Une femme sur dix, en Suisse et dans le monde, apprendra un jour qu'elle est atteinte d'endométriose. Cette maladie, provoquant la présence anormale de cellules de l'endomètre en dehors de l'utérus, est parfois diagnostiquée après une longue errance médicale et s'exprime de manière sensiblement différente pour chaque patiente.
Douleurs menstruelles aiguës, troubles digestifs, infections urinaires à répétition, douleurs pendant la miction ou les rapports sexuels... Les symptômes sont aussi variables dans leur nature que dans leur degré d'intensité et peuvent, dans certains cas, s'accompagner d'une infertilité.
Tandis que le mois de mars est consacré, chaque année, à la sensibilisation et la lutte contre cette maladie, rappelons qu'il est aujourd'hui possible pour de nombreuses patientes de mener une vie tout à fait épanouissante et confortable: «Bien que l'endométriose soit une maladie chronique dont on ne peut pas totalement guérir et que la recherche doive encore progresser, nous sommes de plus en plus conscients que la stratégie thérapeutique implique une approche multimodale avec un rôle central de la patiente et de ses besoins au sein de la prise en charge», confirme le Dr. Antonella Martino, médecin adjointe en gynécologie-obstétrique au Centre d'endométriose des HUG.
Les spécialistes ont effectivement identifié de nombreuses mesures très variées pouvant contribuer à soulager les symptômes. Parmi elles, notre intervenante cite notamment l'arrêt du tabac, la pratique régulière d’une activité physique et un régime anti-inflammatoire, pauvre en gluten, en produits laitiers, en aliments transformés et en viande rouge: «On conseille généralement aux femmes concernées d’éviter ces aliments au moins 10 jours avant l’arrivée des règles», précise-t-elle.
Ainsi, n'hésitez jamais à contacter votre gynécologue traitant ou à vous tourner vers des centres spécialisés, si vous reconnaissez les symptômes caractéristiques de l'endométriose ou si votre qualité de vie est fortement touchée.
Un traitement hautement personnalisé
À l'instar des symptômes, les solutions proposées varient donc selon les cas: «Sur le plan médical, le traitement est très différent pour chaque patiente, doit être hautement personnalisé et adapté à un éventuel désir d’enfant», poursuit le Dr. Martino.
Le premier geste essentiel est souvent d'apaiser les douleurs, prédominantes durant les menstruations et suffisamment intenses pour entraver les activités quotidiennes: dans ce but, il est possible de prescrire un traitement hormonal spécifique ou la pilule contraceptive, qui permet d'apaiser les crises: «Les foyers d’endométriose sont stimulés par les hormones sexuelles féminines au cours du cycle, indiquent les informations diffusées par les HUG. Dans le but de les rendre inactifs, des traitements médicamenteux (progestatifs ou pilule contraceptive) visent à réguler ou empêcher l’effet de ces hormones.»
Or, si la patiente souhaite tomber enceinte ou ne désire pas prendre d’hormones, le Dr. Martino souligne qu'une intervention chirurgicale destinée à exciser les lésions et réduire l’inflammation peut être envisagée. Notons également que plusieurs traitements alternatifs peuvent également s'avérer efficaces: «Ils peuvent inclure de la physiothérapie périnéale, de l’ostéopathie, de l’hypnose, de l’acupuncture ou des traitements modulateurs de la douleur», liste l'experte.
Douleurs sexuelles et infertilité
Hormis la souffrance physique, l'endométriose peut largement affecter la santé mentale, notamment lorsque les symptômes endommagent la qualité de vie, les relations personnelles ou la vie de couple: «Face aux douleurs sexuelles ou menstruelles, à une éventuelle incompréhension du partenaire ou à l’impact sur la vie professionnelle, certaines femmes peuvent avoir besoin de soutien psychologique», explique notre intervenante.
Sans oublier que l'endométriose peut s'associer à une infertilité, surtout chez les femmes qui présentent des foyers d’endométriose dans l’utérus (adénomyoses): «L'étiologie de l’infertilité est sûrement multi-factorielle, en raison d’un état d’inflammation chronique qui peut empêcher l’implantation d’une grossesse, en raison d’une imperméabilité tubaire ou par interférence avec l’ovulation (endométriose ovarienne)», expliquait le Dr. Martino dans notre précédent article consacré aux symptômes de la maladie. Si nécessaires, les patientes souhaitant fonder une famille peuvent compter sur de l'aide médicale, par exemple via des traitements médicamenteux ou la fécondation in vitro (FIV).
Mais la spécialiste se montre rassurante: «Je voudrais souligner qu’il est tout à fait possible pour une femme atteinte d’endométriose d’avoir une très bonne qualité de vie et de devenir mère de manière naturelle. Rien n’est noir ou blanc, il existe de nombreuses variations de cette maladie.» En effet, la médecin constate que certaines patientes se retrouvent face à des grossesses surprises, parce qu'elles se pensaient automatiquement infertiles. «En cas de projet de grossesse, il n’est toutefois pas recommandé d’attendre la quarantaine, à moins que vous preniez des mesures pour préserver la fertilité, comme le fait de congeler ses ovocytes», conclut-elle.