Polémiste un jour, polémiste toujours? Dans un podcast paru mercredi, l’essayiste d’extrême-droite Alain Soral répète les propos homophobes qui ont contribué à sa condamnation à 40 jours de prison ferme pour discrimination et incitation à la haine. Pour rappel, il s'agissait d'une décision du Tribunal fédéral (TF) prononcée le 18 avril dernier, qui fera jurisprudence.
Les mots en question? «Grosse lesbienne», expression utilisée pour qualifier la journaliste de la «Tribune de Genève», à nouveau employée à deux reprises dans les dernières minutes de l’épisode 37 de son podcast «Soral répond». Diffusée sur X — le réseau social de son «soutien» Elon Musk — et sur sa radio en ligne Égalité et Réconciliation, cette nouvelle provocation intervient six jours après le jugement rendu par la plus haute instance juridique du pays.
«Je ne sais pas si je ne vais pas, à un moment donné, passer 40 jours en prison pour avoir osé tenir tête à une grosse lesbienne», se questionne le Franco-Suisse installé à Lausanne. Répétant les propos qui tombent sous le coup de la loi, Soral poursuit avec ce qu’il estime être la situation actuelle en Suisse et en Occident: «On peut se prendre de la prison ferme quand on ose répondre à une grosse lesbienne qui produit sur vous un discours mensonger par voie de presse et que vous osez simplement lui répondre sur un mode en plus un peu ironique.»
Nouvelle plainte à venir?
De quoi lui valoir une nouvelle condamnation? Puisque le premier cas a été définitivement jugé par le Tribunal fédéral (TF), il faudrait une plainte pour que ces récents propos soient à nouveau jugés.
Confronté à ces extraits, l’avocat de la journaliste, Maître Etienne Campiche, explique à Blick que «tout fait nouveau peut faire l’objet d’une nouvelle plainte». Pour l’homme de loi, l’affaire aurait dû se terminer le 18 avril dernier, date du jugement définitif du TF: «On suit la situation de près et on reste très vigilants. L’expression 'grosse lesbienne', pourtant reconnue comme outrancière et attentatoire à l’honneur par nos juges fédéraux, est reprise, mais hors du contexte qui a fait l’objet de la jurisprudence récente.»
«Ces regrets n’étaient que de façade»
Dans la vidéo qui avait valu un procès à Alain Soral, le discours du polémiste franco-suisse au sujet de la journaliste genevoise était plus long que dans ce podcast. Il y évoquait en outre que celle-ci était une «militante queer», insinuant que le terme «queer», désignant une partie de la communauté LGBTQIA+, voudrait dire «désaxé» en anglais.
En première instance, la plaignante et son représentant légal avaient obtenu la condamnation d’Alain Soral pour diffamation. Pendant cette procédure, la vidéo incriminée avait été supprimée des réseaux sociaux. «Cela avait été considéré par la juge comme une forme de prise de conscience et de regret, se souvient l’avocat. Ce repentir a pu avoir un impact sur la fixation de la peine. On a la confirmation aujourd’hui que ces regrets n’étaient que de façade, puisque M. Soral réutilise la formule 'grosse lesbienne' mot pour mot», relève l'avocat de la victime.
Parole scrutée, pas de commentaire
Me Campiche affirme encore qu’Alain Soral «fait un résumé simpliste et incomplet de l’affaire, afin de créer un sentiment d’injustice». Contacté, le bureau d’avocat de Me Pascal Junod, qui représente Alain Soral, indique que son client ne souhaite rien commenter dans la presse au sujet de sa condamnation. Dans son podcast, le résident lausannois considère que sa parole est scrutée dans les frontières helvétiques.
«J’ai fui la France pour échapper à la prison et là, je me retrouve à prendre 40 jours de prison ferme en Suisse pour la raison que je viens d’évoquer, se désole Alain Soral. Je ne vais pas trop insister là-dessus parce qu’il paraîtrait que ça tombe sous le coup de la loi maintenant.» Il en arrive à sa «conclusion», qui clôt l’épisode en deux mots seulement: «Poutine, vite.»