Thomas Bruchez, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse
«Les discours qui louent Alain Berset sont pénibles à entendre»

Alors qu'Alain Berset vient d'annoncer son départ du Conseil fédéral, Thomas Bruchez, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse, prend le contrepied des hommages adressés au président de la Confédération. Le Genevois tance même sèchement l'action de son camarade.
Publié: 22.06.2023 à 19:34 heures
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Dernière mise à jour: 22.06.2023 à 19:51 heures
Thomas Bruchez, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse, tance Alain Berset.
Photo: Keystone
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Ce mercredi, séisme politique! À la mi-journée, le socialiste Alain Berset créait la surprise en annonçant son départ du Conseil fédéral pour la fin de l'année. En réaction, une pluie d'hommages lui était adressée. Mais pas tout le monde n'a caressé le président de la Confédération dans le sens du poil. Y compris au sein de son propre camp.

À commencer par Thomas Bruchez, vice-président de la Jeunesse socialiste suisse. Ce Genevois a porté son indignation sur Twitter: «Franchement, c'est vraiment dur d'écouter ce concert de louanges pour un ministre 'socialiste' qui a fait passer la pire réforme sexiste et antisociale de ces dernières années.»

Contacté par Blick, ce candidat au Conseil national ne retient pas ses coups. Il critique sèchement le bilan politique de celui dont l'aura a été émaillée par plusieurs affaires ces derniers mois. Interview.

Thomas Bruchez, pourquoi les hommages adressés à votre conseiller fédéral Alain Berset vous dérangent?
Ce n'est pas cela qui me dérange. Je peux comprendre que, quand un conseiller fédéral annonce son départ, les partis politiques lui rendent hommage. Mais, dans le cas qui nous intéresse, ce qui me gêne, c’est le message politique véhiculé par la gauche à travers ces hommages. Les discours qui louent Alain Berset sont pénibles à entendre au vu de la politique qu'il a menée.

La gauche ne peut pas saluer le travail de son camarade en chef?
Nous sommes dix jours après la grève féministe, où 300'000 personnes étaient dans la rue. Il faut tout de même rappeler que la réforme AVS21 portée par Alain Berset était une attaque extrêmement dure contre les acquis féministes. Il n'y a pas de quoi s'en féliciter: c'était même la pire réforme sexiste et antisociale de ces dernières années.

Mais vous n'ignorez pas que AVS21 est une réforme du conseil fédéral, où le camp bourgeois domine largement. Et que la collégialité s'applique.
C’est l’argument qui revient toujours. Effectivement, cette réforme — qui était fondamentalement de droite — n'est pas celle d’Alain Berset. Maintenant, Alain Berset porte une part de responsabilité dans son succès. C'était le ministre chargé de défendre la position du collège. Et il n'a pas ménagé ses efforts! Contrairement à Albert Rösti, lors de la récente campagne sur la loi climat, qui est resté très discret et qui a réussi à glisser quelques éléments de langage de l'UDC malgré sa fonction de conseiller fédéral.

Pour vous, Alain Berset s'était trop impliqué dans ce dossier?
Oui. Il aurait pu faire preuve de réserve. Mais il a répondu à de nombreuses sollicitations et s'est beaucoup engagé dans les débats. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'il n'avait pas usé de formule de réserve. Il parlait en «je» et ne se retranchait pas derrière la position du Conseil fédéral.

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Pourquoi a-t-il autant mouillé le maillot alors?
C’est difficile à dire, je ne suis pas dans sa tête. Il y avait peut-être la volonté de faire passer un projet là où d'autres ont échoué. Un autre élément explicatif pourrait être qu'à force de devoir faire des compromis, on compromet sa famille politique. Qu'on le veuille ou non, quand on est élu, les positions collégiales finissent par déteindre sur nous.

Vous êtes candidat au Conseil national sur la liste socialiste. Si vous êtes élu, doit-on donc s'attendre à ce que, vous aussi, vous finissiez par vous compromettre pour plaire au plus grand nombre?
(Rires) Il faut différencier le parlement, où il n'y a pas de collégialité, et le gouvernement. Mais la dynamique que je décris existe bel et bien pour les parlements. Il existe des moyens de garder ses positions politique. Par exemple, en continuant de militer dans des mouvements sociaux. Cela permet de ne pas restreindre notre vision, malgré le poids institutionnel, quand on se demande ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.

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