L'orgasme lors d'un rapport sexuel constitue une énigme pour les scientifiques, car le plaisir féminin n'est pas déterminant pour la reproduction.
Contrairement à celui de l'homme, qui veille généralement à ce que des millions de spermatozoïdes nagent en direction de l'ovule. «Jusqu'à présent, la recherche s'est surtout concentrée sur les hommes, raison pour laquelle on en sait relativement peu sur la sexualité féminine», explique Dania Schiftan, sexologue et psychothérapeute à Zurich.
Il y a quelques années, un duo de biologistes spécialistes de l'évolution a toutefois étudié de plus près l'origine de l'orgasme féminin et a élaboré une théorie surprenante.
L'orgasme potentiellement lié à l'ovulation
Günter Wagner, de l'Université américaine de Yale, et Mihalea Pavlicev, de l'Université autrichienne de Vienne, partent du principe que l'orgasme féminin pourrait avoir déclenché l'ovulation dans le passé et aurait donc été essentiel à la reproduction.
Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion en 2016 en se basant sur des études animales. Chez d'autres mammifères, comme les lapins ou les chats, les femelles ont besoin d'un orgasme pour ovuler et être fécondées.
Günter Wagner et Mihalea Pavlicev supposent que la jouissance féminine est donc un vestige de l'évolution. Le cycle menstruel tel qu'il existe aujourd'hui serait apparu chez les primates. L'ovulation a lieu une fois par mois, indépendamment de l'orgasme.
La théorie des deux chercheurs n'est pas définitivement établie, rappelle Dania Schiftan. «Ils constatent eux-mêmes que d'autres études sont nécessaires pour une confirmation claire.» De plus, il n'est pas certain que les études animales peuvent être transposées à l'homme.
Le rôle des muscles et des hormones
Il existe d'autres hypothèses qui tentent de percer à jour le mystère de l'orgasme féminin. L'une d'entre elles porte sur le fait que pendant l'orgasme, les muscles du vagin et de l'utérus se contractent en mouvements rythmiques. «Ces soi-disant contractions musculaires faciliteraient le trajet des spermatozoïdes vers l'ovule et augmenteraient ainsi les chances de fécondation», explique la sexologue. Selon elle, cette théorie manque également de preuves jusqu'à présent.
Une autre hypothèse avance que les hormones libérées pendant l'orgasme, qui ont des fonctions psychologiques, sont également pertinentes d'un point de vue biologique. Pour Dania Schiftan, «la dopamine et l'ocytocine, entre autres, procurent un fort sentiment de récompense et de bonheur.» Ces émotions positives pourraient déclencher le désir de refaire l'amour, ce qui augmenterait le succès de la reproduction. De plus, l'ocytocine, l'hormone des câlins, renforcerait le lien avec le ou la partenaire.
Comment l'orgasme influence le désir sexuel
«Bien qu'il existe quelques hypothèses plus ou moins plausibles, on ne peut actuellement pas dire avec certitude quelle est la fonction biologique de l'orgasme féminin», explique l'experte. Selon elle, cette conclusion, plutôt décevante, ne doit pas faire oublier que l'orgasme de la femme est indispensable. «L'absence d'orgasme pendant l'acte sexuel peut, à la longue, conduire à ne plus avoir envie de faire l'amour avec son partenaire.»
Selon la spécialiste, l'égalité au lit est donc centrale pour sa propre sexualité et sa relation. «Une femme doit investir dans son plaisir et son orgasme.» Claudia Schiftan encourage les femmes à s'entraîner à atteindre l'orgasme pendant les rapports sexuels. Dans son livre «Coming Soon – Orgasmus ist Übungssache», elle explique comment y parvenir à l'aide de différents exercices de respiration et de mouvement.