comme professionnel dans le sport de combat de MMA, et a couru le 100 mètres en 10,22 secondes. Il est également le père d'au moins quatre enfants, qu'il a eu avec au moins quatre femmes. Et côté de ses exploits sportifs, il a gagné des millions en tant qu’entrepreneur dans le domaine de la restauration.

Aujourd’hui, l’homme qui ressemble à Mike Tyson, sans les tatouages, se tient sur un parking devant un centre commercial de Richmond Hill, une petite ville du sud de l’État de Géorgie. Derrière lui, des adolescents du lycée local brandissent des banderoles «Herschel for Senate», tandis que devant lui, des centaines de fans hurlent. «Toute ma vie n’a été qu’une préparation à la guerre sainte que nous devons mener maintenant», lance Herschel Walker à la foule.

La voix est grave, les dents brillent d’un blanc éclatant sous le chaud soleil de novembre, le t-shirt est tendu sur sa poitrine musclée. «Rappelez-vous: j’ai participé aux Jeux olympiques d’hiver en tant que bobeur, bien qu’il n’y ait pas de neige du tout dans ma Géorgie natale, crie l'ex-joueur de NFL. J'ai quand même réussi, alors je réussirai ici aussi!»

Un candidat capable de faire pencher la majorité

La course au Sénat d'Herschel Walker est peut-être la course la plus importante des élections de mi-mandat («midterms») de cette année aux États-Unis. Ces élections renouvellent toute la Chambre des représentants (la chambre basse) et un tiers du Sénat (la chambre haute). Les deux chambres sont actuellement entre les mains du président Joe Biden, car à majorité démocrate.

Si Herschel Walker remporte la course au Sénat en Géorgie contre le pasteur démocrate Raphael Warnock, il est très probable que le Sénat revienne aux républicains. Dans ce cas de figure, Joe Biden serait politiquement paralysé. Son parti aurait les mains liées. Washington serait, de ce fait, à l’arrêt. Les républicains auraient toutes les chances de triompher lors des élections présidentielles dans deux ans.

Plus de 100 millions de dollars dépensés pour cette campagne

L’enjeu du second tour en Géorgie est donc de taille. Les deux partis ont déjà dépensé plus de 130 millions de dollars dans la campagne électorale locale pour le siège de sénateur. Tout l’Etat est recouvert d’affiches publicitaires des deux candidats. L’ancien président Barack Obama a même fait spécialement le déplacement pour soutenir l’adversaire d’Herschel Walker.

Les pronostics annoncent un résultat extrêmement serré – comme lors des élections présidentielles de 2020, où Donald Trump avait perdu contre Joe Biden en Géorgie (10,8 millions d’habitants) pour à peine 11’000 voix.

«Je vais emménager à Washington avec Jésus-Christ»

Herschel Walker n’est entré en politique qu’en 2021, à la demande directe de Donald Trump. Le président déchu a ordonné à l'ancienne star de NFL: «Run, Herschel, Run!» Et Herschel Walker a suivi.

La recette avec laquelle le néo-politicien veut marquer un «touchdown» politique lors de sa toute première tentative est très simple: il se présente comme un opposant radical à l’avortement et comme quelqu'un qui souhaite ramener les «valeurs chrétiennes» à Washington. Sur le parking de Richmond Hill, il déclare: «Je vais déménager à Washington – avec Jésus-Christ!» Autour de son cou, il laisse apparaître bien en évidence un collier en argent de l'archange Gabriel.

Aucune solution concrète proposée

Son apparition mardi après-midi est un mélange fascinant et confus de séance d’autographes, de prédication chrétienne et de bavardage politique de comptoir. Il ne présente pas de solutions concrètes aux problèmes des ménages américains (notamment l'inflation à 8%). En revanche, l'entrepreneur millionnaire met en garde ses concitoyens contre le fait de tomber dans les «fausses promesses» des démocrates. «Ils vous emmènent directement en enfer», dénonce-t-il.

Accusé d'avoir forcé ses petites amies à avorter

Mais lui-même n'a rien d'un ange. Deux de ses ex-petites amies lui reprochent de les avoir forcées à avorter contre leur gré. Herschel Walker nie tout en bloc. Et de toute façon: «Nous avons tous une histoire. Mais moi, je me suis lavé dans le sang de Jésus-Christ. Dieu m’a pardonné», s'exclame le sexagénaire.

À l'instar de Donald Trump, Herschel Walker s'est déjà montré à plusieurs reprises sceptique vis-à-vis de la science. Il a par exemple récemment déclaré: «La science veut nous faire croire que nous descendons des singes. Mais si c'est vraiment vrai: pourquoi y a-t-il encore des singes?»

Le message d’Herschel Walker aux lecteurs de Blick

Au cours de la campagne électorale, le candidat à l’un des postes les plus puissants du pays le plus puissant du monde a appris à renoncer à faire des déclarations sur des sujets qu'il ne maîtrise pas.

Sur le parking de Richmond Hill, l'ex-superstar s’en tient donc à son message principal: Dieu veut qu’il se présente. Il se présente donc. Et puisque Dieu le veut, il va réussir.

Herschel Walker s’adresse à la foule pendant moins de 20 minutes, puis c’est le moment de serrer des mains, sourire aux caméras, prendre des selfies. Le sexagénaire accorde également 20 secondes de son temps au journaliste de Blick. La poignée de main: ferme. Le sourire: large. La musique des haut-parleurs en arrière-plan: forte.

«Monsieur Walker, si vous êtes élu sénateur, avez-vous l'intention de maintenir une position stricte et dure à l'encontre de Vladimir Poutine?», crie-je à l'oreille du candidat. Sa réponse: «Chers amis, quand je serai au Sénat, je protégerai le monde! Dieu est avec nous.» Les résultats des élections de mardi diront s'il avait tort ou raison.


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