La vaccination contre le Covid? «Jo, faleminderit.» Non, merci. Près de 37% des Kosovars et des migrants d'autres pays des Balkans ne veulent pas être vaccinés. C'est le résultat d'une enquête représentative menée par le centre de recherche Sotomo sur mandat de la SSR.
Le taux de personnes non-vaccinées parmi les migrants d'Europe du Sud-Est est presque deux fois plus élevé que celui des personnes ayant un passeport suisse. Les Portugais, qui constituent le troisième groupe d'étrangers en Suisse, sont aussi nettement plus critiques que les Suisses en matière de vaccination.
C'est la première fois que l'on dispose de chiffres sur le taux de vaccination en fonction des origines migratoires. La Confédération et les cantons ne tiennent pas de statistiques comparables. Mais que nous disent ces chiffres?
«Rien à voir avec la nationalité»
Arber Bullakaj est membre du Comité directeur du PS, entrepreneur en informatique et est né au Kosovo. Et il est convaincu que «la volonté de se faire vacciner n'a rien à voir avec la nationalité».
Il souligne que la structure d'âge des migrants, par exemple, est très différente de celle de la population dans son ensemble. Ils sont plus jeunes. Et chez les jeunes, le taux de vaccination est beaucoup plus faible que chez les personnes plus âgées.
Le politologue Nenad Stojanović, de l'Université de Genève, souligne également ces corrélations socio-démographiques. Il s'interroge également sur la représentativité réelle de l'enquête sur ce point. Les résultats de l'enquête ont été pondérés pour éviter les distorsions. À cette fin, divers facteurs ont été pris en compte, mais pas la nationalité.
Moins familiers avec le système de santé
En outre, les personnes issues de l'immigration occupent plus souvent des emplois manuels et la proportion d'universitaires est plus faible. «Ils ont donc eu moins accès à la campagne et sont moins flexibles dans leur calendrier de vaccination», selon Arber Bullakaj. L'enquête Sotomo confirme que l'éducation et le revenu sont des facteurs cruciaux dans les attitudes envers la vaccination.
Le médecin cantonal de Bâle, Thomas Steffen, voit également une explication possible dans le fait que les migrants ne connaissent pas aussi bien le système de santé suisse. «Par exemple, nous avons dû expliquer que cette vaccination était en fait gratuite», dit-il. Dans ce contexte, un taux de vaccination élevé dans le pays d'origine, par exemple au Portugal, ne signifie pas nécessairement que la population migrante en Suisse a également un taux de vaccination élevé.
Critique des campagnes de vaccination
Arber Bullakaj reconnaît que la Confédération et les cantons ont intensifié leurs efforts pour atteindre les migrants au cours des derniers mois. Par exemple, le canton de Berne a produit des vidéos dans lesquelles les migrants encouragent la vaccination de leurs compatriotes.
À Bâle-Ville, des «personnes clés» ont été engagées pour entrer en contact avec les étrangers et des lettres ont été envoyées aux citoyens de langue étrangère. L'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a traduit le matériel d'information dans plusieurs langues et compte atteindre les migrants par le biais des médias de la diaspora.
Un manque de ciblage
Mais cela ne suffit pas, constate Arber Bullakaj. «Les campagnes de vaccination des autorités sont trop peu ciblées sur la population active, les jeunes et les migrants, qui sont représentés de manière disproportionnée dans les deux premiers groupes», critique-t-il. Selon lui, les employeurs devraient être davantage ciblés et, par exemple, les grands employeurs devraient proposer la vaccination sur le lieu de travail.
La semaine prochaine sera l'occasion de convaincre les migrants de se faire vacciner avec de nouveaux moyens. La semaine nationale de vaccination aura lieu à ce moment-là. Lorsqu'on leur pose la question, la plupart des cantons ne veulent pas encore dire quelles mesures concrètes sont prévues. Les informations ne seront disponibles que dans les prochains jours.
Adaptation par Alexandre Cudré