Les primes d'assurance maladie pourraient à nouveau augmenter de 7,5% cet automne, si les prix continuent à gonfler. «Notre système de santé va droit dans le mur», a aussi averti la directrice de Santésuisse, Verena Nold.
Cela inquiète les lecteurs et lectrices de Blick: plus de 90% d'entre eux déclarent dans un sondage que l'évolution des primes les préoccupe.
Une partie de l'explosion des coûts de la santé est, certes, souhaitée: nous vivons plus longtemps, nous mourons moins souvent d'un cancer, et la mortalité infantile est historiquement basse.
«Nous sommes prêts à dépenser de l'argent pour cela», souligne l'économiste de la santé Tobias Müller, qui effectue des recherches et enseigne sur l'augmentation des coûts de la santé à la Haute école spécialisée bernoise.
Mais l'autre partie de la hausse des coûts est, quant à elle, indésirable. «Elle est due à des incitations erronées, à un manque de transparence et à des prix parfois excessifs», continue Tobias Müller. Blick montre où se situent les points faibles du système – et comment l'on pourrait y remédier.
Rémunération basée sur les quantités
Dans le domaine ambulatoire, les médecins ou les hôpitaux peuvent facturer toute prestation supplémentaire aux caisses maladie. Et leur rémunération est aussi basée sur ces types de soins. «Il ne faut donc pas s'étonner que des prestations inutiles soient fournies», critique Tobias Müller. Cela commence par un test de vitamine D superflu et va jusqu'à des interventions chirurgicales qui ne seraient pas du tout nécessaires pour le patient d'un point de vue médical.
Un catalogue de prestations obsolète
À cela s'ajoute le fait qu'en Suisse, certaines interventions sont remboursées, alors qu'elles sont considérées depuis longtemps comme dépassées à l'étranger. «Il existe depuis 20 ans des preuves qu'une arthroscopie du genou n'apporte rien par rapport à une intervention fictive en cas d'arthrite», explique Tobias Müller. Une minuscule caméra est introduite dans l'articulation par de petites incisions afin d'observer le cartilage et le ménisque et d'enlever les particules de cartilage détachées. En Suisse, l'arthroscopie du genou fait partie des interventions chirurgicales les plus fréquentes. «L'intervention est pratiquée parce qu'elle est toujours remboursée», explique Tobias Müller. Il propose de «faire le tri» dans le catalogue des prestations remboursées.
Les patients avec une assurance privée
Les patients privés sont extrêmement lucratifs pour les hôpitaux et les médecins agréés, critique encore l'économiste de la santé Tobias Müller. «On leur pose une nouvelle articulation de la hanche ou du genou alors que cela ne serait peut-être médicalement nécessaire que dans dix ans». Ces types de patients paient, certes, un supplément pour leur assurance privée. Mais la prestation de base – par exemple la nouvelle articulation de la hanche ou du genou – est tout de même facturée par l'assurance obligatoire des soins... et donc répartie entre tous les payeurs de primes.
La remise de médicaments
En Suisse, les pharmacies ne sont pas les seules à délivrer des médicaments, les cabinets médicaux le font également. Et les médecins y gagnent un pourcentage. Cela les conduit à prescrire non seulement plus de médicaments, mais aussi et surtout des produits plus chers. En Suisse, seuls 22% de tous les médicaments vendus sont des génériques, alors qu'en Allemagne, le taux est de 83%.
L'association des caisses maladie Santésuisse estime que le potentiel d'économie annuel serait de 200 millions de francs, soit de 18%, si les génériques étaient systématiquement utilisés à la place des originaux. Toutefois, les prix des médicaments ne sont pas le grand levier des coûts de la santé. Selon les données de la branche pharmaceutique, ils ne sont responsables que de 12% de l'ensemble des coûts de la santé.
Le manque de transparence
Celui qui cherche un nouveau cabinet de médecine générale n'a aucune chance de savoir quel cabinet travaille particulièrement bien – il choisit le premier venu. En outre, les médecins ne sont pas tenus d'enregistrer les diagnostics lors des traitements ambulatoires. Pour les caisses, il est donc impossible d'estimer si trop ou trop peu de prestations ont été fournies. «Comparé à l'étranger, nous sommes un pays en voie de développement dans ce domaine», déclare Tobias Müller. Ailleurs, il existe des bases de données nationales qui montrent quels prestataires de soins travaillent de manière particulièrement efficace. Cela renforce la concurrence.
Des prix élevés
En Suisse, les prix des médicaments protégés par un brevet sont contrôlés tous les trois ans par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et renégociés si nécessaire. Ce n'est pas le cas pour d'autres prestations du système de santé. «Pour une analyse de sang, nous payons environ 17 francs. En Allemagne, c'est moins d'un euro», calcule Tobias Müller. Les tarifs n'ont parfois pas été renégociés depuis des décennies. Il n'en reste pas moins que les mauvaises incitations du système contribuent nettement plus aux coûts élevés de la santé en Suisse que les prix plus élevés.