Une décision historique
La COP28 appelle à une «transition» hors des énergies fossiles

Les pays du monde entier ont approuvé mercredi par consensus à la COP28 à Dubaï une décision appelant à une «transition» vers l'abandon des énergies fossiles. Cette décision a déclenché une ovation debout et de longs applaudissements.
Publié: 13.12.2023 à 08:56 heures
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Dernière mise à jour: 14.12.2023 à 06:18 heures
La COP28 a été présidée par l'Emirati Al Jaber. Il est également le patron de la compagnie pétrolière émirati Adnoc
Photo: keystone-sda.ch

Pour la première fois dans l'histoire des conférences sur le climat de l'ONU, les pays du monde réunis à Dubaï ont adopté mercredi, par consensus, une décision lançant ce que plusieurs pays ont qualifié de «début de la fin des énergies fossiles». Le projet appelle à une «transition» vers l'abandon des énergies fossiles, pour la première fois dans l'histoire des conférences sur le climat. «Nous avons une formulation sur les énergies fossiles dans l'accord final, pour la première fois», a souligné le président de la COP28, déclenchant de nouveaux applaudissements.

Sultan Al Jaber, des Emirats arabes unis, se vantait d'être le premier patron à présider une conférence de l'ONU sur le changement climatique, après 27 ministres ou diplomates. D'être le seul à pouvoir forger un compromis avec les pays du Golfe hostiles à renoncer à la manne pétrolière. Il avait promis à maintes reprises un accord «sans précédent» à Dubaï. C'est dans une ovation debout que les délégués des pays ont applaudi l'adoption de l'accord final mercredi, malgré les réserves de certains pays.

Le document, dont la publication a été attendue toute la nuit par des négociateurs privés de sommeil, propose pour la première fois dans l'histoire des conférences sur le climat des Nations unies de mentionner toutes les énergies fossiles, largement responsables du changement climatique, dans une décision à adopter par tous les pays.

Pas de «sortie» du pétrole

Le texte, dont chaque mot a été négocié par les Emiratis, appelle à «transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d'une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l'action dans cette décennie cruciale, afin d'atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques». L'appel à accélérer l'action dès la décennie en cours était une exigence de l'Union européenne et de nombreux autres pays. Mais il ne parle plus de «sortie» du pétrole, du gaz et du charbon, comme le réclamaient plus d'une centaine de pays.

Pour entrer dans l'histoire, ce texte de compromis, fruit de pénibles négociations entre notamment l'Union européenne, les petits pays insulaires, les Etats-Unis, la Chine et l'Arabie saoudite, devra être approuvé par près de 200 pays par consensus. Un seul pays peut objecter à l'adoption d'une décision à la COP, selon les règles de l'ONU Climat.


Sultan Al Jaber s'évertuait depuis plus de 24 heures à sauver une COP qu'il avait annoncée comme «un tournant», à même de préserver l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, adopté il y a huit ans: limiter l'élévation de la température mondiale à 1,5°C.

Le premier projet de texte émirati, lundi, avait suscité un tollé, faute d'appeler à la «sortie» des énergies fossiles, dont la combustion depuis le 19e siècle est largement responsable de l'élévation actuelle des températures mondiales de 1,2°C, par rapport à l'ère pré-industrielle.

«Nous progressons», avait déclaré mardi soir John Kerry, l'émissaire américain pour le climat, en se dirigeant vers une énième concertation. «De bon progrès» sont faits, abondait le ministre australien du Climat, Chris Bowen. Environ 130 pays (Union européenne, États insulaires, États-Unis, Brésil...) réclamaient un texte ambitieux envoyant un signal clair pour engager le déclin des énergies fossiles. À ce jour, seule la «réduction» du charbon avait été actée à la COP26 à Glasgow. Jamais le pétrole ni le gaz n'avaient été désignés.

Âpres négociations

Dans le projet d'accord des Emirats figure une reconnaissance du rôle joué par des «énergies de transition», allusion au gaz, pour assurer la «sécurité énergétique» des pays en développement, où près de 800 millions de personnes manquent d'accès à l'électricité.

Le texte contient de multiples appels liés à l'énergie: tripler les capacités d'énergies renouvelables et doubler le rythme d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici 2030; accélérer les technologies «zéro carbone» et «bas carbone», dont le nucléaire, l'hydrogène bas carbone, et le balbutiant captage et stockage du carbone, défendu par les pays producteurs de pétrole pour pouvoir continuer à pomper des hydrocarbures.

L'Arabie saoudite, le Koweït ou l'Irak étaient sur une ligne dure, refusant tout accord s'attaquant aux énergies fossiles qui font leur richesse. Depuis une conférence à Doha, le ministre koweïtien du Pétrole, Saad al-Barrak, a dénoncé mardi une «attaque agressive» de la part des Occidentaux. Certains des pays les plus favorables à une «sortie» du pétrole ont signalé qu'ils étaient prêts à sacrifier le terme, en échange d'engagements significatifs.

(AFP)

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