De nouvelles centrales nucléaires vont-elles bientôt faire partie du paysage suisse? Six ans seulement après que le peuple suisse a décidé de sortir du nucléaire, le PLR veut faire marche arrière et faire demi-tour à l'opposé du tournant énergétique.
Sur le nucléaire
Depuis 2017, en respect du vote pour une sortie du nucléaire, aucune nouvelle centrale n'a été construite sur le sol helvétique. Mais le PLR veut reprendre les travaux. Le parti a déposé une proposition visant à supprimer l'article de loi correspondant à l'interdiction de construction de centrales radioactives. Le Conseil national devrait se pencher sur cette proposition dès jeudi.
«La Suisse a le couteau sous la gorge»
Le parti libéral justifie sa motion en évoquant la pénurie d'électricité qui pourrait toucher la Suisse à l'avenir. «En matière d'approvisionnement énergétique, la Suisse a le couteau sous la gorge. Il nous manquera plus de la moitié de la production d'électricité d'ici 2050», argue le PLR Christian Wasserfallen, en charge de l'énergie au sein de son parti. Et d'ajouter: «Nous avons besoin de toutes les technologies possibles, y compris du nucléaire, pour avoir suffisamment d'électricité à l'avenir.»
Lors de la session d'automne dernier, l'UDC avait déjà déposé une intervention similaire qui avait marqué les esprits. Le PLR n'avait donné que trois voix au groupe allié. Mais l'ambiance a changé au sein des radicaux. Le président du PLR Thierry Burkart a évoqué dans la «NZZ» l'idée de nouvelles centrales nucléaires sur les sites existants.
Le Centre déplore le manque d'analyse
Au Parlement, le PLR peut espérer le soutien de l'UDC – pas grand chose de plus. Le PS et les Vert-e-s s'opposeront probablement à de nouvelles centrales nucléaires. Tout repose donc sur les épaules du Centre. En 2017, c'est justement la conseillère fédérale PDC de l'époque, Doris Leuthard, qui avait fait passer l'interdiction des centrales nucléaires. Il ne faut pas s'attendre à ce que le parti rompe avec cet héritage.
Le Centre décidera de l'avenir de la proposition du PLR lors de la séance du groupe parlementaire de mardi. Pour le centriste Nicolò Paganini, il est clair que l'on ne peut pas inscrire aussi facilement un nouvel amendement dans une loi par le biais d'une proposition. Une préparation approfondie et une large consultation s'imposent avant toute chose.
Mais Nicolò Paganini ne ferme pas non plus complètement la porte à la suggestion du PLR. «A chaque fois qu'un projet solaire ou éolien est stoppé dans les urnes ou devant les tribunaux, la question des centrales nucléaires revient sur le tapis», constate-t-il. «Mais avant de considérer les options, il faudrait procéder à une grande analyse de la situation et ne surtout pas agir à la va-vite.»