La photo provoque instantanément des haut-le-cœur. Une fourchette et des vers plus gros que les grains de riz qu'ils côtoient. L'image a d'abord été publiée sur le compte Instagram «Stopdublincroatie» qui milite contre les renvois de requérantes et requérants d'asile vers le pays des Balkans. Elle a ensuite été relayée sur la page Facebook du collectif Droit de Rester Neuchâtel, actif dans le même domaine.
Le texte, daté de lundi après-midi, est identique. «Menu de midi du 20.02.2023 au centre fédéral d’asile de Vallorbe. La nourriture y est 'vivante'!
Les requérant.es d'asile ont montré leur assiette ce midi au personnel du centre qui leur a dit sur un ton moqueur: 'ce sont des protéines'!» Pas du goût des autrices ou auteurs des posts: «C'est intolérable. Cela reflète la valeur que le SEM accorde aux personnes en demande de protection.»
Pire, cette dénonciation s'inscrirait dans un contexte plus général. «On nous a dit que la nourriture à Vallorbe a un goût indescriptible, comme si elle était restée plusieurs jours hors du frigo et que ce n'est pas la première fois que la présence de vers est constatée», peut-on encore lire.
Sur la migration en Suisse
«Les gens dépendent de cette nourriture!»
Au téléphone, Louise Wehrli, membre du collectif Stop Dublin Croatie, persiste. Et développe. «La photo a bien été prise à Vallorbe par un requérant d'asile ce lundi à midi, appuie-t-elle. Nous sommes en contact avec près de 500 personnes qui luttent contre leur renvoi en Croatie et l'une d'elle nous a envoyé cette image. Nous avons ensuite écrit.»
La militante romande est dégoûtée. «Selon nos informations, il semblerait que le problème vienne du prestataire externe, qui livre les repas, puisque ceux-ci ne sont en réalité pas stockés très longtemps avant d'être distribués. C'est terrible parce que les requérantes et requérants d'asile du centre sont déjà des gens qui n'ont plus trop le goût de vivre et dépendent exclusivement de cette nourriture. Il leur est interdit d'amener ne serait-ce que du chocolat ou une brique de jus de fruit de l'extérieur, pour des raisons... d'hygiène! C'est un comble!»
«Cela ne correspond aucunement aux standards du SEM»
Également contacté, le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), qui chapeaute le centre de Vallorbe, confirme. «Oui, il y avait en effet des vers dans un plat de riz hier, amorce Anne Césard, porte-parole. Le SEM est au courant et a été averti directement par ORS (ndlr: prestataire de service privé mandaté par la Confédération dans le cadre de sa politique d'asile) après que les vers ont été trouvés dans la nourriture. Il est évident que cela ne correspond aucunement aux standards du SEM en matière de nourriture. Pour cette raison, le SEM a réagi sans attente et pris immédiatement contact avec le prestataire, déjà hier après-midi.»
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Conséquence? «Celui-ci a contrôlé ses sacs de riz et n’y a rien trouvé de particulier, poursuit Anne Césard. Le prestataire a également contacté le service d’hygiène cantonal. À la suite de cela, une entreprise privée est venue faire des prélèvements. Les résultats sont attendus dans les jours à venir.» La communicante précise que le SEM n'a pas reçu de plainte des requérantes et requérants d'asile.
Le SEM souligne en outre être satisfait du service du prestataire externe. «Les plats livrés répondent aux normes et un suivi est effectué par la direction du centre (système de feedbacks et questionnaires de satisfaction, permanences, notamment). En outre, des rencontres avec le prestataire ont lieu régulièrement et la nourriture est goûtée régulièrement. Le SEM attache toujours une grande importance à la qualité de la nourriture, qui est l’un des facteurs du bon déroulement du séjour des requérants dans ses centres fédéraux d’asile.»