Eau minérale pas si naturelle
Après Vittel, Contrex et Perrier, Nestlé reconnaît des procédés interdits pour Henniez

Après les révélations en France, Nestlé reconnaît avoir aussi utilisé des procédés de dépollution interdits pour l'eau minérale Henniez. Ces mesures de protection non autorisées dans son usine vaudoise ont été arrêtées à fin 2022, assure la multinationale.
Publié: 01.02.2024 à 11:55 heures
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Dernière mise à jour: 01.02.2024 à 12:48 heures
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Nestlé reconnaît avoir aussi utilisé des procédés de dépollution interdits pour l'eau minérale Henniez.
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Léo MichoudJournaliste Blick

Après les révélations en France, Nestlé reconnaît avoir aussi utilisé des procédés de dépollution interdits pour l'eau minérale Henniez. Ces mesures de protection non autorisées dans son usine vaudoise ont été arrêtées à fin 2022, assure la multinationale. L'objectif était de maintenir la sécurité alimentaire.

«En tant que minéralier, Nestlé Waters doit constamment adapter son activité, ses pratiques et ses sites aux évolutions de l'environnement autour de ses sources. Ces efforts d'adaptation, qui ont toujours eu pour objectif de garantir la sécurité alimentaire, ont mené l'entreprise à mettre en place des mesures de protection non conformes au cadre réglementaire pour les eaux minérales en Suisse», a indiqué à Keystone-ATS une porte-parole de Nestlé Waters, confirmant une information parue jeudi 1er février dans «Le Temps».

«Sous le contrôle des autorités cantonales et fédérales, Nestlé Waters Suisse a donc retiré les filtres au charbon actif de son usine d'Henniez à fin 2022. Par ailleurs, il n'y a jamais eu des systèmes ultraviolets à l'usine d'Henniez. Nous restons engagés à continuer un dialogue constructif avec les autorités», ajoute la responsable communication Meike Schmidt.

Pur versus purifié

L'entreprise avait indiqué lundi avoir informé en 2021 les autorités françaises avoir recouru à des traitements interdits d'ultraviolets et de filtres au charbon actif sur certaines de ses eaux minérales. Même si ces traitements «ont toujours eu pour objectif de garantir la sécurité alimentaire», ils «ont mené l'entreprise à perdre de vue l'enjeu de conformité réglementaire», expliquait le numéro un mondial de l'eau minérale à l'AFP.

Les marques concernées - Perrier, Vittel, Hépar et Contrex –, toutes propriétés de Nestlé, sont désormais «pleinement conformes au cadre réglementaire applicable en France», a assuré la multinationale, qui dit avoir abandonné les traitements interdits au cours des trois dernières années.

Issue d'une directive européenne, la réglementation interdit toute désinfection des eaux minérales qui doivent être naturellement de haute qualité microbiologique, contrairement à l'eau du robinet qui est, elle, désinfectée avant de devenir potable. Une réglementation dont l'interprétation exclut les traitements ultraviolets et les filtres au charbon actif auxquels a eu recours Nestlé Waters.

Tromperie commerciale?

Une enquête conjointe du Monde et de Radio France publiée mardi a révélé comment l'eau en bouteille d'au moins un tiers des marques d'eau françaises avait été purifiée dans le plus grand des secrets et en toute illégalité des années durant. Les autorités de l'Hexagone a assuré dans la foulée «qu'aucun risque sanitaire lié à la qualité des eaux embouteillées n'a été identifié à ce stade».

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Sécurité alimentaire versus tromperie commerciale, un parquet français a tranché mercredi. Le procureur d'Epinal (est) a ouvert une enquête pour tromperie à l'encontre de Nestlé Waters. «Même si ces méthodes de dépollution visent à garantir la sécurité alimentaire, le consommateur peut se sentir trompé», rebondissait dans les colonnes du «Temps» la secrétaire générale de la Fédération romande des consommateurs (FRC). Pour Sophie Michaud Gigon, Nestlé a surtout failli à informer les consommateurs. 

Les investigations «sont toujours en cours, notamment pour établir si la dénomination eau minérale 'naturelle' est trompeuse ou pas», a indiqué le magistrat. Selon la réglementation, pour que l'eau puisse se qualifier de «minérale naturelle» ou «de source», il ne doit pas y avoir de recours à des dispositifs de désinfection, est-il rappelé.

(Avec ATS)

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