Tout change, rien ne change. L’inénarrable Claude Pottier refait parler de lui. Ce Valaisan a pour habitude de dire ce qu’il pense, parfois sans s’embarrasser d’arguments ou de preuves. En juillet, nous révélions que le candidat libéral-radical malheureux au Conseil d’Etat en 2017 multipliait les assertions complotistes sur Facebook à propos du Covid-19.
Pour mémoire, ce n'est pas le seul politicien qui a récemment embarrassé son parti sur cette thématique. La présidente du Centre neuchâtelois, Nathalie Schallenberger, et le porte-parole de la section, l'ancien chef du foot suisse Freddy Rumo, ont diffusé de fausses informations sur les vaccins contre le Covid jusqu'au Grand Conseil. Le parti national s'en était étonné.
Revenons à l’ancien chef du Service cantonal de la formation professionnelle, qui a quitté cette année ses fonctions pour prendre la direction du Centre suisse de la formation et de l’orientation professionnelles. Ce dernier vient de lancer un nouveau pavé dans la mare, toujours sur Facebook. Il distribue des baffes à tour de bras.
«Je quitte […] publiquement et officiellement le Parti libéral-radical (PLR) actuel, pour 'faux dans le titre' et soutiendrai à l’avenir celles et ceux qui luttent au quotidien pour les solidarités et les libertés dans et de notre pays», assène-t-il ce mercredi en conclusion d’un long texte, dans lequel il s’appuie sur le brillant parcours de son aïeul Adrien Felix Pottier.
Cette figure politique du XIXe siècle, avocat de profession, fut Grand châtelain du dizain de Monthey en 1841, député de 1847 à 1855 et conseiller national de 1848 au 26 juillet 1855. «Il s’est battu, sa vie durant, tant au niveau communal, cantonal que fédéral pour défendre les vraies valeurs libérales que sont entre autres les libertés, l’humanisme ou la solidarité, plaçant avant tout l’économie au service de l’homme», relate Claude Pottier, visiblement très remonté.
Le Valaisan s’étrangle: «Quelle désillusion de voir aujourd’hui ces valeurs qui ont fondé ce parti être totalement bafouées et négligées par de jeunes loups obnubilés par leur ascension politique personnelle et totalement ignares des fondements du parti dont ils se revendiquent.»
Toujours selon lui, «l’ultra-libéralisme et les visions liberticides de nombreux élus du PLR, réduisant l’être humain à un servile laquais de l’économie», seraient à l’opposé des valeurs fondamentales et fondatrices, «pour lesquelles nos ancêtres ont tout donné et souvent sacrifié leur propre vie».
Il enchaîne: «Non, je ne suis pas de ceux qui trahissent au quotidien la cause libérale et humaniste fondatrice et je ne me reconnais plus du tout dans cette posture néolibérale et déshumanisante, qui sacrifie l’homme sur l’autel de l’économie.»
Philippe Nantermod dans le viseur?
Mais à qui pense Claude Pottier lorsqu’il flingue les «jeunes loups» carriéristes et incultes de son désormais ancien parti? Apparement, le conseiller national valaisan Philippe Nantermod s’est senti visé, puisqu’il a commenté la publication de son ancien camarade avec un enjoué: «Merci!».
Le vice-président du PLR Suisse a-t-il pris les critiques pour sa pomme et lui répond-il de façon ironique? Ou le remercie-t-il sincèrement de quitter le parti après avoir enchaîné les fake news sur le Covid et défendu des positions à mille lieues de celles de la formation bourgeoise?
«C’est un merci très sérieux, rétorque à Blick Philippe Nantermod. Je pense qu’il est responsable et intelligent de quitter un parti que l’on déteste, avec lequel on n’a pas d’opinion commune et dont les élus vous déplaisent.» Le parlementaire tacle au passage son ex-camarade, en faisant un clin d’œil à son illustre ancêtre: «Vous savez, on n’hérite pas d’opinions politiques. Je salue donc la décision raisonnable de Monsieur Pottier.»
Pottier n’aurait pas été poussé dehors
Joint par téléphone, Florian Piasenta, président du PLR Valais, n’est pas plus tendre. «Je prends acte de la publication de Monsieur Pottier mais je n’ai vu passer aucune lettre de démission officielle, regrette-t-il. Je ne félicite pas notre ancien candidat au Conseil d’Etat, qui estime visiblement que Facebook est l’unique moyen de contact.»
Pour lui, Claude Pottier ne critique pas véritablement la ligne économique du PLR «qui n’a jamais changé» mais les positions du parti en lien avec la crise Covid. «La question de la vaccination peut diviser, et c’est d’ailleurs le cas au sein de tous les partis, argumente celui qui préside par ailleurs la commune de Salvan. Cependant, l’attaque à peine voilée contre Philippe Nantermod est déplacée. On peut l’aimer ou non, mais c’est un conseiller national qui fait de la politique avec des convictions pour les autres et non pas de la politique pour lui-même.»
Florian Piasenta certifie en outre que Claude Pottier n’a pas été poussé à la démission à la suite de ses propos complotistes. «C’est quelqu’un qui peut dire ce qu’il veut mais nous nous sommes tous distancés de ses allégations.»
Il bifurque: «Il se dit très radical et proche des gens mais je ne sais pas si on peut vraiment dire que cette description reflète la réalité.» Une allusion à sa photo de profil Facebook où il savoure un gros cigare, ce qui n'est pas vraiment un symbole populaire? «No comment, élude le président du PLR. Quant à notre ligne politique dans cette crise, elle a toujours été claire: nous voulons trouver des solutions pour que l’économie reparte.»
Le divorce est visiblement consommé entre Claude Pottier le PLR. Le haut fonctionnaire tentera-t-il prochainement de rebondir au sein de l’Union démocratique du centre, parti très critique vis à vis des mesures sanitaires depuis le début de la pandémie? Blick n'a pas réussi à joindre le principal intéressé pour lui poser la question.