La construction de centrales solaires et éoliennes d’importance nationale doit être accélérée. C’est l’avis d’une majorité au National qui est entré en matière jeudi sur une révision de la loi sur l’énergie. La droite dure plaide pour réintroduire le nucléaire.
Le Conseil fédéral veut donner un coup d’accélérateur à la production d'énergie renouvelable. A l’avenir, les cantons pourront recourir à une procédure concentrée d'approbation. Ils auront 180 jours pour rendre leur décision une fois le projet déposé.
Les autorisations cantonales et communales nécessaires pour la construction devront être délivrées en une seule fois afin d’éviter qu’un projet ne soit subdivisé en une succession d’étapes. Les tribunaux devront trancher dans un délai de 180 jours en cas de recours.
«Le parc éolien de Ste-Croix (VD), opérationnel depuis cette année, a mis 25 ans pour produire le premier KWh. On ne peut plus continuer comme ça», a déclaré Roger Nordmann (PS/VD). Une accélération des procédures est nécessaire pour la réussite de la transition énergétique, a renchéri Christine Bulliard-Marbach (Centre/FR).
Demander un renvoi du projet au Conseil fédéral comme le fait l'UDC revient à démonter le projet du Conseil fédéral. Face à une telle proposition venant de ses amis, le ministre de l'énergie Albert Rösti n'a plus rien à craindre de ses ennemis, a plaisanté Nicolò Paganini (Centre/SG).
Menace de référendum
Si on rouvre le dossier nucléaire ou si on restreint encore plus les droits de recours des organisations environnementales comme le demande la droite, on se dirige à coup sûr vers un référendum, a averti Delphine Klopfenstein Broggini (Vert-e-s/GE).
Le PLR reconnaît qu'il y a eu ces derniers mois des progrès en matière d'énergie renouvelable. Le projet complètera de façon judicieuse ces avancées, a relevé Matthias Samuel Jauslin (PLR/AG).
Mais il faut compléter le projet par une ouverture en faveur des centrales nucléaires. Il y aura de toute façon une décision populaire, donc un débat public, a-t-il assuré. Le projet ne résout pas le problème de la lacune de production en hiver, a ajouté Christian Imark (UDC/SO).
«Chevaux de Troie»
Mais le PVL a dénoncé des propositions ressemblant à des «chevaux de Troie». Les propositions du PLR et de l'UDC pour rouvrir la question du nucléaire n'ont rien à voir avec le projet du Conseil fédéral, a déclaré Martin Bäumle (PVL/ZH). «Si vous ne voulez pas développer le renouvelable et attendre pour construire des centrales nucléaires, le PVL rejettera le projet en bloc, ce qui reviendra à une mort clinique.»
Le ministre de l'Energie Albert Rösti a plaidé pour temporiser. Il ne s'agit pas ici de définir le mix énergétique pour 2040. Il faut d'abord voir l'apport des énergies renouvelables puis étudier ensuite si on a besoin des énergies nucléaires en complément, a déclaré le conseiller fédéral. «Aujourd'hui, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Soyons un peu plus modestes.»
Les députés sont finalement entrés en matière sur le projet. Ils ont balayé une proposition de non entrée en matière. Le renvoi au Conseil fédéral a également été rejeté par 129 voix contre 65. Le débat se poursuit.
(ATS)