«Nous avons la preuve que les principaux variants sont issus des vaccinés.» «Ce n’est pas une crise sanitaire [...], mais une crise politico-économique sciemment orchestrée.» Ces propos, qu'on prêterait spontanément à l'un des nombreux complotistes qui prêchent contre l'évidence scientifique sur les réseaux sociaux, sont pourtant issus d'une personnalité de premier plan.
Ils sont le fruit du haut fonctionnaire valaisan Claude Pottier, qui embarrasse jusqu'à sa hiérarchie. Sur Facebook, le chef du Service cantonal de la formation et de l’orientation professionnelles multiplie les contre-vérités scientifiques à propos du Covid-19 (lire encadré ci-dessous). Les commentaires cités en préanmbule, publiés ce lundi, cristallisent les tensions.
D'autant plus que, ce jour-là, l’homme faisait également allégeance au sulfureux Professeur français Didier Raoult, dont le protocole «empêche le 99,9% des patients soignés de devoir se rendre à l’hôpital». Mais, toujours selon lui, les politiques et les pharmas auraient décidé de ne privilégier que la piste des vaccins «au détriment des libertés individuelles et de la santé des gens». Rien que ça.
Tollé sur Twitter
Cette prise de position aux relents complotistes a suscité un tollé. «Démission», réclame un internaute sur Twitter. «Et ce n’est qu’une partie de l’iceberg», prétend un autre. Un petit tour sur le profil Facebook public de Claude Pottier, où il affiche sa fonction de chef du Service cantonal de la formation, démontre que ce n’est pas la première fois que le Valaisan défend de telles thèses. «Le scandale des vaccins se précise», écrivait-il par exemple le 17 juin dernier. «L’OFSP (Office fédéral de la santé publique, ndlr.) reconnaît l’immunité vaccinale de 12 mois alors que les premiers vaccins ont été inoculés il y a 6 mois... et n’admet pas l’immunité naturelle permanente des guéris du Covid. C’est tout bonnement du terrorisme sanitaire.»
Entremont Autrement a aussi réagit sur son blog. «Chacun est bien entendu libre de tenir les propos qu'il souhaite et de participer au débat public, écrit le mouvement politique de gauche. Cependant, est-il admissible qu'un haut fonctionnaire de l'Etat attaque directement 'les politiques' et diffuse de fausses informations sur les réseaux sociaux, alors que notre gouvernement mène une vaste campagne de vaccination? N'a-t-il pas un devoir de réserve?»
Dans tous les cas, les exemples litigieux sont légion sur le profil Facebook de Claude Pottier et n’ont visiblement pas inquiété le département. Jusqu’à aujourd’hui. «Je me distancie totalement de ces propos que je ne partage pas, écrit à Blick son supérieur, Christophe Darbellay, conseiller d’Etat en charge de la formation. Monsieur Pottier s’exprime ici à titre personnel. Il quittera ses fonctions à fin août. Il ne lui restera que quelques jours de travail au terme de ses vacances.»
Celui qui a été par ailleurs candidat PLR au Conseil d’Etat en 2017 lâche en effet son poste — qu’il occupe depuis 2006 — pour filer à Berne. Rien à voir avec la procédure disciplinaire qui avait été lancée contre lui après qu’il avait émis des critiques contre Christophe Darbellay en 2019, assurait-il à nos confrères de «Canal 9» en mai. Claude Pottier expliquait alors son départ par un nouveau défi professionnel de taille.
Une tâche compatible avec le complotisme?
Le Comité de la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) a nommé Claude Pottier à la tête du Centre suisse de la formation et de l’orientation professionnelles (CSFO). Il prendra ses nouvelles fonctions le 1er septembre. Sur mandat des cantons, le CSFO assume des tâches d’exécution et de développement dans les domaines de la formation professionnelle et de l’orientation professionnelle, universitaire et de carrière, peut-on lire sur le site internet de l’organe. Le Valaisan peut-il mener à bien sa mission alors qu’il remet frontalement en cause le consensus scientifique et qu’il défend des thèses qui n’ont aucun fondement? A-t-il un devoir de réserve à respecter?
Contacté par Blick, le secrétariat général de la CDIP ne prend pas position. «Les déclarations de Claude Pottier ne s’inscrivent pas dans le cadre de son nouveau poste de directeur du CSFO, écrit dans un courriel Stefan Kunfermann, chef de l’unité communication. La CDIP ne commentera pas les déclarations en question.» Le principal intéressé, quant à lui, n'a pas pu être joint ce mardi.
Claude Pottier croit dur comme fer aux solutions du Professeur Raoult. Le haut fonctionnaire Valaisan écrit sur Facebook que le protocole du scientifique français est «un traitement anti-Covid qui existe et empêche 99.9% des patients soignés de devoir se rendre à l'hôpital». Le futur directeur du Centre suisse de la formation fait allusion à l’hydroxychloroquine qui, en combinaison avec l’azithromycine, constituerait un traitement efficace contre le Covid-19.
C'est un article de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, dont Didier Raoult est le directeur, qui l'affirmait. Cependant, cette étude a été largement critiquée à l’époque pour ses failles méthodologiques, rapportait «Heidi.news». Depuis, de multiples études ont montré, «avec un niveau de preuve élevé», que ces médicaments n’ont pas d’impact positif sur la guérison de Covid-19.
Autre assertion problématique, Claude Pottier prétend que «nous avons la preuve les principaux variants sont issus des vaccinés». C'est faux. Cette théorie a notamment été propagée par Luc Montagnier, ancien Prix Nobel de Médecine. Pourtant, «aucune publication scientifique ne permet de corroborer cette thèse», assure «RTBF», dans un sérieux fact-checking. Une enquête détaillée à lire ici.
Claude Pottier croit dur comme fer aux solutions du Professeur Raoult. Le haut fonctionnaire Valaisan écrit sur Facebook que le protocole du scientifique français est «un traitement anti-Covid qui existe et empêche 99.9% des patients soignés de devoir se rendre à l'hôpital». Le futur directeur du Centre suisse de la formation fait allusion à l’hydroxychloroquine qui, en combinaison avec l’azithromycine, constituerait un traitement efficace contre le Covid-19.
C'est un article de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, dont Didier Raoult est le directeur, qui l'affirmait. Cependant, cette étude a été largement critiquée à l’époque pour ses failles méthodologiques, rapportait «Heidi.news». Depuis, de multiples études ont montré, «avec un niveau de preuve élevé», que ces médicaments n’ont pas d’impact positif sur la guérison de Covid-19.
Autre assertion problématique, Claude Pottier prétend que «nous avons la preuve les principaux variants sont issus des vaccinés». C'est faux. Cette théorie a notamment été propagée par Luc Montagnier, ancien Prix Nobel de Médecine. Pourtant, «aucune publication scientifique ne permet de corroborer cette thèse», assure «RTBF», dans un sérieux fact-checking. Une enquête détaillée à lire ici.