Berno Stoffel, la neige manque de plus en plus souvent, l'entretien coûte de plus en plus cher et même les clients locaux vous fuient. La situation n'est pas très bonne pour les domaines skiables.
Il y a 20 ans, nous avons moins de clients. Mais il faut aussi prendre en compte que nous sommes stables depuis dix ans. Les Suisses restent fidèles au ski. Le fait que nous ayons pu ramener davantage de jeunes sur les pistes de ski est un bon signe. L'initiative sur les sports de neige, dans le cadre de laquelle nous organisons à nouveau des camps de ski, a été très fructueuse: en 2022, plus de 17'000 enfants sont retournés en camp de ski.
Le changement de génération est une chose, les prix en sont une autre: selon une analyse de marché, les prix élevés découragent de nombreux jeunes. Une semaine de vacances de ski coûte aujourd'hui environ 4760 francs pour une famille de quatre personnes. Le ski est-il le nouveau golf?
Cette comparaison n'est pas pertinente. Ceux qui réservent tôt bénéficient souvent de bons rabais. Selon notre bilan de la saison, une entrée journalière au domaine skiable coûtait en moyenne 35,80 francs. Tout compris, une famille de quatre personnes s'en sort bien avec 3000 francs.
Ceux qui sont flexibles peuvent peut-être faire des économies. Mais ceux qui réservent à la dernière minute paient généralement plus cher – à cause des prix dynamiques. Un but en soi?
Les conclusions sont diverses. Les prix dynamiques se sont particulièrement bien stables dans les grandes stations de ski. Certains domaines ont ainsi pu lisser quelque peu la demande. Ailleurs, les différences entre le prix le plus bas et le prix le plus élevé étaient trop importantes. À Andermatt, par exemple, les prix les plus élevés ont fait l'objet de réclamations massives de la part des clients, tandis que les billets les moins chers représentaient une perte pour les remontées mécaniques. Les clients connaissent le système et il est bien accepté. Ils savent que plus on réserve tôt, plus on fait des économies.
Qu'est-ce qu'un domaine skiable doit offrir aujourd'hui qu'il ne devait pas offrir il y a 20 ans?
L'expérience globale est devenue beaucoup plus importante et meilleure. Autrefois, il fallait simplement de bonnes pistes. Aujourd'hui, les clients veulent des pistes de ski parfaitement préparées du premier au dernier jour. En même temps, l'offre s'est beaucoup élargie: les parcs pour enfants et les snowparks ont été fortement développés, et la gastronomie de montagne a été repensée. Ainsi, Didier de Courten est désormais chef de la restauration des remontées mécaniques de Grimentz-Zinal. Impensable il y a 20 ans!
Qu'est-ce qui vous donne le plus de fil à retordre en ce moment?
Le changement climatique! Ça, on ne peut pas le nier. Nous devons réagir très rapidement aux grandes variations de température, être extrêmement bien organisés à court terme tout en nous positionnant à plus long terme: les domaines skiables sans enneigement artificiel auront du mal à s'en sortir. Mais il y en a déjà beaucoup qui sont bien positionnées.
À vous écouter, on a l'impression que vous êtes plutôt détendu face à la situation. Pas de soucis donc?
Nous avons des défis à relever, mais nous sommes confiants en l'avenir. Les remontées mécaniques suisses ont déjà prouvé des dizaines de fois qu'elles «savent gérer la crise»: crise monétaire, crise du Covid, crise électrique, crises géopolitiques. Nous nous adaptons toujours aux nouvelles circonstances. De plus, le ski est un sport populaire qui fait partie de la culture suisse. Il en sera toujours ainsi.