Une machine sophistiquée, huit capsules compostables pour tout un assortiment de boissons chaudes… c'est tout un nouveau système pour faire du café chez soi que Nestlé met sur le marché en Suisse, mardi 12 septembre. La dernière fois, c'était en 2006, avec les machines et dosettes Dolce Gusto. Autant dire que nous sommes face à un lancement d'envergure avec l'arrivée de cette nouvelle génération, nommée «Nescafé Dolce Gusto Neo», que Blick a pu essayer lors d'une démonstration devant la presse au Centre de recherche et de développement pour le café situé à Orbe (VD).
Coffee shop à la maison
L'entreprise dit être partie d'un double constat: que d'une part, 65% des ménages ont une machine à la maison, et que de l'autre, le succès des coffee shops à la Starbucks n'est plus à démontrer. La promesse de Nestlé est donc «d'offrir la meilleure expérience coffee shop chez soi», dit Christine Martel, directrice générale café chez Nestlé Suisse.
Fruit de cinq ans de recherche et de développement, le système Neo est de toute évidence plus écolo que les précédentes cafetières et capsules du géant veveysan, même si ce dernier ne veut pas mettre l'accent sur ce point. Ceci sans doute pour éviter les comparaisons avec Coffee B, les «boules» de café sans emballage lancées par Migros il y a un an, coiffant Nescafé au poteau. Et que l'Union européenne réfléchisse actuellement à l'interdiction des emballages non biodégradables, dont les capsules en aluminium, cela n'a rien à voir non plus? Concevoir des produits durables, c'est normal, nous dit-on. Soit.
Des capsules en papier compostable
Toujours est-il que la machine, classée A++, est composée à «50% de plastique recyclé», pour les parties extérieures, de «85% d'aluminium recyclé» pour le bloc chauffant, et qu'elle est présentée comme «facilement réparable pendant dix ans», avec sa structure sans soudure.
Mais surtout, ce sont les capsules Neo en papier – nommés pods – qui attirent l'attention, après celles de Nespresso récemment présentées. Leur mise au point a constitué le principal défi du développement: près de 200 prototypes ont été testés avant de parvenir à ce résultat. Composées d'un gramme de papier, d'un film de cellulose et d'une couche de biopolymères, elles sont certifiées compostables par l'organisme de référence TÜV Autriche.
Autrement dit, on peut les mettre dans son compost ou dans une poubelle pour déchets ménagers: au bout de six mois à un an, les capsules seront entièrement dégradées. Il est également possible de les faire enlever depuis sa boîte aux lettres, pour les faire valoriser en biogaz.
Sur toute la chaîne, de la plante à la poubelle, «une tasse d'expresso Dolce Gusto Neo a une empreinte carbone réduite de 25% par rapport au système actuel», a dit le responsable des affaires agricoles de Nestlé Suisse, Daniel Imhof.
Précision importante, les capsules Neo ne sont pas compatibles avec les systèmes d'ancienne génération. Nestlé assure ne pas pour autant vouloir pousser les clients à changer leur ancienne Dolce Gusto, dont les capsules en aluminium resteront disponibles en rayons, mais avec une moindre présence.
Tout cela est bien beau pour les consommateurs écolos, mais le café est-il bon? Oui, assure Nestlé, qui vante les prouesses de sa nouvelle technologie SmartBrew. La machine inclut trois modes d'extraction: haute pression (pour les cafés de type expressos), lente (pour des cafés longs de type cafetière filtre), et «top-up» pour les americanos. Pas besoin d'être un barista barbu et tatoué pour retenir tout cela, car c'est la machine qui s'occupe de tout. Grâce à un lecteur optique, elle reconnaît automatiquement le type de capsule insérée et adapte les réglages (pression, température, débit d'eau…) pour préparer la boisson.
Exemple, en insérant un sachet de latte macchiatto, la machine comprend qu'il lui faut mettre le lait d'abord, le café ensuite. Et à l'inverse, en reconnaissant un sachet de flat white, elle versera le café en premier, et le lait par-dessus. Tout ceci en appuyant sur le seul bouton. Sur ces boissons lactées, une autre technologie maison, Airfoam, promet des «micromousses stables, mangeables à la cuillère, comme dans un coffee shop», selon Julia Lauricella, responsable du Nestlé System Technology Center à Orbe.
Lors de la démonstration, la machine s'est révélée d'une simplicité déroutante à utiliser, et c'est certainement ce qui assurera son succès commercial. Il suffit d'insérer la capsule et d'appuyer sur le bouton. Pour les plus geeks, une application mobile permet de pousser les réglages un peu plus loin, en modifiant la température par exemple.
J'ai pu déguster quelques cafés sur place, que j'ai trouvé assez bons. Avec huit breuvages différents, la promesse de l'expérience «coffee shop à la maison» semble tenue, d'autant que plusieurs références (caramel macchiato, espresso roast, americano…) sont des boissons Starbucks, Nestlé distribuant les cafés de la marque de Seattle depuis 2018.
La possibilité de tirer une grosse carafe d'un demi-litre est intéressante pour le petit-déjeuner ou pour servir une tablée après un repas, sans devoir fastidieusement préparer des expressos à la chaîne. Cela reste une question de goût, mais en tout cas, tous les cafés que j'ai dégustés étaient vraiment différents les uns des autres, ce qui devrait satisfaire le plus grand nombre.
Ce nouveau système est vendu 169 francs, et environ 5 francs les 12 capsules, soit 42 centimes la portion. On le trouve dans la plupart des grandes enseignes, dont Coop et Manor. De quoi rendre Nestlé confiant. «Les consommateurs suisses sont exigeants, ils désirent du café qui soit bon, durable, et facile à préparer. Neo répond à toutes ces demandes», assure Christine Martel. Reste à voir si ces derniers préféreront les capsules Nestlé aux boules Migros.