Un lieu symbolique. Un discours pour «tourner définitivement la page Trump». Ce mardi 29 octobre, Kamala Harris a choisi l’Ellipse, l’esplanade en contrebas du Capitole à Washington, pour prononcer un discours destiné à démontrer que son adversaire veut, ni plus ni moins, en finir avec la République et la démocratie américaine.
«C’est lui qui, il y a près de quatre ans, s’est tenu à cet endroit précis et a envoyé une foule armée au Capitole des Etats-Unis pour renverser la volonté du peuple lors d’une élection libre et équitable – une élection qu’il savait avoir perdue», a asséné la vice-présidente, en avance d’un petit point dans les sondages nationaux sur Donald Trump, à six jours de l’élection du 5 novembre.
Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.
Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!
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Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.
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L’objectif, évidemment, était d’imprimer dans la tête des électeurs encore indécis l’image d’un Trump plus dangereux que jamais. Opération réussie? Pas si sûr. Voici pourquoi.
Le 6 janvier 2021, la guerre des mots
Comment redire les faits dans le climat incendiaire de cette fin de campagne américaine? La chronologie de ce mardi parle d’elle-même. Au moment où Kamala Harris s’avançait sur l’Ellipse pour prononcer son discours, Joe Biden a dérapé en qualifiant les supporters actuels de Donald Trump «d’ordures».
Il réagissait aux propos prononcés sur Porto Rico dimanche au Madison Square Garden de New York, qualifié par un orateur pro-Trump «d’île d’ordures flottante». «Les seules ordures que je vois circuler sont celles ses partisans. Sa diabolisation des Latinos est inadmissible et anti-américaine. C’est totalement contraire à tout ce que nous avons fait, à tout ce que nous avons été». De quoi raviver le souvenir cuisant de 2016, lorsqu’Hillary Clinton avait moqué les «déplorables» électeurs trumpistes.
Le 6 janvier 2021, «jour de l’amour»
Le candidat républicain a retenu la leçon de son ancien mentor, l’avocat new-yorkais ultra-réactionnaire Roy Cohn, héros du film «The Apprentice». Toujours attaquer. Toujours nier. Et ne prêter aucune attention aux faits.
Lors de son discours sur l’Ellipse, Kamala Harris a pointé la responsabilité directe de l’ancien président dans l’assaut du 6 janvier. «Amérique, ce n’est pas un candidat à la présidence qui réfléchit à la manière d’améliorer votre vie. C’est quelqu’un d’instable, obsédé par la vengeance, rongé par les griefs et en quête d’un pouvoir incontrôlé» a-t-elle lancé.
Mais comment convaincre les Américains qui croient, eux, les affirmations de Donald Trump répétées le 17 octobre à Miami. «Il n’y a rien eu de mal du tout. Nous n’avions pas d’armes. Les autres avaient des armes, mais nous n’en avions pas. Et quand je dis «nous», il s’agit des personnes qui ont marché. C’était un jour d’amour.»
Le 6 janvier 2021, bientôt quatre ans
Les électeurs Américains sont comme les autres: ils ont la mémoire courte. Le 6 janvier 2021 a eu lieu il y a quatre ans, alors que la pandémie de Covid-19 tétanisait encore la planète. La commission d’enquête du Congrès a rendu son rapport le 23 décembre 2022.
Ce document de 814 pages a été rédigé après l’audition de 1000 témoins, 10 audiences et des millions de pages de données. Pendant 18 mois, l’insurrection a été passée au peigne fin. Conclusion: «La cause centrale du 6 janvier était un homme, l’ancien président Donald Trump, que beaucoup d’autres ont suivi. Aucun des événements du 6 janvier ne se serait produit sans lui.» Mais depuis, quatre années se sont écoulées.
Le 6 janvier 2021, proie des complotistes
Le problème, pour Kamala Harris, est que les événements du 6 janvier 2021 alimentent depuis quatre ans une masse de fausses nouvelles et de théories complotistes. «Loin d’avoir calmé cette dynamique ou apeuré les Américains au sujet du complotisme, l’assaut du Capitole et l’enquête parlementaire qui a suivi ont au contraire nourri le soupçon et la défiance envers le pouvoir», note l’universitaire français Corentin Sellin, interrogé par France Info.
Médias, influenceurs complotistes, et bien sûr le mouvement QAnon continuent d’alimenter l’idée d’un vol de l’élection. Ils sont dans le sillon du mouvement «Stop the steal» né après le résultat du vote.
Le 6 janvier 2021, quel bilan?
Les données sont disponibles sur le site internet du Département américain de la justice. Plus de 950 individus soupçonnés d’avoir participé à l’assaut du 6 janvier ont été arrêtés. 284 personnes ont été accusées d’avoir agressé, résisté ou entravé des officiers ou des employés. 99 ont été accusées d’avoir utilisé une arme mortelle ou dangereuse ou d’avoir causé des blessures corporelles graves.
Environ 140 policiers ont été agressés le 6 janvier au Capitole, dont environ 80 de la police du Capitole et environ 60 du département de la police métropolitaine. Sept personnes au total ont perdu la vie à la suite de ces émeutes, dont quatre lors des confrontations du 6 janvier.