Un médecin-chef de l'hôpital universitaire de Zurich vit avec sa femme, scientifique à l'université, et ses deux enfants dans un appartement d'une coopérative à Zurich. La famille vit dans une maison mitoyenne de 200 mètres carrés généreusement répartis sur trois étages... et ne paie que 2200 francs par mois pour cela. C'est ce qu'a rapporté le blog financier «Inside Paradeplatz» en début de semaine. Bien qu'il s'agisse du «plus bel appartement coopératif de Zurich», il est très bon marché pour les loyers zurichois.
Pourtant, le médecin, titulaire de deux doctorats, pourrait tout à fait s'offrir davantage. Son salaire exact n'est certes pas connu, mais selon des estimations, les médecins-chefs en Suisse gagnent entre 200'000 et 500'000 francs par an.
A lire sur les loyers
Celui qui obtient un appartement en coopérative a de la chance puisqu'ils sont en moyenne nettement moins chers que les autres logements. Mais un médecin-chef et sa femme qui travaillent et gagnent bien leur vie ont-ils droit à un logement à prix réduit? Ou bien la famille devrait-elle plutôt libérer l'appartement pour une famille aux revenus moins élevés?
Dans l'appartement depuis 16 ans
Comment cela peut-il être possible? L'appartement dans lequel le médecin vit avec sa famille appartient à la coopérative de construction Zentralstrasse (BGZ). «La situation financière et personnelle des locataires potentiels est vérifiée lors de la conclusion du contrat», explique la BGZ à «Inside Paradeplatz». Mais ensuite, il n'y a plus de vérification. En d'autres termes: lorsque le médecin a emménagé, il gagnait beaucoup moins. Au fil des années, le Zurichois a fait carrière et son salaire a augmenté.
«Nous habitons avec notre famille de quatre personnes depuis 16 ans dans ce lotissement de plus de 150 appartements», explique-t-il. De plus, il ne s'agit pas d'une coopérative de locataires, mais d'une coopérative de construction non subventionnée. Il n'y a donc pas besoin de conditions particulières pour vivre dans un tel appartement.
Il n'y a pas de règles claires
En d'autres termes, il n'existe pas de règles claires. Les logements coopératifs se distinguent des logements subventionnés par les pouvoirs publics. «Il ne s'agit pas de logements subventionnés par l'État, mais de logements autoportants qui sont avantageux parce que la coopérative ne travaille pas dans un but lucratif», explique Rebecca Omoregie, vice-directrice de l'organisation faîtière Coopératives d'habitation Suisse.
«Le principe de la coopérative est l'ouverture à tous: des personnes d'horizons très divers et de différentes couches sociales devraient pouvoir habiter dans une coopérative», explique la vice-directrice. Les coopératives s'efforcent toutefois de tenir compte des personnes dans le besoin.
Les coopératives misent sur l'autorégulation
Selon les chiffres internes de l'organisation faîtière, le revenu et le niveau de formation sont en moyenne plus bas dans les coopératives que sur le reste du marché du logement. Mais cela n'exclut pas des personnes aux revenus plus élevés.
De même, les chiffres montrent que les habitants des logements coopératifs se contentent en moyenne d'une surface habitable nettement inférieure à la moyenne suisse. Selon Rebecca Omoregie, cela conduit à une certaine autorégulation: les personnes très aisées ne veulent généralement pas se restreindre en termes de surface habitable.
Mais tout cela ne semble pas s'appliquer au médecin-chef. «Il est compréhensible que des habitants fortunés qui occupent des logements coopératifs fassent parler d'eux», explique la vice-directrice. Toutefois, selon l'organisation faîtière, il serait contraire au principe coopératif d'expulser des membres de leur logement et de les exclure de la coopérative en raison de leur changement de situation en matière de revenus.
Des règles plus strictes?
La manière dont les coopératives d'habitation vérifient et sélectionnent leurs résidents varie en fonction de leurs statuts et de leurs critères de location. Certaines coopératives vérifient la situation financière au moment de l'emménagement, d'autres le font périodiquement. Afin d'éviter de tels cas isolés, les coopératives pourraient ancrer des règles correspondantes dans leurs statuts. Mais rares sont celles qui le font.
«Il y a des logements qui bénéficient d'une réduction de prix par les pouvoirs publics, spécialement pour les personnes à faibles revenus. Des limites strictes de revenu et de fortune s'appliquent à ces logements», explique Rebecca Omoregie. Mais cela dépendrait alors des directives du canton concerné. Seule une très petite partie des logements coopératifs – estimée à 2-3% – bénéficie de ce type de rabais.