Une élue veut les sauver
Les ovules congelés il y a 10 ans sont en grand danger

Les ovules congelés il y a dix ans devront théoriquement être détruits cette année. Une intervention parlementaire demande maintenant une période de transition – au moins jusqu'à ce que la situation légale soit clarifiée.
Publié: 18.04.2024 à 09:49 heures
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Depuis 2014, les ovules peuvent être congelés pour une durée de dix ans.
Photo: imago images/Panthermedia
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Sara Belgeri et Karen Schärer

Un cancer, l'absence d'un partenaire adéquat ou simplement l'incertitude de savoir si l'on veut avoir des enfants: les raisons pour lesquelles une femme fait congeler ses ovules sont multiples.

La loi suisse autorise cette pratique depuis 2012. Brigitte Leeners est directrice de la clinique d'endocrinologie reproductive de l'hôpital universitaire de Zurich. Selon elle, la congélation des ovules a connu un succès croissant au fil des années. Au début, son établissement accueillait en moyenne une femme par mois. «En peu de temps, le nombre est passé à un traitement par semaine et actuellement, il dépasse largement la centaine par an», assure Brigitte Leeners.

Le délai de stockage arrive à échéance

La tendance est donc fortement à la hausse. Depuis 2014, les ovules congelés peuvent être conservés pendant dix ans – comme le veut la loi. Cela signifie donc que cette année, il faudrait détruire les ovules congelés à l'époque qui n'ont pas été utilisés.

L'expiration de ce délai inquiète la conseillère nationale des Vert'libéraux Katja Christ. Si cela ne tenait qu'à elle, il devrait être possible de conserver plus longtemps les ovules congelés. Car les choses sont en train de bouger sur le plan politique: une révision de la loi sur la procréation médicalement assistée, dans laquelle la congélation des ovules est également réglementée, est à l'étude.

Ovules non utilisés pour le don

A cela s'ajoute le fait que le Parlement a approuvé en 2022 la légalisation du don d'ovocytes. L'UDC et une partie du groupe parlementaire du Centre s'y étaient alors opposés en raison de préoccupations éthiques. En vain. Le Conseil fédéral est sommé de créer une base légale. Il doit ainsi fixer les conditions-cadres pour permettre aux couples mariés dont la femme est stérile de recourir au don d'ovules.

A ce titre, Katja Christ souhaite une période de transition. «Au moins jusqu'à ce que la réglementation légale soit claire». Elle a donc déposé une interpellation sur le sujet: «Il serait éthiquement douteux et, dans des cas individuels, dramatique que des ovules soient détruits à la limite de ce délai si une prolongation de celui-ci était décidée peu après», peut-on lire dans son intervention. Le Conseil fédéral est donc appelé, entre autres, à prendre position sur une prolongation provisoire du délai de dix ans.

Ovules données au lieu d'être détruites

Selon Brigitte Leeners, spécialiste de la médecine de la reproduction, le délai doit pouvoir être prolongé, en particulier pour les femmes qui ont fait congeler leurs ovocytes en raison de la menace d'une ménopause prématurée. «Pour ces femmes, les ovules congelés sont la seule possibilité d'avoir un enfant génétiquement propre», assure-t-elle. Chez certaines femmes, la ménopause précoce commence dès le début de la vingtaine. «Le délai actuel de dix ans oblige ces femmes à réaliser leur désir complet d'enfant à un âge où, souvent, ni les conditions personnelles ni d'autres conditions ne conviennent pour fonder une famille», déplore la médecin. 

Katja Christ estime qu'une période de transition est également judicieuse dans la perspective de la légalisation du don d'ovules. «Il est déjà clair que l'un des principaux problèmes sera le recrutement des donneuses», reconnaît-elle. Les ovules congelés pourraient donc être donnés au lieu d'être détruits. L'élue reconnaît toutefois une part d'incertitude si une telle mesure venait à être adoptée: «Il est clair qu'un ovule déjà congelé est un matériel biologique précieux et que sa destruction pourrait conduire à des situations choquantes dans un avenir proche.»

Don plutôt que traitement de la stérilité

Pour Brigitte Leeners, seules quelques patientes arrivent actuellement à la fin de la période autorisée: «Mais la question de savoir ce qu'il adviendra des ovules congelés à l'expiration du délai se pose bel et bien.»

Certes, la spécialiste pense que peu de femmes donneraient leurs ovocytes congelés. Elle souligne en outre que les grossesses à partir de 46 ans comportent des risques nettement plus élevés pour la mère et l'enfant. «Cela devrait absolument être pris en compte dans le planning familial et aussi dans le cadre légal.» Malgré tout, la spécialiste de la médecine de la reproduction souhaite que les femmes puissent décider à l'avenir si elles veulent donner leurs ovules congelés. «Cela éviterait à d'autres femmes de devoir subir un traitement contre la stérilité», conclut-elle.

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