Des invités, mais pas de golf
Fini la Maison-Blanche, c'est à Mar-a-Lago que tout se passe avec Trump

Le président élu se rendra mercredi 13 novembre à la Maison-Blanche pour rencontrer Joe Biden. Mais c'est à Palm Beach, en Floride, que sa présidence est déjà installée
Publié: 11.11.2024 à 04:16 heures
|
Dernière mise à jour: 11.11.2024 à 08:01 heures
1/5
Sur le point qui relie au continent l'île ou se trouve Mar-a-lago, les curieux se relaient depuis le 5 novembre.
Photo: keystone-sda.ch
Blick_Richard_Werly.png
Richard WerlyJournaliste Blick

Le «Palm Beach Post» est ravi. Pour le quotidien de ce Comté de Palm Beach en Floride, plus grand que les cantons de Vaud et Neuchâtel réunis, tout est reparti comme en 2016. Mais en bien mieux. «Donald Trump a 78 ans. Il sait que les élites de Washington le détestent. Il passera bien plus de temps dans sa 'Maison Blanche hivernale' que durant son premier mandat» prédit Antonio Fins, l’un des reporters du journal. De fait: tout semble indiquer que le golf du milliardaire, à Mar-a-Lago, est déjà l’épicentre du pouvoir aux Etats-Unis, avant même l’investiture officielle de son propriétaire, le 20 janvier 2025, sur les marches du Capitole.

Blick in the USA, l'Amérique vue par notre envoyé spécial

Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.

Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.

Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!

Chaque matin jusqu’à la mi-novembre, je prends pour vous le pouls de l’Amérique. Un rendez-vous écrit sur le terrain, là où se joue le duel entre Donald Trump et Kamala Harris.

Et pas n’importe quel terrain: d’ici au 5 novembre, date de l’élection présidentielle, c’est sur les routes, entre Chicago, où Kamala Harris a été investie par la convention démocrate à la mi-août, et Mar-a-Lago, le fief de Donald Trump en Floride, que je rédigerai ces chroniques matinales en cinq points. En plus: une série de reportages à ne pas manquer et des vidéos et photos de mon collègue Pierre Ballenegger.

Vous faites partie de ceux qui pensent que notre avenir se joue aussi le 5 novembre, de l’autre côté de l’Atlantique? Alors ne ratez pas ces chroniques. Partagez-les. Et réagissez!

C’est à Mar-a-Lago (Entre la mer et le lac, en espagnol) que la nouvelle Chief of staff nommée par Trump, Susie Wiles, travaille à plein temps. Plusieurs villas font déjà office de «Maison Blanche bis» poursuit le «Palm Beach Post», d’ordinaire bien informé. 

L’une d’entre elles, consacrée à la transition avec l’équipe sortante de Joe Biden, abrite depuis plusieurs semaines les bureaux des deux personnes en charge: Howard Lutnick, patron de la banque d’investissement Cantor Fitzgerald et Linda Mc Mahon, une femme d’affaires, ancienne vice-présidente de la Fédération américaine de catch. Détail amusant: Linda Mc Mahon connaît bien la Suisse où elle s’est rendue très jeune dans le cadre d’un échange entre sa ville natale de New Bern, en Caroline du Nord, et Berne, la capitale de la Confédération.

L’investiture, moment décisif

Le pavillon le plus visité du moment, où les invités se précipitent après avoir passé les contrôles de sécurité des équipes du sheriff, puis du Secret Service en charge de la sécurité du président élu, est toutefois celui occupé par Susie Wiles et par le tandem nommé par Donald Trump pour superviser sa prestation de serment devant. Il le fera devant le président de la Cour Suprême, John G. Roberts (nommé par Georges W. Bush en 2005), le magnat de l’immobilier Steve Witkoff et l’ancienne sénatrice de Géorgie Kelly Loeffler. 

«Ce sera le coup d’envoi de mon administration, qui tiendra les promesses audacieuses de rendre à l’Amérique sa grandeur. Ensemble, nous célébrerons ce moment, imprégné d’histoire et de tradition, puis nous nous mettrons au travail pour réaliser l’avenir le plus incroyable pour notre peuple, en restaurant la force, le succès et le bon sens dans le bureau ovale» peut-on lire dans le communiqué signé Trump-Vance.

J.D. Vance justement. L’actuel Sénateur de l’Ohio, qui sera à 40 ans le vice-président de Donald Trump, vient aussi de passer plusieurs jours à Mar-a-Lago où il a été le seul des deux hommes à fouler le green du domaine, dans le vent qui sévit sur la Floride depuis une semaine. Il y a notamment tapé dans la balle avec le Sénateur de l’État Marco Rubio, considéré comme un potentiel secrétaire d’État, après la décision surprise de Trump d’écarter l’ancien titulaire du poste durant son premier mandat, Mike Pompeo. 

Le site Semafor, très bien informé, a déjà quelques indiscrétions: «Lutnick et Mc Mahon ont demandé à certains acteurs de l’entourage de Trump de proposer des noms et d’examiner les personnes susceptibles d’être nommées à différents postes au cours des deux derniers mois et demi, selon deux personnes qui ont décrit les rouages de l’opération. Parmi ces personnes, on trouve le gendre de Trump, Jared Kushner, le donateur et financier Omeed Malik, et Elon Musk, qui a assisté à plusieurs réunions récentes de la transition.»

La CIA, la Justice, le Trésor

«Trump et son équipe se concentrent déjà sur plusieurs postes de premier plan, notamment ceux de secrétaire d’État, de directeur de la CIA, de ministre de la Justice et de secrétaire au Trésor poursuit Semafor. Marco Rubio est considéré comme un candidat de premier plan, tout comme l’ancien directeur national du renseignement de Trump, Richard Grenell, ainsi que le sénateur républicain du Tennessee Bill Hagerty. 

La transition n’en est qu’à ses débuts en ce qui concerne d’autres postes, tels que celui de secrétaire au Trésor. L’investisseur Scott Bessent, qui a rencontré Donald Trump vendredi 8 novembre, et le gestionnaire de fonds spéculatifs milliardaire John Paulson sont considérés comme les deux principaux candidats. Mais l’ancien chef de la SEC Jay Clayton et le PDG d’Apollo Marc Rowan ont également fait l’objet de discussions.

Et la vie quotidienne à Mar-a-Lago? Très surveillée, c’est le moins qu’on puisse dire. Deux ans à peine après la découverte, lors d’une perquisition du FBI, de documents classifiés sur les armes nucléaires et les satellites espions américains stockés dans une salle de bains, le domaine est patrouillé par de vrais chiens, mais aussi par des chiens robots et des gardes armés à bord de bateaux. Une batterie de missiles antimissiles Patriot a été installée à proximité. L’avion de Trump, siglé de son nom, est gardé jour et nuit à l’aéroport de West Palm Beach d’où il décollera mercredi pour se rendre à Washington, où Joe Biden recevra son propriétaire.

Patienter à Palm Beach

Ceux qui n’ont pas encore été conviés, ou qui n’ont fait que passer quelques heures à Mar-a-Lago le soir de l’élection du 5 novembre, doivent attendre leur tour avant de pénétrer dans ce nouveau graal présidentiel. Ils patientent généralement dans deux hôtels luxueux de Palm Beach, le Ben Hotel et le Breakers, l’hôtel historique de cette ville fondée en 1911. L’ex-candidat Robert Kennedy loge lui au Ben. La représentante de Géorgie Marjorie Taylor Greene, connue pour ses théories complotistes et tout juste réélue, est quant à elle au Breakers. Tout comme Dana White, le patron de la chaîne de sports de combat UFC.

«En 2016, tout se passait à la Trump Tower à New York complète Antonio Fins, du «Palm Beach Post». Mais le monde a changé. Le covid est passé par là et Donald Trump est superstitieux: il aime les lieux qui riment avec victoire. C’est le cas à Mar-a-Lago où un homme armé a été arrêté le 13 octobre avant de potentiellement passer à l’acte. 

Trump fait en plus toute confiance au shériff Ric Bradshaw, réélu le 5 novembre pour la sixième fois sous l’étiquette démocrate. Alors que sur Washington planent les images d’un assaut que le président élu qualifie toujours de «journée de l’amour»: celui de ses partisans furieux, le 6 janvier 2021, contre le Capitole et la démocratie américaine.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la