Nausées, maux de tête plus ou moins forts… Voici les symptômes que peuvent provoquer certains composants nocifs présents dans les denrées alimentaires. Les grands distributeurs et les chaînes de supermarché peuvent même aller jusqu’à rappeler certains des produits en question.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, étant donné leur mode de production, ce sont plus souvent les produits bio qui sont les plus concernés. C’est que qu’écrit notamment la «SonntagsZeitung». Une analyse des avertissements publiés par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) montre que sur les 193 communications concernant des produits alimentaires, 41 mentionnent qu’il s’agit d’articles bio.
Cela représente plus de 21% de tous les rappels. A titre de comparaison, le bio représente 10,9% du chiffre d’affaires du commerce alimentaire suisse. En matière de sécurité alimentaire, il existe en principe un risque plus élevé dans l’agriculture biologique, explique l’agronome Urs Niggli.
Davantage de professionnalisme et de soin
Sa revendication est sans équivoque: la chaîne bio, de la culture à la transformation, doit se dérouler de manière plus professionnelle et plus soigneuse que dans l’agriculture conventionnelle. La majorité des produits bio rappelés avaient un label avec le standard bio de l’Union européenne (UE), écrit la «SonntagsZeitung».
Parmi les produits en question, on retrouve notamment les chips de maïs d’Alnatura. «Leur consommation peut entraîner des troubles de la santé tels que des nausées ou des maux de tête», avait averti Migros dans un rappel fin juillet. Pas moins de trois produits bio étaient alors concernés. Les problèmes étaient dus à des composants dangereux pour la santé, appelés alcaloïdes tropaniques. D’autres distributeurs ont dû suivre le mouvement.
Millet, maïs et sarrasin contaminés
Comment expliquer la forte proportion de bio dans les rappels? La «SonntagsZeitung» avance une théorie pour les cas les plus récents concernant les produits à base de maïs. Les alcaloïdes tropaniques toxiques sont des substances que l’on trouve dans les graines du datura ou de la jusquiame. Elles peuvent contaminer les récoltes de millet, de maïs, de sarrasin et d’autres plantes.
Dans l’agriculture conventionnelle, les désherbants chimiques sont utilisés pour lutter contre leur prolifération. Ils sont toutefois interdits en bio. «Du fait de l’interdiction de la régulation des mauvaises herbes par des herbicides dans l’agriculture biologique, le risque de contamination dans les aliments bio est nettement plus important que dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle», écrit l’Institut de recherche de l’agriculture biologique.
Des moisissures toxiques
Les maladies fongiques constituent un autre risque dans l’agriculture biologique. Elles ne peuvent pas ou peu être combattues. Cela peut avoir des conséquences dangereuses lors de la récolte des céréales ou des noix. Les moisissures produisent des mycotoxines, toxiques pour l’homme et l’animal. L’utilisation de fongicides reste toutefois exclue et taboue.
D’après Urs Niggli, de telles toxines de moisissures ne sont pas, en soi, plus fréquentes dans l’agriculture biologique. Mais la situation est moins bien contrôlable que dans les méthodes de culture traditionnelles qui utilisent des fongicides. La chaîne bio, de la culture à la transformation, doit donc se dérouler de manière plus professionnelle et plus minutieuse que dans l’agriculture conventionnelle. «Le système ne pardonne pas les erreurs. Mais elles arrivent quand même», explique l’agronome.
De la salmonelle dans du souchet bio
Il y a quelques jours seulement, la chaîne de droguerie Müller a rappelé une crème de dattes et de noisettes bio… justement à cause de la présence de moisissures. Pour les dattes, la culture conventionnelle utilise beaucoup de produits phytosanitaires chimiques à cause du risque de maladies fongiques, contrairement aux cultures en bio.
D’autres produits alimentaires bio ont été rappelés pour diverses raisons. Parmi eux: du pain croustillant de quinoa d’Aldi, dont la teneur était trop élevée en oxyde d’éthylène, la salade du marché Naturaplan de Coop pour la présence de listeria, ou encore le souchet vendu par des drogueries et des pharmacies suisses, dans lequel on avait retrouvé des salmonelles.