Réforme de l'AVS
Le Centre commence à perdre patience avec les syndicats

Aucune réforme de l'AVS n'a été adoptée depuis plus de 20 ans. La gauche ne veut rien entendre de l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes, malgré des mesures compensatoires décidées par la droite. Du côté du Centre, un certain agacement se fait sentir.
Publié: 23.09.2021 à 19:14 heures
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Dernière mise à jour: 23.09.2021 à 19:23 heures
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Sur l'AVS, le Centre et Gerhard Pfister adoptent une nouvelle approche.
Photo: Keystone
Camilla Alabor (texte), Alexandre Cudré (adaptation)

Non, non et toujours non. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les dernières tentatives de réforme de l’AVS et de la prévoyance professionnelle n’ont pas trouvé grâce aux yeux des votants.

Et peu importe que les propositions proviennent de la droite (comme en 2004 et 2010) ou que la gauche soit impliquée, comme lors du dernier vote de septembre 2017, elles sont toutes rejetées.

Les conséquences du refus de 2017

Dans ce dernier cas, le Centre (alors le PDC) avait rompu avec les partis de droite et conclu un accord avec le PS. La réforme Prévoyance vieillesse 2020 avait néanmoins été boudée par le peuple, tandis que le PLR et l'UDC s'opposaient catégoriquement au supplément prévu de 70 francs. Quant à la gauche, elle s’opposait — et s’oppose toujours — fermement au relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans.

Nouvelle tentative

Devant la nécessité de trouver une solution face à une population vieillissante et au déficit des assurances sociales qui menace de s'envoler, les partis bourgeois se lancent dans une nouvelle tentative. Si la situation reste la même, le trou dans les caisses sera de 3,7 milliards de francs en 2030, selon des estimations. En 2031, il pourrait même être de 5,3 milliards.

L’UDC, le PLR, le Centre et les Vert’libéraux ont fini par se mettre d’accord pour une solution à court terme. L’objectif d’assurer l’avenir de l’AVS à long terme n’a pour autant pas été fixé. Les partis de droite lui préfèrent une mini-réforme avec l’augmentation de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes. Des mesures supplémentaires ne seront abordées que dans un deuxième temps.

La droite est prête à compenser généreusement l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à faibles revenus. Cette semaine, le Conseil des Etats a approuvé des suppléments de 240 francs par mois pour la génération transitoire.

Opposition des syndicats

Les syndicats, peu impressionnés par la compensation, ont d’ores et déjà annoncé le lancement d’un référendum contre l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. Samedi dernier, les manifestants sur la Place fédérale ont donné un signal clair. La résistance sur ce dossier sera solide.

Cela suscite néanmoins l’incompréhension des politiciens plus à droite, en particulier ceux du Centre. Ce parti est en effet celui qui a le plus activement recherché le consensus avec la gauche.

L’agacement du Centre

«J’ai l’impression que le montant du supplément n’a pas d’importance et que les syndicats s’opposeront à l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes quoi qu'il arrive», commente, dépité, Erich Ettlin, conseiller aux Etats.

Au Conseil national, c’est la députée argovienne Ruth Humbel qui s’insurge. Elle rappelle que les syndicats étaient tout à fait disposés à aligner l’âge de la retraite des femmes sur celui des hommes dans le cadre de la Prévoyance vieillesse 2020. Elle dit avoir beaucoup de mal à comprendre ce refus de la gauche.

«Le problème auquel nous nous attaquons, c’est le déficit des pensions des femmes dans le deuxième pilier, explique-t-elle. Dans le cadre de l’AVS, les femmes font cependant partie des bénéficiaires. Rejeter cette réforme avec comme argumentaire une insuffisance de leurs rentes est malhonnête.»

Gerhard Pfister se dit confiant

Les chances d’arriver à faire passer une votation sur ce thème vont-elles enfin aboutir? Une réforme de l’AVS à laquelle la gauche s’oppose est-elle capable d’obtenir une majorité?

Le président du Centre Gerhard Pfister se dit confiant. «Je pense que l’idée de fixer l’âge de la retraite à 65 ans pour les hommes comme les femmes est en passe d’obtenir le soutien de la majorité en Suisse, dit-il. À condition que la proposition soit socialement équilibrée et que les revenus plus faibles soient compensés.»

La situation est différente

C’est bien le cas de la proposition actuellement examinée par le Conseil fédéral. La situation initiale est également différente de celle de 2017: «Cette fois, tous les partis bourgeois soutiennent la réforme.»

Cette dernière n’a pas encore été finalisée. Mais les points essentiels ont été fixés: une adaptation de l’âge de la retraite à 65 ans et des suppléments pour les générations transitoires à faibles revenus.

Le projet trouvera-t-il une majorité au sein du peuple? Réponse à cette question l’année prochaine. Ce qui est certain, c’est que l’opposition des syndicats ne se relâchera pas.

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