Saviez-vous que les amants de la Comtesse Du Barry consommaient du chocolat en grande quantité afin d’être en mesure de combler la célèbre courtisane et favorite du Roi Louis XV? De même, étiez-vous au courant que dans l’Angleterre du XVIème siècle, des prunes – fruit juteux auquel on prêtait des propriétés aphrodisiaques exceptionnelles – étaient offertes gratuitement dans les maisons closes du royaume?
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Aujourd’hui encore, on entend régulièrement que tel ou tel aliment aurait le pouvoir de booster notre libido ou de faire de nous de meilleurs amants. Parmi eux, le cacao, le gingembre, les asperges, les huitres ou encore le caviar, surnommé «pain des amants» par les Perses durant l’Antiquité.
Beaucoup de confusion et pas d’effets prouvés
Les effets prétendument aphrodisiaques de ces aliments ont-ils été confirmés par la science ou sont-ils affaire de croyance? Jacques Diezi, Professeur honoraire à l’Université de Lausanne et spécialiste en pharmacologie et toxicologie, relève tout d’abord un problème de définition: «Lorsque l’on aborde le sujet, on rencontre presque toujours un mélange de deux notions différentes, à savoir la stimulation du désir sexuel et le traitement des troubles érectiles. Or, les substances visant à induire une érection ne sont pas des aphrodisiaques.»
Cette distinction effectuée, Jacques Diezi évoque un autre problème, et pas des moindres: si les mythes populaires fourmillent de récits à propos de plats réputés aphrodisiaques, aucune étude scientifique sérieuse et réalisée sur des humains n’a à ce jour permis de démontrer de tels effets. «Si le rôle des neurotransmetteurs comme la dopamine, associée au désir et à la récompense, ou l'ocytocine, médiateur de l'empathie entre individus, est souvent invoqué dans la littérature, il ne s’agit que d'hypothèses sans mise en évidence d'un processus spécifique», ajoute le spécialiste.
Une stimulation… de l’imaginaire ?
Serait-ce à dire que tous ceux qui, depuis l’Antiquité, se sont attelés à associer bonne chère et plaisir charnel en décrivant les effets prétendument aphrodisiaques de certains mets ne sont rien d’autres que des affabulateurs? Pas si vite. Selon Jacques Diezi, la plus grande excitation ou les rapports sexuels plus satisfaisants rapportés par certaines personnes pourraient en réalité relever d’une sorte d’effet placebo bien réel.
«Cet effet repose sur le principe général qui est l’attente de quelque d’un résultat positif à partir d’une expérience antérieure. Dans le domaine de la pharmacologie, la personne à qui l’on administre un placebo attend une guérison ou une amélioration de l’état et qui dans certains cas se réalisent malgré l’absence totale de principe actif. On est un peu dans le même registre lorsque l’on consomme un met que l’on imagine aphrodisiaque avec une attente d’effets positifs ou agréables», explique Jacques Diezi.
Mais alors, s’il ne s’agit là que d’une sorte d’autosuggestion, comment nos ancêtres ont-ils «sélectionné» les mets dont la consommation induisait chez eux une réponse sexuelle? Jacques Diezi évoque différents «indices», tels que la forme phallique ou vulvaire des aliments en question, leur goût piquant ou encore leur rareté.
Vous l’aurez donc compris, quelques carrés de chocolat noir au goût intense, un plat asiatique contenant du gingembre ou encore une demi-douzaine de Fines de Claire agrémentées d’un filet de jus de citron n’ont en réalité rien du médicament miracle ou de la baguette magique. Un constat qui n’empêche pas pour autant de tester votre aptitude à la suggestion en vous mettant aux fourneaux et en concoctant un petit menu en duo… et plus si affinités.