Un commentaire de Richard Werly
L'UDC tire sur l'Europe à boulets rouges? Tant mieux!

Samedi 25 janvier à Balsthal (SO), l’Union démocratique du centre (UDC) a ouvert le feu contre le paquet d’accords Suisse-Union européenne finalisé en décembre. Un remake de sa campagne de 1992? C'est le débat qui le dira, estime notre journaliste Richard Werly.
Publié: 27.01.2025 à 08:40 heures
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Dernière mise à jour: 27.01.2025 à 09:51 heures
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Le président du parti Marcel Dettling à l'assemblée des délégués de l'Union démocratique du centre (UDC) à Balsthal, le samedi 25 janvier 2025.
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Richard WerlyJournaliste Blick

L’Union démocratique du centre (UDC) a un immense mérite: celui de s’avancer toujours, façon bulldozer, sur les terrains dont la population exige à juste titre le déminage. Parlons clair: en s’en prenant sans retenue, samedi 25 janvier, aux accords récemment négociés entre le Conseil fédéral et l’Union européenne, le premier parti de Suisse plante son drapeau rouge à croix blanche là où ça fait mal. Car la question est bel et bien existentielle: à quoi doit ressembler la Confédération qui restera géographiquement, quoi que fassent les ténors de l’UDC, placée au cœur de l’Europe occidentale?

C’est à cette réponse, et seulement à celle-ci, que doivent dès maintenant travailler tous ceux qui défendent ce paquet déjà surnommé «Bilatérales III», dont le contenu intégral sera divulgué d’ici l’été. Une Suisse dépourvue d’un arrimage solide, durable et quantifiable à ses voisins de l’Union européenne est-elle viable pour ses entreprises? Une Suisse soumise, potentiellement, aux pressions de ses voisins en cas de crise a-t-elle les moyens de se protéger et de faire face? Une Suisse industrielle et innovante, obligatoirement à la recherche de marchés pour ses produits et brevets (sa taille l’exige) aura-t-elle toujours les arguments de compétitivité requis?

Questions existentielles

Oui, ces questions sont existentielles et il faut remercier l’UDC de les poser. Tout comme il faut remercier les syndicats et Pierre-Yves Maillard d’avoir donné de la voix, durant le processus de négociation, sur la question des salaires. Et après? Deux obligations s’imposent pour les défenseurs des accords, alors que la vague nationale populiste version Trump – Musk déferle déjà sur le Vieux Continent.

La première obligation est de réapprendre à parler et à convaincre les électeurs. Pas les élites. Pas les dirigeants d’entreprises. Pas les lobbies. Le peuple! Celui qui lit Blick et qui, pour les plus jeunes, s’informe sur les réseaux sociaux. Au boulot pour trouver les slogans justes, les mots qui tapent et les chiffres qui résument l’évidence: la Suisse des années 2030-2040, celle qui se prépare aujourd’hui, n’a rien à voir avec celle de décembre 1992, lorsque Christoph Blocher parvint à terrasser le Conseil fédéral et à refouler l’entrée du pays dans l’Espace économique européen (EEE).

La seconde obligation est de partir dès maintenant en campagne. Le débat est lancé par l’UDC? Merci. Ceux qui croient que les futurs référendums (il pourrait y en avoir plusieurs) se décideront plus tard font une grave erreur. Le moment est sismique. Trump et les siens font trembler l’Europe, et les secousses vont immanquablement toucher la Suisse. L’UDC vient de donner à ses adversaires une leçon de politique: les relations entre la Suisse et l’Union européenne sont bien trop importantes pour ne pas s’en emparer maintenant.

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