Le franc suisse passe d’un record à l’autre face à l’euro. Jeudi après-midi, la monnaie unique descendait à 0,9607 franc, son niveau le plus bas en un peu plus de 20 ans d’histoire. Vendredi en début d'après-midi, elle baissait encore (0,9585). L’élément déclencheur de la faiblesse de l’euro est avant tout la forte inflation et la menace de récession dans l’espace économique commun.
Au début de l’année, l’euro valait encore 1,04 franc. Jusqu’à aujourd’hui, il a perdu plus de 9%. La plus grande glissade depuis la mi-juin a eu lieu après que la Banque nationale suisse (BNS) a augmenté son taux directeur de 50 points de base (pb) à moins 0,25 pb, non seulement de manière inattendue, mais aussi avec une ampleur inattendue. La BNS avait ainsi pris les marchés à contre-pied.
La BNS renforce le franc suisse
La BNS a justifié son action décisive avant tout par la lutte contre l’inflation, qui est de 3,5% au niveau national. Il est de son devoir de veiller à la stabilité des prix, et elle n'est pas loin de cet objectif: l'inflation est certes élevée à l'échelle suisse, mais assez bien contenue en comparaison internationale. Les gardiens de la monnaie ont ainsi assuré la confiance nécessaire auprès des acteurs du marché. Ainsi, le franc est une fois de plus à la hauteur de sa réputation de valeur refuge dans les périodes difficiles, explique-t-on dans le secteur.
Certes, la Banque centrale européenne (BCE) a également augmenté ses taux directeurs de manière inattendue de 75 points de base et a laissé entrevoir d’autres hausses de taux. Mais l’inflation dans la zone euro, qui s’élevait à 9,1%, est bien plus élevée. Et la hausse des prix menace d’y provoquer une spirale des prix salariaux. De plus, la forte hausse des prix de l’énergie et la guerre en Ukraine ont un impact plus important dans la zone euro qu’en Suisse.
Signes de récession
Les élections italiennes qui auront lieu dans un peu plus de dix jours inquiètent également les investisseurs. Un nouveau changement de gouvernement semble imminent. Et les réformes espérées pourraient ainsi être une fois de plus repoussées aux calendes grecques. C’est en tout cas ce que craignent les acteurs du marché.
De plus, l’euro est affecté par l’affaiblissement de la conjoncture. De plus en plus d’indicateurs laissent entrevoir une récession et de nombreux augures ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour la zone monétaire. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que des doutes surgissent à nouveau quant à la détermination de la BCE à lutter contre l’inflation record par de nouvelles hausses des taux d’intérêt en cas de menace de récession.
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Nouvelle hausse des taux directeurs attendue
Comme la BNS considère également le franc fort comme un bon moyen de lutter contre l’inflation, elle devrait à nouveau relever son taux directeur jeudi prochain. De nombreux experts s’attendent à une hausse de 75 points de base, d’autres n’excluent même pas un point entier.
En effet, la BNS ne se réunira ensuite qu’en décembre, alors qu'il reste à la BCE davantage de rendez-vous pour statuer. «Je ne serais donc pas surpris que la BNS ajoute un point plein jeudi, ce qui renforcerait encore le franc», a déclaré un trader.
(Avec ATS)