C’est principalement aux Etats-Unis que l’Ukraine doit ses succès face aux troupes russes. Le président démocrate Joe Biden — soutenu par le Congrès, également aux mains des progressistes — multiplie les livraisons d’armes et d’équipements militaires. Pour une valeur totale d’au moins 53 milliards de dollars à ce jour.
Mais la donne pourrait changer en cas de victoire des conservateurs lors des élections de mi-mandat du 8 novembre, durant lesquelles l’ensemble de la Chambre des représentants sera renouvelé, ainsi qu’un tiers du Sénat. Kevin McCarthy, leader de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, a d’ailleurs déjà annoncé que, en cas de victoire de son parti, il s’attaquera à l’aide financière destinée à l’Ukraine. Motif: aux yeux de la droite étasunienne, cet argent rendrait service à la population américaine en cette période de crise.
Dans l’histoire contemporaine, les midterms auront rarement été aussi décisives, avertit Marco Steenbergen, professeur en sciences politiques à l’Université de Zurich et spécialiste des Etats-Unis, contacté par Blick. «C’est le Congrès qui tient les cordons de la bourse, appuie-t-il. S’ils devenaient majoritaires, les républicains pourraient donc sérieusement mettre des bâtons dans les roues à Joe Biden. Et l’Ukraine aurait alors un gros problème.»
«Trump partage certains objectifs de Poutine»
D’autres relativisent. Comme Manfred Berg, professeur d’histoire américaine à l’Université de Heidelberg, en Allemagne: «De nombreux républicains considèrent que l’agression russe s’inscrit dans la continuité de la guerre froide et soutiennent ainsi l’aide à l’Ukraine. L’aile isolationniste du parti, qui cultive une certaine affinité pour Vladimir Poutine, ne donne pas forcément le ton sur cette question.» Selon les sondages, démocrates et républicains sont au coude-à-coude: les premiers sont crédités de 45,3% d’intention des votes, les seconds de 45%.
La situation pourrait en revanche devenir vraiment désastreuse si Donald Trump était réélu président en 2024. Les deux experts s’accordent sur ce point. «Donald Trump admire Vladimir Poutine, étaie Marco Steenbergen. Il partage aussi certains de ses objectifs, comme celui d’affaiblir l’Union européenne. Résultat, il ne fait aucun doute qu’il réduirait l’aide destinée à l’Ukraine à la première occasion et ferait probablement imploser l’OTAN.»
Manfred Berg va même plus loin. «Pour l’Europe, les conséquences d’une réélection de Donald Trump seraient fatales, ose-t-il. S’il revenait au pouvoir dans deux ans, ce serait un désastre tant sur le plan de la politique intérieure qu’extérieure des Etats-Unis et ce serait une aubaine pour Vladimir Poutine.»