Ni Donald Trump, ni Joe Biden ne figurent sur les listes électorales le 8 novembre. Pourtant, les élections américaines de mi-mandat (midterms) scelleront le destin politique d’au moins l’un de ces deux hommes puissants. Quelque 170 millions d’Américains en âge de voter sont appelés mardi prochain à renouveler les 435 sièges de la Chambre des représentants (le Conseil national des États-Unis) et un tiers des 100 mandats du Sénat (le Conseil des États américain).
Pour ce faire, 36 États au total élisent leur chef de gouvernement local (gouverneur). Selon les sondages, les démocrates pourraient perdre leur majorité dans les deux chambres du parlement national (Congrès). Le président Biden perdrait ainsi une grande partie de son pouvoir de décision et deviendrait un «lame duck», (littéralement «canard boiteux») pour les deux années restantes de son mandat.
Cela aurait des conséquences internationales. Ainsi, le maintien du soutien américain à l’Ukraine serait en péril. De leur côté, si les républicains perdaient, ce serait une défaite retentissante pour Trump, qui parcourt actuellement le pays pour soutenir les candidates et candidats de son parti. Voici les cinq personnes qui seront sous les feux de la rampe.
Herschel Walker: le chouchou de Trump
Dans son État d’origine, la Géorgie, l’ancienne superstar du football américain Herschel Walker, 60 ans, est une légende. Il a couru les 100 mètres en 10,22 secondes, obtenu la 7e place en bobsleigh aux Jeux olympiques d’hiver de 1992 et a remporté son premier combat de «Mixed Martial Arts» (MMA) à 47 ans. Mais l’ex-sportif d’élite souhaite désormais gagner sur le ring politique. Son but: se présenter dans l’État très disputé de Géorgie, afin de ravir le siège de sénateur au démocrate Raphael Warnock. Si Herschel Walker gagne, les républicains pourraient reprendre le dessus dans la petite chambre. L’homme se lance dans la course avec une politique anti-IVG radicale, bien qu’il soit lui-même accusé par plusieurs ex-partenaires de les avoir forcées à avorter. Herschel Walker reste toutefois largement soutenu puisque ce n’est autre que l’ancien président Donald Trump en personne qui l’a motivé à se lancer dans la course au Sénat.
Kari Lake: l’ex-présentatrice télé
Le gros atout de la républicaine Kari Lake? Elle sait convaincre un public. Eh oui, la femme de 53 ans est forte d'une expérience professionnelle de 22 ans sur la chaîne de télévision KSAZ-TV en Arizona. La journaliste télé a d'ailleurs aussi bien interviewé Barack Obama que Donald Trump. Elle connaît si bien le jeu des politiques qu'elle n'a pas hésité à retourner sa veste. En effet, jusqu’à la campagne présidentielle de Trump, la journaliste était une démocrate convaincue. Ce n'est plus le cas aujourd'hui... La journaliste est en bonne voie pour être élue gouverneure de l’État du Grand Canyon. Elle serait ainsi chargée de superviser l’organisation des élections présidentielles de 2024 en Arizona, un swing state très disputé. Cela inquiète les démocrates puisqu’on prête à Kari Lake des ambitions présidentielles farouches, même si cela implique un changement de camps.
John Fetterman: le géant démocrate
Avec ses sweats à capuche et ses tatouages, le géant de Pennsylvanie (2 mètres 3) ne semble pas à sa place parmi la foule de politiciens en costard cravate. Pourtant, l’homme de 53 ans ne plaisante pas avec sa candidature au Sénat. Il s’est rendu célèbre après les élections présidentielles américaines de 2020, lorsqu’il a violemment rejeté les accusations de fraude électorale de Trump à l’adresse de son État d’origine, la Pennsylvanie. De manière générale, John Fetterman n’apprécie guère les diatribes des puissants et s’engage en faveur des préoccupations des «petites gens»: il veut augmenter le salaire minimum à 15 dollars de l’heure et déclarer l’assurance maladie comme étant un droit humain. Cette dernière cause a pris une signification très personnelle pour lui en mai puisqu'il a été victime d’un AVC.
J. D. Vance: la star de Netflix
Celui qui, à 38 ans, a déjà publié une autobiographie adaptée par Netflix («Hillbilly Elegy», 2020), a plus d’une corde à son arc. Malgré une enfance précaire et difficile en Ohio, il s’est battu pour gravir les échelons, a servi comme soldat en Irak et est devenu un investisseur fortuné. Il a d’ailleurs dépensé au moins 66 millions de dollars dans la campagne électorale pour ses débuts politiques. En plus de ce financement non négligeable, ce républicain ultra-conservateur peut profiter du soutien de Donald Trump. S’il gagne, cela pourrait avoir une influence décisive sur les rapports de force au parlement national.
Kamala Harris: la vice-présidente
Les midterms signifient selon toute vraisemblance une perte de pouvoir pour le bras droit de Biden. En effet, la première vice-présidente de l’histoire américaine ne figure sur aucun bulletin de vote... La Californienne de 58 ans risque donc de disparaître définitivement dans les coulisses de Washington. Ses dossiers (migration et réforme électorale) semblent lui échapper: jamais autant de migrants n’ont franchi la frontière américano-mexicaine (plus de 2,3 millions cette année) – et le débat sur la loi électorale n’intéresse guère ce pays en proie à l’inflation. Ce manque de popularité se reflète d’ailleurs dans les sondages puisqu'un seul Américain sur trois estime que la vice-présidente fait du bon travail.
(Adaptation: Valentina San Martin)