Une amitié sans frontières. C’est ainsi que le président chinois, Xi Jinping, décrivait sa relation avec son homologue russe, Vladimir Poutine. Mais ça, c’était avant l’invasion de l’Ukraine par les troupes du Kremlin. Plus la guerre avance, plus Pékin semble prendre ses distances avec Moscou. Et des voix critiques commencent à se faire entendre. «Les actions russes durant cette guerre montrent que son aventure militaire est irréfléchie et que les forces armées conventionnelles de Moscou sont faibles», charge par exemple Shi Yinhong, professeur de relations internationales à l’Université du Peuple (Renmin) à Pékin, cité par l’agence de presse allemande DPA.
Autre indice du refroidissement du lien entre la Chine et la Russie: une conférence de presse en marge du 20e congrès du Parti communiste à Pékin, qui se terminera ce 22 octobre. Premièrement, les responsables de la politique étrangère chinoise n’ont pas fait mention de leur «amitié sans frontières» avec la Russie. Et surtout, contrairement à l'usage, aucun journaliste russe n’a eu le privilège de poser la deuxième ou troisième question sur le partenariat entre Pékin et Moscou.
Xi Jinping pensait-il que la guerre se terminerait rapidement?
Lors d’une rencontre avec Xi Jinping durant ce mois d’octobre, Vladimir Poutine avait déjà reconnu que des «inquiétudes et des questions» émergeaient du côté de la Chine, notamment parce qu’il exige beaucoup de Pékin. Avec les derniers revers des forces russes sur le champ de bataille et l’annexion de territoires ukrainiens occupés validée par des référendums qualifiés de «fictifs» par les Occidentaux, le soutien de l’Empire du Milieu s’est encore effrité, analyse Shi Yinhong.
Xi Jinping pourrait bien avoir fait une erreur de jugement au début du conflit en Ukraine. «Il pensait sûrement que la guerre se terminerait rapidement, avance Richard McGregor, du Lowy Institute, think thank australien spécialisé en politiques internationales, réputé de droite. Mais il est trop tôt pour dire si les Chinois estiment eux-mêmes avoir fait une erreur d’appréciation. Je pense toutefois que c’est le chemin qu’ils sont en train de prendre.»
Toujours selon ce même spécialiste, le gouvernement chinois serait «extrêmement inquiet». «Une Russie affaiblie de toutes parts n’est pas utile à la Chine, souligne Richard McGregor, également cité par l’agence de presse allemande DPA. En soi, la Chine n’a rien contre le fait que la Russie soit le partenaire le plus faible de leur alliance, mais elle ne veut pas d’une Russie trop faible non plus.»
(Avec ATS)